La Commission européenne met la pression sur Tiktok pour qu’il se conforme aux nouvelles règles en vigueur

Mardi, le patron de ByteDance, la société mère du réseau social Tiktok, a rencontré plusieurs commissaires européens pour discuter avec eux des travaux que la société devrait accomplir pour avoir le droit d’exercer en Europe et ne pas être sanctionné par la Commission. L’application est notamment accusée d’inciter les adolescents à la dépendance et d’espionnage pour le compte du gouvernement chinois.
Tiktok veut montrer sa bonne fois aux autorités européennes dans l'espoir de ne pas être sanctionné dans le futur.
Tiktok veut montrer sa bonne fois aux autorités européennes dans l'espoir de ne pas être sanctionné dans le futur. (Crédits : Mike Blake)

Le réseau social star des adolescents, Tiktok, tente de convaincre les autorités européennes de sa bonne foi face aux critiques qui pleuvent sur ce dernier. Mardi, Shou Zi Chew, le PDG de ByteDance a rencontré la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, ainsi que ses collègues Vera Jourova, chargée des valeurs et de la transparence, et Didier Reynders, commissaire à la Justice, à Bruxelles. Cette réunion, organisée à la demande de ByteDance, la maison mère de Tiktok, visait à discuter de « la protection des données personnelles, la sécurité des mineurs, la transparence sur les contenus politiques rémunérés, et la diffusion sur TikTok de la désinformation russe », a indiqué Vera Jourova.

Après la rencontre, la commissaire de la transparence a appelé l'entreprise à « faire un effort supplémentaire (...) pour regagner la confiance des régulateurs européens (...) Il ne peut y avoir aucun doute sur la sécurité des données des utilisateurs européens, le fait qu'elles ne soient pas exposées à un accès illégal d'autorités de pays tiers ». Soucieux d'apporter des gages, Shou Zi Chew a assuré à la Commission européenne que TikTok travaillait à « renforcer la sécurité des données d'usagers en Europe, notamment en établissant en Irlande un centre de données pour ses activités européennes », a indiqué sur Twitter un vice-président du groupe, Theo Bertram.

Lire aussiSous la pression de TikTok, Instagram se transforme à marche forcée

Les problèmes et les critiques s'accumulent pour Tiktok

La plateforme chinoise est critiquée pour l'addiction qu'il suscite chez enfants et adolescents par des élus et des associations. Ce réseau social est l'équivalent du « fentanyl numérique », a affirmé le député républicain Mike Gallagher, l'une des principales voix anti-chinoises au Congrès, comparant l'application à la drogue ayant causé de nombreux décès par overdose aux Etats-Unis. « C'est très addictif et destructeur et nous voyons des données troublantes sur l'impact dévastateur de l'utilisation constante des réseaux sociaux, en particulier sur les jeunes hommes et femmes américains », a-t-il déclaré à NBC News.

Lire aussiRéseaux sociaux: les succès de TikTok et de Snapchat sonnent-ils le début de la fin pour l'empire de Mark Zuckerberg?

Aux Etats-Unis, une loi interdit son utilisation sur les appareils des fonctionnaires, des élus l'accusant d'être un outil d'espionnage et de propagande au service de la Chine, sur fond de tensions entre Pékin et Washington. L'ancien président Donald Trump avait même tenté d'interdire le réseau social sur le territoire américain en accusant la plateforme d'espionner les Américains pour le compte du gouvernement chinois. ByteDance fait aussi l'objet d'une enquête de l'autorité irlandaise de protection de la vie privée qui soupçonne l'entreprise d'enfreindre la législation européenne sur la protection des données (RGPD) en matière de traitement des données personnelles des enfants et de transferts de données vers la Chine. « J'ai insisté sur l'importance de se conformer pleinement au RGPD et de coopérer » avec le régulateur irlandais, a d'ailleurs indiqué Didier Reynders après la rencontre. En France également TikTok est pointé du doigt. Emmanuel Macron a notamment accusé le réseau social chinois de censurer des contenus et d'encourager la dépendance en ligne chez les jeunes.

La dernière affaire en date, n'est autre que l'espionnage d'utilisateurs du réseau par des employés de Tiktok qui ont cherché à suivre des journalistes afin d'identifier l'origine de fuites sur le groupe dans les médias. Selon le cabinet de Vera Jourova, Shou Zi Chew a reconnu mardi « une erreur », assurant que « les employés responsables ne travaillaient plus pour le groupe ».

Le Digital service act, l'arme de l'UE contre les géants du numérique

La tournée du patron de Tiktok en Europe a pour but de préparer le réseau social à de futures obligations et contraintes imposées par l'Union européenne. En 2022, les 27 ont adopté le Digital services act pour endiguer la désinformation et les discours haineux. Ce texte contraindra dès mi-2023 les plus grandes plateformes en ligne à se faire auditer par des organismes indépendants, à évaluer les risques liés à leur utilisation et à adopter des mesures pour les atténuer.

« Nous y préparer est une priorité pour nous », a insisté l'un des vice-présidents de TikTok, Theo Bertram, indiquant que les discussions de mardi « s'étaient concentrées sur l'engagement (de TikTok) à observer ces réglementations qui établiront d'importants standards en termes de transparence ». Le commissaire européen, Didier Reynders, a notamment relevé « les engagements de TikTok pour contrer les discours haineux et garantir la protection de tous les usagers, y compris les enfants ». Selon la Commission, Shou Zi Chew a détaillé « les investissements du groupe dans les pratiques de modération visant à restreindre l'impact des "contenus toxiques" ».

Le travail va être de taille pour le géant chinois qui doit fournir « d'ici fin janvier » un rapport sur la désinformation sur sa plateforme, dans le cadre d'un code de conduite européen renforcé. Selon le cabinet de Vera Jourova, TikTok « a reconnu que des acteurs étatiques non européens tentent de manipuler le contenu de la plateforme à des fins de désinformation, et s'efforce de résoudre ce problème », et a déjà « rapidement appliqué les sanctions de l'UE contre les organes de propagande russe ».

Shou Zi Chew a également rencontré mardi Ylva Johansson, commissaire aux Affaires intérieures. Le Singapourien s'entretiendra le 19 janvier avec le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, par visioconférence. « Je dirai exactement la même chose au président de TikTok » qu'à Elon Musk, patron de Twitter, a prévenu le commissaire lundi, martelant que le réseau chinois devait se préparer lui aussi à « appliquer l'intégralité de nos règles (...) et les obligations, y compris sur la transparence de leurs algorithmes ».

Dans la même logique de mise au ban des mauvaises pratiques des réseaux sociaux, Meta, la maison mère des réseaux sociaux Instagram et Facebook régulièrement accusée de nuire à la santé mentale du jeune public, a décidé de ne plus autoriser les annonceurs à cibler les adolescents en fonction de leur genre. La firme créée et dirigée par Mark Zuckerberg craint en effet d'être sanctionnée par des régulateurs européens. D'autant que, les grandes sociétés de la tech américaine ont été à plusieurs reprises ces derniers temps sanctionnées par l'UE. La dernière en date est une amende de 8 millions d'euros de la Commission nationale informatique et libertés à Apple le 4 janvier, pour violation des règles de protection des données personnelles (RGPD).

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 11/01/2023 à 13:29
Signaler
Tous les réseaux sociaux sont dangereux. Tik Tok, Chinois, est sans doute pire puisqu'il a été parfaitement créé pour les jeunes dont les cerveaux sont plus malléables donc manipulables. Les réseaux "dits" sociaux, à fuir pour la majorité de leur con...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.