Bientôt un Roboat à l'Île-Saint-Denis

La commune de l'Île-Saint-Denis qui abritera avec les communes de Saint-Denis et de Saint-Ouen le village olympique, verra aussi l'arrivée d'un bateau autonome qui reliera les deux berges de la Seine. Développé aux Pays-Bas en partenariat avec l'entreprise française Sequana Développement, ce bateau autonome est déjà en test à Amsterdam. Dans le cadre d'un appel à projets pour la mise en œuvre de démonstrateurs de bateaux décarbonés et à navigation automatisée, le Roboat a été retenu par Voies navigables de France, en association avec l'Agence de l'innovation pour les transports.
(Crédits : DR)

Plus rapide et moins cher que la construction d'un pont ou même d'une passerelle, plus écologique, plus « expérienciel », « plus élégant », en somme : c'est ainsi qu'Olivier Jamey, président et cofondateur de la société Sequana Développement, décrit le Roboat. Six années de recherche ont été nécessaires pour parvenir à ce résultat ;, le bateau autonome a tout d'abord été conçu par les équipes du Computer Science and Artificial Intelligence Laboratory au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à Boston puis développé par un constructeur naval, le néerlandais Holland Shipyards, en partenariat avec Sequana Développement.

Le projet de ce consortium a été sélectionné, en décembre 2022, dans le cadre d'un appel à projets lancé par Voies navigables de France (VNF), en association avec l'Agence de l'innovation pour les transports (AIT). Cet appel à projets visait à la mise en œuvre de démonstrateurs de bateaux décarbonés à navigation automatisée et, de façon plus générale, la mise en avant de l'innovation dans le transport fluvial.

Imprimé en 3D

De fait, le Roboat « cumule les innovations », précise Olivier Jamey. A propulsion 100 % électrique, il permet une navigation autonome presque totale (de niveau 4), même si la réglementation impose un équipage à bord de ce bateau de 9 mètres par 3,50. Le Roboat peut transporter jusqu'à 12 passagers dans le cadre de la réglementation en vigueur.

« Il a une autre spécificité, celle d'avoir été imprimé en 3D, de la coque à l'habillage. Cela a même été un record du monde en matière d'impression 3D dans la construction navale. De plus, tous les matériaux peuvent être recyclés et réutilisés, enchaîne Olivier Jamey. Le Roboat est parfaitement dans l'air du temps. » Alors que le monde de la navigation fluviale est perçu comme « assez traditionnel », ce bateau nouvelle génération vient donc bousculer les habitudes.

Tester le système d'autonomie

Actuellement en test dans un bassin dédié à l'innovation à Amsterdam, pour éprouver son système d'autonomie, le Roboat sera utilisé lors des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) 2024 : il opérera près du village olympique et reliera le parc départementale de l'Île-Saint-Denis à la commune d'Epinay-sur-Seine, un peu en aval. « Un seul bateau suffira, poursuit le dirigeant de Sequana Développement. Comme pour un ascenseur, les passagers pourront l'appeler et le bateau viendra automatiquement s'amarrer à quai ».

Depuis que les élus locaux le long de la Seine savent que L'Île-Saint-Denis accueillera ce bijou technologique, nombreux sont ceux qui contactent Sequana Développement pour en savoir plus sur cette solution. « Ils doivent raisonner de manière différente en ce qui concerne les infrastructures, explique le dirigeant. Les administrés sont de plus en plus sensibles à l'impact environnemental de gros ouvrages, aux nuisances, dont le bruit, et au coût. ». Par son autonomie future, lee Roboat allège aussi les difficultés en matière de ressources humaines et de recrutement de pilotes spécialisés. « On peut aussi imaginer un télépilotage, à distance. Un système qui pourra séduire les jeunes générations. Et pour les passagers, passer le fleuve en bateau est une expérience bien plus agréable que de traverser un pont », conclut-il.

Écrire une nouvelle réglementation

Cependant, les différents chapitres réglementaires qui permettront d'aboutir à un fonctionnement totalement autonome du Roboat restent encore à écrire... C'est là qu'entrent en scène les équipes de l'AIT qui devraient aider Sequana Développement à débroussailler le terrain réglementaire pour aboutir à un fonctionnement opérationnel de ce type de bateau à l'avenir.

Enfin, les JOP 2024 offriront une vitrine de choix au consortium retenu par VNF. Comme pour la réglementation, Sequana Développement veut  procéder par étapes. Avant de se lancer dans une conquête internationale, la société vise d'abord la France. « Sur la Seine, il y a déjà beaucoup de possibilités », assure Olivier Jamey.

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