Comment Twitter s'adapte à l'ère du son et des messages éphémères

Twitter a lancé mardi ses "fleets", des messages qui disparaissent au bout de 24 heures, et prépare le lancement de diverses fonctionnalités, de l'audio au direct. Mais ces nouveaux formats entraînent de nouveaux défis conséquents pour la modération des contenus, qui est déjà l'un des talons d'Achille de Twitter.
Mardi 17 novembre, le réseau social a lancé aux Etats-Unis ses fleets ou pensées fugaces, des messages éphémères qui disparaissent au bout de 24 heures.
Mardi 17 novembre, le réseau social a lancé aux Etats-Unis ses "fleets" ou "pensées fugaces", des messages éphémères qui disparaissent au bout de 24 heures. (Crédits : MIKE BLAKE)

Voilà qui devrait donner un sacré coup de jeune à Twitter. Mardi 17 novembre, le réseau social a lancé aux Etats-Unis ses "fleets" ou "pensées fugaces", des messages éphémères qui disparaissent au bout de 24 heures. L'objectif : pousser les millions de "timides", les utilisateurs qui ont un compte mais tweetent peu, à s'exprimer davantage. L'expérience menée depuis mars au Brésil, en Inde et dans certains autres pays semble avoir été concluante. "Les gens se sentent plus à l'aise pour partager des choses qui leur viennent à l'esprit, des opinions, des sentiments", a indiqué Joshua Harris, directeur du design, lors d'une conférence de presse. "Vous pouvez copier-coller un tweet dans un fleet, en ajoutant un commentaire ou pas, en sachant qu'il ne restera que 24 heures". A moins, évidemment, de réaliser une capture d'écran du "fleet" qui peut ainsi être partagé n'importe où.

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Twitter très en retard sur ses concurrents sur l'audio et les messages éphémères

La plateforme arrive après ses rivales. Les fleets ressemblent aux "stories", les éphémères vignettes visuelles créées par Snapchat en 2013. Ultra populaires, elles ont déjà été copiées sur les différentes plateformes de Facebook, comme Instagram, et, plus récemment sur LinkedIn (Microsoft). "Cela peut donner l'impression qu'on entre un peu tard dans la partie, mais nous avons voulu être consciencieux et explorer le format", a justifié Joshua Harris.

Twitter travaille également au lancement en 2021 de tweets vocaux ("voice tweets"). Ces messages audio sont testés depuis juin sur les iPhones, notamment par des marques. Le déploiement a pris du retard, Twitter ayant décidé de ne pas les généraliser avant d'avoir mis au point les transcriptions automatiques, pour ne pas exclure les personnes malentendantes. "Parfois, 280 caractères, ça ne suffit vraiment pas. Et parfois ce n'est pas la bonne façon de communiquer", a résumé Maya Gold Patterson, designer. Son équipe a exploré l'hypothèse selon laquelle "entendre l'empathie, l'émotion et la nuance dans la voix de quelqu'un pourrait aider les personnes à se connecter entre eux différemment".

A côté des fils de tweets et de fleets, le groupe californien voudrait en outre un jour proposer des "espaces audio" de discussion, un peu comme des "dîners organisés par de très bons hôtes", où "chacun peut facilement prendre part à la conversation", même sans connaître les autres participants, a expliqué Maya Gold Patterson. Un projet qui évoque les "Messenger Rooms" de Facebook, qui permettent de retrouver ses amis dans des sortes de salons virtuels et informels, en vidéo, ou encore Clubhouse, une application de conversations audio lancée sur invitation dans la Silicon Valley, au printemps.

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Défis de modération

Là encore Twitter veut prendre son temps, pour s'assurer que ces espaces ne souffrent pas des dérives et de l'incivilité dont souffrent régulièrement les échanges écrits. "Nous allons lancer cette expérimentation avec un tout petit groupe d'utilisateurs, appartenant à des catégories qui subissent de façon disproportionnée ces abus, des femmes et des personnes marginalisées", a détaillé la designer.

Effectivement, la modération des contenus écrits pose déjà de sacrés problèmes à Twitter. Le réseau des gazouillis s'attire régulièrement les foudres d'associations et de politiques qui le considèrent trop ou pas assez sévère avec les messages violents ou haineux. Il est notamment largement associé au phénomène de la "cancel culture", c'est-à-dire la capacité des foules en lignes à ternir l'image de marques, célébrités ou inconnus dont les actes ou propos sont jugés insultants par des internautes.

Twitter a rappelé ses efforts pour pacifier le débat, avec la possibilité de cacher les commentaires offensants et les incitations à lire un article avant de le partager juste sur la foi du titre. "Ca marche", s'est félicitée Christine Su, cheffe de produit. "40% de personnes en plus ont lu le contenu avant de le propager". Les algorithmes permettent aussi désormais de "retirer 50% des tweets qui enfreignent les règles avant même qu'ils soient signalés".

Elle a annoncé que son entreprise planchait sur d'autres façons "d'aider les gens à être plus respectueux et gentils", comme des notifications "coup de coude" pour rappeler à quelqu'un de mieux se comporter, ou encore la possibilité de présenter des excuses en privé.

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Commentaire 1
à écrit le 18/11/2020 à 8:45
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ILs ont fait quand même un sacré gros ménage, ils partaient det rès loin, à savoir le support d'expression de l'extrême droite mondiale, à un réseau social à peu près normal. Jamais je ne pensais qu'ils le feraient, d'ailleurs ils ont vachement t...

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