« On a les noms, comptez sur moi pour venir vous chercher » : Macron met un gros coup de pression aux bancassureurs pour financer la tech en crise

Devant les entrepreneurs et investisseurs de la French Tech réunis à l'Elysée, Emmanuel Macron a sérieusement remonté les bretelles des investisseurs institutionnels qui se « carapatent » au lieu de financer la tech en crise. « J'inviterai ceux qui n'ont pas mis d'argent dans Tibi 2 car on a besoin de vous maintenant », a-t-il lancé aux bancassureurs. Le gouvernement cherche au moins 6 milliards d'euros dans le cadre de Tibi 2, la suite du plan d'investissement 2019-2022 dans les startups, porté par l'économiste Philippe Tibi.
Sylvain Rolland
On a les noms de ceux qui n'ont pas encore mis d'argent dans Tibi 2. Comptez sur moi pour venir vous chercher a promis Emmanuel Macron aux investisseurs institutionnels.
"On a les noms de ceux qui n'ont pas encore mis d'argent dans Tibi 2. Comptez sur moi pour venir vous chercher" a promis Emmanuel Macron aux investisseurs institutionnels. (Crédits : JOHANNA GERON)

Emmanuel Macron était colère contre les investisseurs institutionnels et ne s'est pas privé pour le faire savoir. Devant la French Tech réunie à l'Elysée lundi 20 février, le chef de l'Etat a sérieusement remonté les bretelles des bancassureurs. Leur crime de lèse-majesté : ne pas encore avoir investi, ou alors pas suffisamment, dans « Tibi 2 », le nouveau plan de soutien financier aux startups en préparation depuis des mois. Celui-ci est censé prendre la suite de l'initiative portée par l'économiste Philippe Tibi en 2018, qui visait à démultiplier le financement de la tech en mobilisant les investisseurs institutionnels.

Agacé par la « frilosité » des bancassureurs dans un contexte de crise inédite pour le secteur, Emmanuel Macron s'est lancé en milieu de discours dans une tirade particulièrement rentre-dedans :

« On est trop lents sur le fonds Tibi 2. Je sens trop de frilosité chez nos copains de Tibi 1. Donc avis à tous les financeurs institutionnels, on a besoin de vous. Il faut faire plus et vous savez quoi ? Il ne faut pas attendre que ça aille mieux pour le faire. C'est maintenant. Car moi, si j'avais attendu la fin de l'épidémie Covid pour vous aider, il n'y aurait pas la moitié des gens qui sont dans cette salle. Donc quand c'est dur, il faut prendre un peu plus de risques. Tibi 2, j'inviterai ceux qui n'ont pas mis d'argent. Certains sont déjà engagés, c'est ceux qui sont venus aujourd'hui. Je sais que beaucoup n'ont pas pu venir en disant "on est en vacances", c'est en fait ceux qui sont en train de se carapater. On a les noms. Comptez sur moi pour venir vous chercher avec tout le gouvernement car on a besoin de fonds », a-t-il lancé, récoltant une salve d'applaudissements de la French Tech.

Lire aussiFinancement des startups : un « Tibi 2 » d'au moins 6 milliards d'euros dans les tuyaux pour 2023

Les bancassureurs refroidis par le risque

Le premier « plan Tibi », piloté en sous-main par le chef de l'Etat et ses conseillers, qui avaient sollicité eux-mêmes les patrons des grandes banques et assurances françaises, avait permis de récolter 6 milliards d'euros pour financer les étapes d'hyper-croissance des startups et leur entrée en Bourse. Avec l'effet levier, c'est 30 milliards d'euros qui ont été investis dans la tech française entre 2019 et 2022 grâce à ce plan.

Mais « Tibi 1 » est terminé, et le président de la République voulait embrayer dès janvier 2023 avec son successeur, « Tibi 2 », comme l'avait révélé La Tribune en septembre dernier.

Son idée : pousser les bancassureurs à investir au moins autant, soit 6 milliards d'euros, pour continuer l'effort de financement sur les étapes d'hyper-croissance des startups, mais aussi soutenir l'amorçage quelque peu en difficulté depuis l'an dernier, ainsi que les deeptech, qui relèvent d'un enjeu de souveraineté pour la France et qui manquent cruellement de financements.

Problème : la crise économique et géopolitique -guerre en Ukraine, tensions sur l'approvisionnement, crise de l'énergie, remontée des taux d'intérêts et de l'inflation- a rebattu les cartes. Les investisseurs institutionnels sont moins enclins à financer l'innovation, par définition plus risquée et avec des retours sur investissements plus lointains. Par conséquent, « Tibi 2 » ne se remplit pas aussi vite que prévu.

Lire aussiEmplois, revenus, domination parisienne... ce qu'il faut retenir de l'édition 2023 du Next40 et du French Tech 120

Tibi 2 devait être bouclé en fin d'année 2022 mais ne cesse de prendre du retard

D'après nos informations, Emmanuel Macron souhaitait annoncer ce nouveau plan d'investissement -l'Elysée espérait jusqu'à 10 milliards d'euros à l'origine- en fin d'année dernière, puis en janvier au plus tard, pour « prendre le relais » de Tibi 1 qui s'est achevé fin 2022. Mais mars pointe son nez et les investisseurs institutionnels traînent toujours la patte :

« C'est difficile d'annoncer pour Tibi 2 moins d'argent que pour Tibi 1, car cela créerait un effet déceptif », nous confie une source. « Donc ça fixe le plancher à 6 milliards d'euros, qui ne sont déjà pas évidents à trouver en période de crise. Surtout, il faudrait en fait bien davantage, car avec la chute des valorisations et des levées de fonds qui va nous tomber dessus au premier semestre 2023, il ne faut pas lâcher l'effort sur le financement des gros tours de table et il faut aussi soutenir l'amorçage qui est un peu fragilisé », poursuit ce proche du dossier.

D'où le ton étonnamment rentre-dedans, très sarkozien, d'Emmanuel Macron devant la French Tech. Reste à savoir si la remontrance aura l'effet escompté et si le chef d'Etat pourra enfin annoncer, dans quelques semaines, un plan « Tibi 2 » conforme à ses ambitions.

Lire aussiLevées de fonds : la French Tech surnage dans une Europe en chute libre

Sylvain Rolland

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Commentaires 30
à écrit le 23/02/2023 à 17:50
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On se doutait que cette première joute à l’Assemblée nationale allait être difficile. Au final c’est un zéro pour le gouvernement. Le Sénat ne fera pas davantage de cadeau. C’est très mal parti. De plus les opposants ont de quoi faire, y compris ...

à écrit le 23/02/2023 à 8:46
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Quand macron fait du sarkozy , avec l'inefficacité que l'on connait. Cela ne fait plus rire malheureusement.

à écrit le 22/02/2023 à 8:21
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Cette façon de parler d'une autorité publique me choque et salie la fonction que cette personne occupe. Il serait bon que, au lieu de se servir (utilisation massive de cabinets de conseil étranger dans lesquels travaillent ses amis par exemple), il s...

le 22/02/2023 à 8:47
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chantage , menace , insulte c'est comme cela depuis six ans. mais pour decide de baisser la tva ont reporte sur un producteur la baisse pour culpabilisé encore plus l'entreprise et sa direction mais rien de sa part voila l'illusioniste m macron ...

à écrit le 22/02/2023 à 6:46
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Attention Mr le président, vous devenez menaçant comme Mr Poutine, Les caisses de l'état sont vides de votre fait. Le quoi qu'il en coûte serait terminé " selon Bruno Lemaire, mais sur les 6 derniers mois, vous avez continué à faire des chèques ...

à écrit le 22/02/2023 à 5:26
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Rien ne vaut le capitalisme familial

à écrit le 21/02/2023 à 20:26
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"qui se « carapatent » au lieu de financer la tech en crise." Pourtant la licorne tibi elle est toute mignone ? La Tech qui levée des millions, il y a encore quelques mois est en crise ! Je comprends Mr le banquier avec quelque chose d'aussi volat...

à écrit le 21/02/2023 à 19:38
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Il veut nous faire une version française de la crise des subprimes ? En forçant les banques à prêter à des personnes qui ne pourront pas rembourser ? Qu'il baisse donc le coût du travail, les perspectives des entreprises emprunteuses deviendront d'au...

à écrit le 21/02/2023 à 18:37
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Bonjour, Comme toujours l'ons nous rabâche l'avantage des font de pension, mais lorsque qu'ils y a une arnaque... Tous l'argenté des travailler est perdu ... Donc , personnellement je ne trouve pas acceptable de placé tous les cotisations des travai...

à écrit le 21/02/2023 à 18:16
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des sous des sous il a tout boufffe le Macron preparons vite une quete nationale

à écrit le 21/02/2023 à 16:08
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il faut etre logique. si on veut du capital risuqe, il faut des fonds de pension. et donc de la capitalisation. et donc reduire les cotisations sociales des actifs afin qu ils puissent capitaliser. et si moins de cotisations, il faut baisser les pens...

le 21/02/2023 à 19:06
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Encore un commentaire anti -retraités ! A l’origine de tous les maux,pour vous.Que vous ont-ils fait?

le 22/02/2023 à 8:51
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@Fg "Encore un commentaire anti -retraités ! " Faut dire que sur la réforme des retraites ,c'est bien une grosse partie des retraités actuels qui souhaitent que les générations suivantes se tapent 64 ans dans les sondages,non ?. Anti-actifs les...

le 22/02/2023 à 12:54
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lui vas t'il attendre 64ans pour reclamer la pension d'ancien president .

à écrit le 21/02/2023 à 14:13
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La contrainte n'apporte pas la nécessaire adhésion pour faire fleurir une belle idée..

à écrit le 21/02/2023 à 14:13
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De la com pur jus pour les crédules. Il raconte ce que son auditoire souhaite entendre. Dans 4 ans, il sera hors jeu et son parti sera mort. Les bancassureurs "frileux" peuvent jouer la montre.ou investir... si l'état concède quelques avantages . ...

le 21/02/2023 à 15:15
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Oui, mais, heureusement, d'autres partis, qui auront démontré au Parlement leur inutilité, aussi. Vos choix actuels seront sans doute à actualiser.

à écrit le 21/02/2023 à 14:01
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"tibi 1" ... "tibi2" ... c'est quoi ça ? ... jamais entendu parler ... ça se passe sur la planète Mars ? ... y'a des méchants qui veulent pas " financer les pertes " ... a bon ? ... vous en connaissez beaucoup qui veulent financer les pertes vous ?...

le 21/02/2023 à 17:29
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Non ! Moi non plusz, je n'en connais pas, ce qui peut se comprendre ! Et avec en plus "on a les noms", c'est d'un ridicule achevé.!

le 21/02/2023 à 18:24
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"ça se passe sur la planète Mars ? " C'est à la mode : Inflation : « Il n’y aura pas de mars rouge », assure Bruno Le Maire

à écrit le 21/02/2023 à 12:48
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Quelle crédibilité peut il avoir ? Des coups de menton médiatique ne font pas une politique mais un sauve qui peut ! Au lieu d'être logique, il force la main en inversant le procédé !

à écrit le 21/02/2023 à 12:46
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le jeunot devrait aller prendre des cours d'analyse financiere au lieu de brailler; bon, evidemment, c'est papa hollande qui lu a appris l'economie, et la finance est son ennemi....il n'a qu'a demander a tout ce bon peuple de gauche de financer tous ...

le 21/02/2023 à 14:06
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"cours d'analyse financière ...." Euh ! inspecteur des finances recruté comme banquier d'affaire par la banque Rothschild ! Et vous quel est votre parcours ?

le 22/02/2023 à 8:15
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soyez pas inquiet, je suis plus diplome que vous!!! c'est un litteraire, meme si ca ne vous plait pas......j'avais discute avec des gens qui avaient travaille avec lui, et il est tres intelligent, meme si les francais le detestent; bon, apres c'est u...

à écrit le 21/02/2023 à 12:37
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Il va faire quoi notre jovial parrain, il va leur envoyer ses sbires pour leur casser les os des mains? Les soumettre a sa volonté? On comprends mieux sa vision de l'état comme ça. Bon, quand on voit les gentils vautrages des boites dites 'high tech"...

le 21/02/2023 à 12:56
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"il va leur envoyer ses sbires pour leur casser les os des mains?" Benalla ?

le 21/02/2023 à 17:59
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1) il a fait l'ENA comme presque tous les dirigeants actuels de banques privées 2) le gouverneur de la banque France a fait l'ENA 3) l'Etat (et donc le gouvernement) peut tout à fait être coercitif vis à vis des bancassureurs, il suffit de pousser un...

à écrit le 21/02/2023 à 12:31
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"Problème : la crise économique et géopolitique -guerre en Ukraine, tensions sur l'approvisionnement, crise de l'énergie, remontée des taux d'intérêts et de l'inflation- a rebattu les cartes." Bref, l'arroseur arrosé

à écrit le 21/02/2023 à 12:28
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Pipeau intégral. C'est l'incendiaire qui crie au feu! Il vient de la Banque Rothschild et c'est la haute finance qu'il sert dans sa politique financiarisée à outrance et c'est la Haute finance qui a financé ses 2 campagnes électorales. Macron=un pl...

à écrit le 21/02/2023 à 12:28
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Pipeau intégral. C'est l'incendiaire qui crie au feu! Il vient de la Banque Rothschild et c'est la haute finance qu'il sert dans sa politique financiarisée à outrance et c'est la Haute finance qui a financé ses 2 campagnes électorales. Macron=un pl...

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