Plan « Tibi 2 » : Macron obtient 7 milliards d'euros des bancassureurs pour financer la tech

Le président de la République a sécurisé 7 milliards d'euros de financements nouveaux auprès des investisseurs institutionnels, pour financer l'hyper-croissance des startups et notamment dans les secteurs de la deeptech et de l'énergie. Avec l'effet de levier, l'Etat espère mobiliser entre 35 et 40 milliards d'euros sur trois ans.
Sylvain Rolland
(Crédits : Viva Tech)

Ce fut long et difficile, mais Emmanuel Macron y est parvenu : en visite au salon VivaTech, organisé par Publicis, le chef de l'Etat a enfin annoncé la deuxième génération du Plan Tibi, du nom de l'économiste Philippe Tibi qui avait proposé, en 2018, l'idée de mobiliser davantage les investisseurs institutionnels pour financer l'hyper-croissance des startups, alors un vrai point faible.

Après 6 milliards d'euros récoltés pour « Tibi 1 » auprès des bancassureurs pour la période 2019-2022, l'Elysée a cette fois obtenu 7 milliards d'euros à déployer sur trois ans auprès des mêmes acteurs. L'objectif : poursuivre et amplifier l'effort de financement des startups, d'autant plus qu'elles vivent en ce moment une crise de financement qui impacte leur capacité à grossir. Une nouvelle génération de fonds Tibi 2 va émerger dans les secteurs les plus capitalistiques de la tech et notamment la deeptech [les innovations de rupture, Ndlr] et l'énergie. Des fonds seront également alloués vers d'autres secteurs stratégiques (notamment les startups industrielles) et ne serviront pas uniquement à financer l'hyper-croissance et l'entrée en Bourse : une partie des fonds Tibi devrait être allouée pour aider l'amorçage, a indiqué Emmanuel Macron sans plus de détails.

Si le montant de Tibi 2 est supérieur à l'investissement originel, il reste une déception. Comme l'avait révélé La Tribune en septembre 2022, l'objectif de l'Etat était d'obtenir 10 milliards d'euros de la part des investisseurs institutionnels. Emmanuel Macron n'a pu en obtenir que 7, et avec six mois de retard, mais il assure que son objectif est bien d'arriver jusqu'à 10 milliards d'euros.

Lire aussi« On a les noms, comptez sur moi pour venir vous chercher » : Macron met un gros coup de pression aux bancassureurs pour financer la tech en crise

Accouchement difficile

Si « Tibi 2 » est annoncé si tardivement, près de six mois après la fin de « Tibi 1 », c'est parce qu'Emmanuel Macron et Bercy ont eu toutes les peines du monde à récolter l'argent. La chute des valorisations tech depuis l'an dernier a renforcé la frilosité des investisseurs, ce qui a conduit à une chute brutale des levées de fonds des startups. De leur côté, les investisseurs institutionnels, qui financent les fonds de capital-risque et capital-investissement, sont moins intéressés par la tech, perçue comme plus risquée à la fois à cause de la crise du secteur, mais aussi du contexte macroéconomique, avec la remontée des taux d'intérêts des banques centrales, l'inflation forte qui menace les budgets de la transformation numérique des entreprises, et la percée des investissements pour la transition énergétique.

Initialement, le gouvernement comptait dévoiler Tibi 2 dès le dernier trimestre 2022, pour que le nouveau plan prenne la suite du premier sans interruption, dès janvier 2023, comme l'avait révélé La Tribune fin septembre. Face à l'impasse, l'annonce a été retardée "de quelques semaines", pendant en fait plusieurs mois. Si bien qu'Emmanuel Macron s'est permis une remontrance publique le 20 février dernier à l'égard des investisseurs institutionnels, accusés de se « carapater » au moment où« il faudrait prendre plus de risques » pour soutenir la tech en crise. « Je sens trop de frilosité chez nos copains de Tibi 1 [...]. On a les noms. Comptez sur moi pour venir vous chercher car on a besoin de fonds », avait alpagué le chef de l'Etat face à un parterre d'entrepreneurs et d'investisseurs de la French Tech.

Un autre facteur, plus politique, a aussi retardé l'annonce : la réforme des retraites. « Alors que toute la France était dans la rue parce que l'Etat ne veut pas financer l'augmentation du coût des retraites, il aurait été très malvenu d'annoncer dans ce contexte des investissements massifs pour les startups », nous confie une source proche du dossier.

Lire aussiL'argent privé, la grande faiblesse du financement des deeptech en France

Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 14/06/2023 à 20:15
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" Tibi 2 " Une nouvelle série pour les gosses sur Gulli

à écrit le 14/06/2023 à 19:13
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Et collé 600 milliards de dettes à la France sur la seule période fake covide! Et sans compter le reste.. F Asselineau "Pour ceux qui s’étonnent encore de la manière un peu particulière de Macron de dépenser l’argent des Français, c...

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