Ynstant prouve qu'on peut encore innover dans le covoiturage

Créée en septembre 2021 par Lancelot Salomon, Maxime Guigon et Théophile Adenot, la start-up, lauréate du programme Propulse de l'Agence de l'innovation pour les transports, a lancé une application en mars 2022. Le but ? Créer un réflexe chez les conducteurs pour qu'ils partagent spontanément tous leurs trajets du quotidien, afin de prendre des passagers en chemin. Une façon de faire évoluer les comportements - et bien sûr, de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
(Crédits : Istock)

Il a quitté son petit village de l'Isère pour intégrer HEC, mais Lancelot Salomon n'a pas oublié son enfance. Pas de transports publics, là-bas. Et sans voiture, on est coincé... Mais « c'est surtout l'autosolisme qui nous a motivé, Maxime Guigon et Théophile Adenot, mes associés, alors à Polytechnique, et moi. Les voitures personnelles représentent 60 % des émissions totales de CO2 dues au transport routier en Europe et le taux d'occupation moyen n'est que de 1,6 personne par voiture. Avant de passer au tout électrique, il faut d'abord rendre les trajets du quotidien plus efficaces. La transition écologique passe forcément par un changement de comportement », dit-il.

Celui des conducteurs, d'abord, qui voyagent si souvent en solo. Certes, il existe des sites de covoiturage, en particulier pour les longs trajets, mais la majorité des conducteurs les jugent trop contraignants pour un usage quotidien. Comment faire pour conjuguer covoiturage et flexibilité ? Et pour qu'à chacun de leurs déplacements, même courts, même au dernier moment, les conducteurs publient une annonce pour prévenir qu'ils peuvent emmener quelqu'un ? Les trois étudiants planchent sur un nouveau concept. Ce sera Ynstant.

Après six mois de développement, l'application, fondée sur un algorithme de matching (rapprochement de l'offre et de la demande), est lancée en mars 2022. Elle est simple - « il suffit de deux clics pour publier un trajet », précise Lancelot Salomon. Et efficace : « Les conducteurs sont payés 3 euros par trajet avec passager (ce dernier payant cette somme), et de 5 à 10 centimes d'euros (crédités sur le compte qu'ils auront créé) même s'ils ne trouvent personne », poursuit-il, le but étant en effet de valoriser la publication d'un trajet et de récompenser cette nouvelle façon de faire afin de l'ancrer dans les habitudes du quotidien.

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Propulse, des infos et du réseau

« Notre sélection par Propulse prouve que l'on peut encore innover dans le covoiturage », enchaîne-t-il. Initié en 2021 par l'Agence de l'innovation pour les transports (AIT), le but de ce programme est d'accélérer l'innovation dans les mobilités et d'accompagner les lauréats. « Cela nous donne accès à des informations très importantes, sur l'évolution de la réglementation et sur les différentes subventions liées à l'écologie et aux économies d'énergie, ainsi que sur le plan covoiturage 2023 (en complément des collectivités, un soutien gouvernemental aux covoitureurs, d'ailleurs reconduit le 14 décembre, mais pour les seuls trajets du quotidien). De quoi nous permettre d'adapter notre stratégie », se réjouit-il. Et bien sûr, les équipes de l'AIT mettent aussi leur carnet d'adresses à disposition des porteurs de projet sélectionnés. « Nous nous occupons des aspects techniques et du développement du logiciel, mais en ce qui concerne les 'affaires publiques', l'Agence nous apporte un soutien unique et irremplaçable », dit-il. C'est d'ailleurs grâce au réseau de l'AIT que les trois start-uppers ont pu rencontrer les responsables de la Région Ile-de-France et nouer un accord en septembre dernier. Un passager d'Ile-de-France muni d'un passe Navigo ne paie rien au conducteur, car c'est la Région qui s'en charge (et verse une petite commission à la plateforme). De même, le conducteur reçoit une prime de 120 euros pour ses dix premiers covoiturages, grâce aux subventions prévues par le Gouvernement (certificats d'économies d'énergie). « Ce premier accord avec l'Ile-de-France nous met en avant auprès d'autres régions. Nous avons d'ailleurs déjà des contacts », se félicite Lancelot Salomon.

L'international après les JOP 2024

La start-up, qui ne compte pour l'instant, outre les trois associés, qu'un salarié en CDI et un stagiaire, a bien l'intention de déployer sa solution partout en France, via des partenariats comme celui conclu avec l'Ile-de-France, puis, après les Jeux olympiques et paralympiques de 2024, en Europe, là où le covoiturage est le plus mature, et ensuite, dans le reste du monde... D'autant que, « grâce à Propulse, nous sommes retenus pour participer à la vitrine des innovations dans les mobilités, qui se déroulera pendant la période des JOP 2024. Nos travaux de statistiques et de matching en lien avec la Région Ile-de-France, laquelle aura une tâche très compliquée en matière de mobilité durant les Jeux, vont nous faire progresser et l'aider elle aussi », indique le jeune dirigeant.

Ynstant a déjà des résultats à présenter. Plus de 100 000 trajets ont été publiés sur l'application depuis son lancement et plus de 10 000 covoiturages ont été réalisés. Pour renforcer le logiciel de matching, l'intégrer dans les systèmes de géolocalisation, accroître les volumes d'annonces de trajets supportés par l'application et se lancer à l'assaut de l'Europe, la jeune pousse compte faire une levée de fonds au début 2024. Lancelot Salomon est confiant. « Quelques investisseurs nous ont déjà rejoints au cours des derniers mois », dit-il. D'autres devraient suivre...

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