Qu'elles viennent des transports en commun, des industriels, des smartphones... les données en matière de mobilité affluent. Mais encore faut-il les rassembler, les lire, les croiser, pour pouvoir en tirer parti et en faire un levier de l'innovation. C'est ce que s'emploie à faire l'université Gustave Eiffel, dans le cadre de programmes et équipements prioritaires de recherche. En clair, il s'agit de trouver des outils méthodologiques pour « structurer intelligemment et mettre à disposition les données de la manière la plus lisible et efficace possible, de même que d'accompagner à l'usage de ces données », indique Corinne Blanquart, vice-présidente de l'université Gustave Eiffel. Un chantier de taille...
« Des milliards de données arrivent en temps réel tous les jours dans les MaaS » (ndlr : mobility as a service, ces bouquets de services de mobilité complets permettant d'aller d'un point A à un point B), abonde Laurent Briant, P-dg de Mobility Metrix, une start-up qu'il a fondée l'an dernier. Sa proposition ? « Entraîner des modèles de machine learning pour mieux comprendre la mobilité sur le terrain dans l'objectif ultime de décarboner », résume-t-il. Une plateforme SaaS, en somme, qui s'adresse aux opérateurs, aux entreprises et aux collectivités locales, pour les aider à collecter les données et les organiser afin de définir leurs politiques de mobilité.
Autre avancée, le logiciel RH de la pépite 1km à pied, qui calcule les trajets en voiture, mais aussi en transports en commun des salariés, pour ensuite proposer des solutions. Il s'agit par exemple d'« identifier tous les salariés automobilistes qui pourraient se déplacer autrement qu'en voiture », explique Laure Wagner, fondatrice de la jeune pousse. En outre, pour le compte de grands groupes disposant des sites multiples, 1km à pied identifie les flux actuels pour établir quels collaborateurs pourraient faire exactement le même travail - mais sur un site plus près de chez eux. Le chiffre est surprenant : « Pour 65 % des salariés de nos clients multi-sites, il y a un lieu de l'entreprise qui se situe plus près de chez eux », avance la jeune dirigeante. Avec une économie potentielle à réaliser, en moyenne, de quelque 18 km... De quoi susciter l'intérêt des entreprises, notamment depuis les crises successives et le bouleversement des rapports au travail, et faire décoller la jeune pousse.
Eviter les traînées de condensation
La donnée transforme aussi des domaines plus « classiques ». C'est ainsi le cas de l'aviation, secteur en pleine transition numérique et environnementale. « L'avion est un système de systèmes et de sous-systèmes. Le moteur moderne est constitué de centaines de capteurs mesurant un grand nombre de paramètres qui sont récupérés par le constructeur et qui permettent de faire un suivi continu, en vue, par exemple, de la maintenance prédictive », indique Nicolas Cazalis, directeur général adjoint de l'Ecole nationale de l'aviation civile. Au-delà de l'avion, c'est tout le système aérien et aéroportuaire qui est concerné. « Dans un aéroport, il y a une multitude d'acteurs - des compagnies, la police aux frontières... et la donnée est un vrai outil pour optimiser leur coordination et leur fonctionnement », développe-t-il.
Le contrôle aérien est un autre champ où la donnée trouve sa pertinence. Exemple, l'analyse de données radar pour les avions à l'approche d'un aéroport afin d'identifier les trajectoires anormales. Sans oublier l'émergence d'outils permettant d'adapter les plans de vols en fonction des données météorologiques pour réduire les traînées de condensation, lesquelles contribuent au réchauffement climatique... Autant d'illustrations qui confirment la place prépondérante des données dans l'innovation, au cœur des mobilités de demain.
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