OVHcloud accueille Google dans son nuage, tout en promettant la souveraineté

Alors que la signature de ce partenariat technologique pose la question de la souveraineté numérique, Michel Paulin, le DG du champion français évoque les opportunités créées pour le cloud européen. "Cette offre va sans ambiguïté dans le bon sens tant pour l'indépendance européenne que pour le développement économique de nos champions nationaux", a renchéri le secrétaire d'État Cédric O.
(Crédits : Reuters)

Google Cloud, l'un des leaders mondiaux du cloud (services d'informatique dématérialisée), a signé un "partenariat stratégique" avec le français OVHcloud, qui pourra ainsi utiliser une technologie du groupe américain sur sa propre infrastructure. Ce type de partenariat entre un géant américain et un "partenaire" français est de plus en plus fréquent, notamment du côté de l'offre concurrente Amazon Web Services.

"OVHcloud proposera une nouvelle offre" de cloud privé utilisant la technologie Anthos de Google Cloud, "entièrement exploitée et gérée en Europe par les équipes OVHcloud", sur "sa propre infrastructure dédiée", selon un communiqué commun des deux groupes.

Anthos est un outil logiciel qui permet à des développeurs de transférer des applications déjà existantes dans le cloud, ou d'en créer directement de nouvelles.

L'enjeu de la souveraineté numérique

Pour OVHcloud, qui a souvent dénoncé les dangers de la grande dépendance des Européens aux plateformes cloud américaines comme Amazon, Microsoft ou Google, cette étape est symboliquement marquante.

Mais OVHcloud estime que cette possibilité d'utiliser du code de Google sur ses propres serveurs, sous la responsabilité de ses propres développeurs, représente une opportunité à saisir.

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"Avec ce partenariat d'un genre nouveau, OVHcloud offrira aux développeurs l'une des solutions les plus performantes et agiles du marché tout en leur garantissant la pleine souveraineté des données, puisque la plateforme sera entièrement opérée et managée par les équipes OVHcloud", a indiqué à l'AFP Michel Paulin, directeur général de l'entreprise française.

"C'est un pas important que nous faisons ensemble pour faire émerger" une nouvelle offre pour les utilisateurs de cloud européens, "tout en promouvant l'ouverture, la réversibilité et en s'appuyant sur une infrastructure de confiance, celle d'OVHcloud", a-t-il ajouté dans une déclaration écrite.

Un partenariat non exclusif

"Cette offre va sans ambiguïté dans le bon sens tant pour l'indépendance européenne que pour le développement économique de nos champions nationaux", a estimé dans la foulée le secrétaire d'Etat au numérique, Cédric O.

Le partenariat représente également une vraie évolution pour Google Cloud, qui affirme que c'est la première fois qu'il laisse une infrastructure cloud rivale exploiter un de ses outils.

Le groupe américain montre ainsi qu'il a "écouté" clients et décideurs publics en Europe, et qu'il "comprend leur besoin d'un contrôle et d'une autonomie renforcée" sur le traitement de leurs données, a estimé Thomas Kurian, le patron de Google Cloud, cité dans le communiqué commun.

S'il constitue une première à bien des égards, le partenariat n'est pas exclusif, et chacun des deux partenaires se réserve la possibilité de nouer des accords du même type avec d'autres opérateurs.

Les dirigeants européens sont de plus en plus inquiets de la dépendance du Vieux continent aux grandes plateformes américaines de traitement des données.

Si en Europe "on est juste capable de produire des données, en ayant besoin d'autres pour parvenir à les exploiter, alors on va être dans la même situation que les pays qui ont des ressources minières mais qui ont donné la capacité à d'autres de s'enrichir avec, avec des retombées extrêmement faibles" pour eux-mêmes, expliquait il y a quelques mois un haut fonctionnaire français.

OVHcloud est l'un des 22 membres fondateurs de Gaia X, un projet lancé par les gouvernements allemands et français pour faire émerger une offre européenne de cloud.

Gaia X ne vise pas à faire émerger un géant comme les groupes américains ou chinois, mais une galaxie d'opérateurs fonctionnant selon des standards communs: une sorte de "place de marché" ou chaque client potentiel trouverait ce dont il a besoin, sans quitter la juridiction européenne.

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Commentaire 1
à écrit le 11/11/2020 à 10:22
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Paradoxalement, c’est plutôt une bonne chose. La course aux talents est impitoyable. Les bons ingénieurs sont vraiment bien rémunérés chez les Gafa. La complexité est de les attirer sur d’autres périmètres et sur des technologies qui peuvent paraître...

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