Les startups cyber fragilisées par le Covid mais 2021 s'annonce record

L'étude annuelle du cabinet de conseil Wavestone avec Bpifrance dénombre 150 startups dans le domaine de la cybersécurité en France, en très légère baisse sur un an. En concurrence frontale avec les géants mondiaux de la cyber, la plupart d'entre elles ont été négativement impactées par la crise du Covid, mais le nombre de scale-up cyber augmente nettement et la reprise s'annonce forte.
Sylvain Rolland
(Crédits : DR)

Année en demi-teintes pour l'écosystème français de la cybersécurité. A l'occasion du salon VivaTech, le cabinet de conseil Wavestone a présenté, mercredi 16 mai, la cinquième édition de son étude annuelle sur les startups cyber hexagonales, en collaboration pour la première fois avec Bpifrance.

Premier constat : malgré l'explosion de la menace cyber pour les entreprises et les particuliers, renforcée par les confinements et le télétravail, il n'y a pas eu d'effervescence en terme de créations d'entreprises cyber entre mai 2020 et mai 2021 -les dates de l'étude- en France. L'écosystème compte aujourd'hui 150 startups, soit à peine un peu moins que l'an dernier (152). 19 nouvelles pépites ont vu le jour l'année écoulée, contre 18 l'année d'avant.

Cette stabilité se remarque aussi au niveau des levées de fonds : 100 millions d'euros levés sur l'année écoulée, comme l'année précédente, même si les toutes dernières levées de Ledger en début de semaine (380 millions de dollars) et de Yousign la semaine dernière (30 millions d'euros) seront comptabilisées pour l'étude de l'an prochain.

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Difficile de signer des contrats pendant le Covid

Au final, les performances de l'écosystème cyber sont comparables à celles de l'écosystème global de la French Tech en 2020 : le montant des levées de fonds a stagné par rapport à 2019 sous l'impact de la crise sanitaire, les startups ont globalement souffert mais résistent.

"Le deuxième semestre 2020 a été difficile car 50% des startups nous ont déclaré avoir souffert du Covid sur le volet commercial", indique Gérôme Billois, partner chez Wavestone. Et 30% d'entre elles ont également retardé leur levée de fonds en attendant la reprise de l'économie. "Les startups cyber font face de manière habituelle à des cycles de vente très longs, de six mois, neuf mois ou davantage, car leurs clients sont des grands groupes qui sont difficiles à bouger rapidement", poursuit l'expert. Et même si la crise du Covid "a ouvert les yeux des dirigeants sur les risques cyber", cela ne s'est pas traduit par une explosion des achats auprès des startups.

"Les grands groupes qui étaient en retard ont rapidement investi mais ils ont privilégié des solutions fournies par des leaders du marché plutôt que des startups. Et ceux qui avaient déjà investi ont voulu réduire les coûts sans baisser leur niveau de protection : les solutions cyber ont été parmi les cibles d'économies, il y a eu une grosse pression sur les prix et des négociations plus difficiles", ajoute le consultant.

Conséquence : la crise du Covid a engendré 10 liquidations, contre maximum 3 les années précédentes. Il est plus difficile de trouver son marché dans un contexte économique aussi incertain et tendu comme celui de 2020, qui a vu certains investisseurs retirer leur soutien.

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L'année 2021 s'annonce record

Malgré tout, Gérôme Billois préfère voir le verre à moitié plein. "Il y a une stagnation c'est certain, mais il y surtout eu une consolidation du secteur", argue-t-il. En plus des 150 startups cyber identifiées, Wavestone compte également 10 scale-up, c'est-à-dire des startups en hypercroissance, qui ont dépassé un certain niveau d'employés et de chiffres d'affaires -en l'absence de critères consensuels, Wavestone les a fixés à la moitié de ceux du French Tech 120-. Soit 7 de plus qu'il y a un an. CybelAngel, star de l'écosystème cyber français, fait même partie de la promotion 2021 du Next40, la sélection des 40 pépites les plus prometteuses de la French Tech. Et des startups comme Tehtris, Sekoia ou encore EfficientIP sont également promises à un bel avenir.

L'année écoulée a également été marquée par deux acquisitions majeures : les startups Sqreen et Alsid ont été rachetées respectivement par DataDog et Tenable, des sociétés américaines. "Ces acquisitions ont suscité pour certains un sentiment d'inachevé et une frustration de voir des entreprises cyber françaises se faire racheter par des Américains, mais ces opérations démontrent aussi à la fois l'excellence et le potentiel des Français dans le domaine, et l'attractivité des solutions françaises à l'échelle internationale", se rassure Gérôme Billois.

Quoi qu'il en soit, les voyants sont au vert pour 2021 et au-delà. La levée de fonds massive de Ledger (380 millions de dollars en juin), devenue la quinzième licorne française fait d'ores et déjà passer un cap à l'écosystème français de la cyber, même si cette pépite se situe à la croisée de la cyber et de la finance avec son portefeuille sécurisé de crypto-actifs.

Surtout, l'annonce, en février dernier, de la stratégie cyber de l'Etat, qui prévoit d'injecter un milliard d'euros dans l'écosystème cyber d'ici à 2025 et de créer 40.000 nouveaux emplois -contre 37.000 à ce jour- devrait donner un net coup d'accélérateur à la filière, dont les premiers effets devraient être perçus dès l'an prochain.

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Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 17/06/2021 à 11:19
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Mauvais bilan d'abord et avant tout donc puisque notre prsident veut des start ump à 100 milliards ! Ça part mal ! Et c'est pas la multiplication des petites startup qui aide.

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