Une application pour lutter contre la délinquance et le harcèlement dans les transports en commun

Lauréats du programme d'accompagnement Propulse lancé par l'Agence de l'innovation pour les transports, Fabrice Fussy et Caroline Picard ont développé App'ISIS, un nouvel outil de saisie des faits d'insécurité mis prochainement à disposition des exploitants des services de transport, un peu partout en France.
(Crédits : DR)

Caroline Picard, désormais en poste à la direction des mobilités routières au sein du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et Fabrice Fussy, aujourd'hui adjoint au chef du pôle Innovation à l'Agence de l'innovation pour les transports (AIT) sont, en plus de leurs fonctions, des intrapreneurs. De fait, c'est au sein de la direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM), où ils officient, qu'ils ont eu l'idée de développer un nouvel outil de saisie des faits d'insécurité qui serait mis à la disposition des exploitants des services de transport.  S'il existe déjà des applications pour les usagers, qui peuvent ainsi faire état d'un incident les concernant, un tel dispositif n'existait pas pour les exploitants des services de transport jusqu'à la conception de cette nouvelle application. Concrètement, l'application permettra aux agents, principalement ceux qui sont au contact du public comme les conducteurs, contrôleurs, agents de sûreté/prévention, d'accueil..., de signaler les faits de délinquance qu'ils constatent ou qui sont portés à leur connaissance par les voyageurs en temps réel ou a posteriori, notamment pour les conducteurs.

Si les deux opérateurs historiques, RATP, SNCF, ainsi que ceux des grandes métropoles, ont, grâce à diverses études internes, de même qu'avec l'analyse d'incidents rapportés à la police ou à la gendarmerie, une perception claire des faits de délinquance, « la grande majorité des réseaux de transport ne disposent pas de système de recensement des faits de délinquance et de harcèlement », précise Fabrice Fussy. Une cartographie plus complète, va leur permettre d'agir davantage, pour le bien-être de tous. En outre, « la nouvelle application donnera la possibilité, au sein de quelque 500 réseaux en France, des bus urbains aux cars scolaires, d'intégrer les données au fichier national ISIS (Intégration Standardisée des Informations de Sûreté), tout en prenant des initiatives au niveau local », ajoute-t-il.

La nouvelle base de données ainsi constituée permet d'établir un diagnostic fiable, et, à l'aide d'un tableau de bord, de décider ensuite de la mise en place et du suivi des actions de prévention adaptées. De façon pragmatique, cela peut aller d'un meilleur éclairage, le soir, pour certains arrêts de bus, à des services de descente à la demande dans des quartiers considérés comme peu sûrs, pour éviter la marche à pied, surtout la nuit, en passant par la formation des agents et des campagnes renforcées de sensibilisation. Certaines de ces initiatives, et en particulier les services de descente à la demande, ont d'ailleurs été lancées par l'observatoire national de la délinquance dans les transports, au sein du ministère des Transports, dirigé auparavant par Fabrice Fussy.

De nouveaux développements grâce à Propulse

« Nous avions déjà développé un prototype en interne, qui fonctionnait sur PC et tablette, mais l'appel à projets Propulse, auquel nous avons candidaté, nous donnait la possibilité de passer à une application disponible sur smartphone », enchaîne Caroline Picard. Plus facile d'accès, donc, pour les opérateurs des transports, partout en France. Être lauréats du programme d'accompagnement Propulse leur a ainsi permis d'élaborer le nouvel outil pendant près de 18 mois avec des développeurs et d'autres spécialistes en interne, d'autant que, contrairement aux autres bénéficiaires, start-uppeurs ou entrepreneurs, les intrapreneurs du ministère des Transports bénéficient d'une enveloppe financière. Et les deux initiateurs ont d'ores et déjà pu présenter leur solution à diverses occasions : VivaTech et Forum de l'AIT, notamment, ainsi qu'aux Rencontres nationales du transport public.

« Sans Propulse, App'ISIS n'aurait pas pu voir le jour. Cela a été une formidable opportunité pour nous, agents à la DGITM. Le programme nous a permis non seulement de nous stimuler intellectuellement, en échangeant avec des experts de la donnée et du design, voire de nous 'challenger', car ils nous posaient les bonnes questions, mais aussi d'aller plus vite dans la réalisation du projet », estiment Fabrice Fussy et Caroline Picard.

Premières expérimentations en région

Également co-construite avec les acteurs du transport, l'application sera prochainement expérimentée sur quatre réseaux pilotes en région, sur des territoires urbains et interurbains. Une fois l'expérimentation achevée, l'application sera accessible à tous les réseaux de transport qui le souhaitent.

Si cet outil ne sera pas utilisé dans les villes où des compétitions sportives auront lieu lors des Jeux olympiques et paralympiques 2024, les deux intrapreneurs le présenteront toutefois aux acteurs de l'écosystème des transports, français et étrangers grâce à la vitrine de l'innovation dans les mobilités qui se tiendra pendant la période olympique. Autant dire qu'App'ISIS pourrait vite devenir une évidence, aussi bien pour les opérateurs de transport dans l'Hexagone qu'ailleurs dans le monde...

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Commentaire 1
à écrit le 26/04/2024 à 9:40
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Nous avons un problème beaucoup plus grand que cela ! Quand nous autres à la campagne on entend depuis des décennies que des femmes se font violer dans le métro, sans que les répliquants ne réagissent, se font agresser dans les transports en commun e...

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