FinX, à la pointe d'une nouvelle mobilité nautique, bio-inspirée

Harold Guillemin a transposé une technologie initialement conçue pour les pompes industrielles, inspirée du mouvement des nageoires des poissons. Ce projet de premier moteur de bateau sans hélice, 100% électrique, pour les petites embarcations et les voiliers jusqu'à trois tonnes, a été retenu lors de l'appel à innovations mobilités « Jeux olympiques et paralympiques 2024 ». Portrait.
(Crédits : DR)

Mimétisme et... bio-mimétisme. Le père, Erik Guillemin, a fondé la société AMS R&D, pour développer et exploiter Wavera, une technologie de propulsion de fluides à membrane ondulante, qui s'inspire du déplacement ondulatoire des animaux marins, pour permettre la réalisation de pompes à haut rendement. Révolutionnaire, la technologie est protégée par une quinzaine de brevets. Mais si le fils, Harold, a imité le père en créant sa propre société, FinX, en 2019, après avoir travaillé dans l'entreprise familiale pendant cinq ans, à l'issue de ses études d'ingénieur à l'ESME Sudria, il a voulu se démarquer. Pourquoi les bateaux devaient-ils être propulsés avec des moyens si peu naturels ? se demandait ainsi ce parisien d'origine bretonne, qui a pratiqué la voile pendant toute son enfance.

Il a donc décidé d'adapter la technologie sur les moteurs de bateaux et de voiliers. Et il est intarissable lorsqu'il s'agit d'en vanter les mérites. « D'abord, les économies d'énergie, grâce à cette technologie, sont significatives  jusqu'à 30% dans le domaine des pompes industrielles. Dans le domaine de la propulsion, on s'attend à une économie similaire, grâce aux flasques et à la taille des membranes, qui seront optimisées. Ensuite, la sécurité maximale : le moteur fonctionne sans de dangereuses hélices. Enfin, la robustesse : alors que des algues ou des filets de pêche peuvent endommager les hélices, rien de tel avec notre système », énumère-t-il.

Révolutionnaire, unique au monde, respectueuse de l'environnement - elle ne pollue pas et ne fait pas de bruit - la solution proposée par FinX a séduit. D'abord, un grand nom de la mer, Loïck Peyron, « qui est devenu notre parrain car il a vraiment cru en cette technologie », indique Harold Guillemin, mais aussi Hervé Gastinel, ancien PDG du groupe Beneteau et dirigeant de la compagnie de croisières Ponant. « Beneteau est leader mondial. Ponant est l'un des grands de son secteur. Ces spécialistes ont une bonne vision du marché et ils complètent notre jeunesse », poursuit le jeune homme de 30 ans. Ensuite, les investisseurs.

3 millions d'euros à lever

Fin 2019, la start-up a réussi à lever, en moins de six mois, un total de 900 000 euros, notamment auprès d'une trentaine de business angels. « Nous avons réussi à transmettre notre passion et nous avons une preuve de concept », dit modestement le chef d'entreprise, qui a embauché plusieurs scientifiques et commerciaux depuis le début de l'aventure. L'équipe compte actuellement 10 personnes.

FinX a été lauréate 2020 du prix 10 000 startups pour changer le monde, de La Tribune. Elle a aussi été récompensée par le concours d'innovation i-Lab, la même année et reçu 250 000 euros de subvention, de même qu'un PGE, ensuite. Aujourd'hui, « nous y sommes presque, enchaîne Harold Guillemin. Nous développons notre moteur de cinq chevaux pour de petites embarcations dans notre labo du 20è arrondissement, à Paris, et nous sommes également incubés à CentraleSupelec ». Selon lui, si cette technologie peut propulser des voiliers jusqu'à trois tonnes, « elle n'a pas de limite. Et elle peut être utilisée bien au-delà de la navigation de plaisance. Après tout, les petits poissons comme les baleines bleues de 180 tonnes se meuvent avec des nageoires »...

Pour passer la technologie à une échelle plus grande, FinX compte lever 3 millions d'euros d'ici la fin de l'année, afin de développer un moteur électrique de 150 chevaux. Dès 2022, la jeune pousse compte s'attaquer au marché européen, puis s'internationaliser davantage. « Nous voulons également prouver que la mobilité verte fluviale est possible », poursuit-il. D'ailleurs, dans le cadre de l'appel à innovations mobilités « Jeux olympiques et paralympiques 2024 », il a proposé d'équiper cinq bateaux sur la Seine de ses moteurs, made in France. Pas étonnant qu'Harold Guillemin ait aussi séduit le jury de France Mobilités !

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