Twitter retire le badge bleu des comptes certifiés pour inciter à l’abonnement payant

Après avoir annoncé mercredi le retrait des badges bleus à tous les comptes qui ne paieraient pas un abonnement de huit dollars par mois, le réseau social a mis sa menace à exécution en cette fin de semaine. De très nombreux comptes de personnalités publiques ont ainsi perdu leur certification. Objectif affiché, permettre à Twitter de générer davantage de revenus.
Le badge bleu de certification est à présent réservé aux utilisateurs qui payent un abonnement à huit euros par mois à Twitter.
Le badge bleu de certification est à présent réservé aux utilisateurs qui payent un abonnement à huit euros par mois à Twitter. (Crédits : DADO RUVIC)

Le couperet est tombé. Conformément à la promesse de son nouveau patron, Elon Musk, Twitter facture désormais les personnalités publiques pour qu'elles gardent leur statut de compte certifié sur Twitter. Ce vendredi, plusieurs personnalités ont donc vu le badge bleu, signifiant que leur compte est authentique et vérifié, disparaître. Sont notamment concernés le Pape, Donald Trump, Beyoncé, Justin Bieber, Cristiano Ronaldo, Bill Gates ou encore Jack Dorsey, le créateur et ex-PDG de Twitter.

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 « Twitter verified », le compte de l'abonnement payant à Twitter Blue, avait prévenu mercredi 19 avril que le réseau social retirerait le lendemain les badges bleus obtenus gratuitement avant qu'Elon Musk ne rachète l'entreprise, fin octobre. « Pour rester authentifiés sur Twitter, les individus peuvent s'abonner à Twitter Blue ici », avait précisé le compte officiel. La menace a donc été mise à exécution ce vendredi.

Du côté des politiques, beaucoup d'élus ont aussi perdu le précieux sésame. En revanche, certains ont obtenu dans la foulée le coche gris, réservé aux comptes du gouvernement ou de certaines organisations. C'est le cas de Kevin McCarthy, le patron des républicains à la Chambre américaine des représentants.

Elon Musk met la main à la poche pour certains

Le badge bleu signale désormais uniquement que l'utilisateur d'un compte paie huit dollars par mois. Cette distinction offre d'autres avantages de « Twitter Blue » : plus de visibilité, des privilèges techniques, moins de publicités, etc.

« Je sais qu'on va me juger parce que j'ai le coche bleu, mais tant pis, j'ai besoin du bouton pour éditer mes tweets », a tweeté Marques Brownlee, un créateur de contenus suivi par 6 millions d'utilisateurs.

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Parmi les vagues de retraits de badge bleu, certaines personnalités se sont étonnées d'avoir conservé leur accréditation, comme l'auteur à succès Stephen King, suivi par 7 millions de personnes.

« Mon compte Twitter dit que j'ai souscrit à Twitter Blue. C'est faux. Mon compte Twitter dit que j'ai donné un numéro de téléphone (pour l'authentification, ndlr). C'est faux », a-t-il déclaré sur la plateforme jeudi.

« Je vous en prie, namaste », lui a répondu Elon Musk.  Le patron a indiqué dans un autre tweet qu'il « payait personnellement pour quelques abonnements ».

Les médias perdent leurs certifications

Twitter a aussi supprimé les controversées mentions « média affilié à l'Etat » et « média financé par des fonds gouvernementaux » des pages de grands médias comme l'Américain NPR ou le Canadien CBC, a constaté vendredi l'AFP en vérifiant plusieurs comptes sur la plateforme.

« Les médias affiliés à un État sont définis comme des médias, dont le contenu éditorial est contrôlé par cet État par le biais de ressources financières, de pressions politiques directes ou indirectes et/ou d'un contrôle sur la production et la distribution », pouvait-on lire sur le centre d'aide de Twitter.

« Les organisations de médias financées par un État et dotées d'une indépendance éditoriale, comme la BBC au Royaume‑Uni ou NPR aux États‑Unis, ne sont pas définies comme des médias affiliés à un État aux fins de cette politique », poursuivait ce texte.

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Plusieurs comptes de médias occidentaux, de Russie, de Chine et d'autres pays qui portaient cette mention ne l'ont plus, selon ces constatations. Outre NPR et CBC, l'agence officielle chinoise Xinhua (Chine nouvelle) ou le russe RT ne portaient plus cette mention à 6 heures GMT. Plusieurs médias, à l'instar de NPR la semaine dernière ou de la radio publique suédoise Sveriges Radio (SR) cette semaine, avaient décidé de quitter la plateforme pour protester contre ces mentions, rajoutées dans le cadre de la nouvelle politique déployée par la plateforme depuis son rachat par Elon Musk.

A la recherche de nouvelles sources de financement

Si Twitter avance à toute vitesse sur la monétisation des comptes certifiés, c'est parce que l'entreprise en a besoin. Le rachat de Twitter par Elon Musk en octobre 2022, et ses multiples rebondissements n'auront pas été sans conséquence. Sa valorisation a fondu comme neige au soleil. Selon un document interne consulté par plusieurs médias américains fin mars, le nouveau propriétaire du réseau social estime sa valorisation à 20 milliards de dollars, contre 44 milliards il y a cinq mois au moment de l'acquisition du réseau social par l'entrepreneur.

Une perte financière importante, due en partie à la fuite des annonceurs. D'après Platformer, le chiffre d'affaires publicitaire (qui représente 90% de ses revenus) de Twitter sur la région EMEA (Europe et Moyen-Orient) était en chute de 15% en 2022 par rapport à 2021. Les engagements hebdomadaires se sont même effondrés de 49%. A l'origine de cette dégringolade, la fuite des annonceurs. D'après l'ONG Media Matters, 50 des 100 plus gros annonceurs mondiaux ont arrêté (ou annoncé qu'ils allaient arrêter) leurs dépenses sur Twitter depuis la prise de pouvoir de Musk. Le manque à gagner pour le réseau social serait de 317 millions de dollars.

Mais dans un document interne, Elon Musk dit entrevoir « un chemin difficile, mais clair » vers une valorisation du groupe autour de 250 milliards de dollars, sans mentionner d'échéance. « Mais maintenant que les annonceurs reviennent, il semble que nous allons arriver à l'équilibre au deuxième trimestre » 2023, a indiqué le directeur général et actionnaire majoritaire de Twitter.

(Avec AFP)

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