Pierre Pezziardi a créé le premier incubateur public de startup

Animé par la passion de l'entrepreneuriat, Pierre Pezziardi a été un des pionniers du « crowdfunding » en France. Depuis 2013, il insuffle l'esprit startup au sein des services de l'État.
Pierre Pezziardi, créateur de Fondapol, le premier incubateur public de startups.
Pierre Pezziardi, créateur de Fondapol, le premier incubateur public de startups. (Crédits : Fondapol)

À 16 ans, Pierre Pezziardi rachetait des vieux Solex, les réparait et les revendait 1.000 francs pour se payer des ordinateurs : « J'étais déjà passionné d'informatique et de mécanique. Un vrai geek. » Il passe un bac scientifique en 1989 avant de suivre une classe préparatoire au Prytanée national militaire de la Flèche. Pourtant, son service national est mouvementé. Rétif à l'autorité, il fait des séjours au cachot, avant de réaliser une mission pour la DGA (Direction générale de l'armement) pour déployer le réseau GSM privé de la gendarmerie.

Un premier contact avec les pratiques de l'administration qui l'agace : « On montait des antennes à côté de celles des opérateurs privés, à qui on aurait pu imposer d'utiliser leurs réseaux, économisant ainsi beaucoup d'efforts et d'argent. » Le diplômé de Centrale Lyon écume ensuite les salons informatiques et reçoit deux réponses positives, l'une d'une grosse SSII et l'autre d'une PME de conseil. Celui dont le profil LinkedIn affiche la mention « débureaucratization & Rock & Roll » reste une journée dans la grande société avant de claquer la porte. « Les projets usines à gaz, très peu pour moi », explique l'ingénieur, qui préfère rejoindre la PME Sycomore, dont le fondateur, Bruno Fontaine, devient son premier mentor en l'aidant à décrypter les arcanes du paysage français de l'informatique des années 1990.

Des outils numériques pour simplifier l'administration

Après trois ans à oeuvrer pour des sociétés du CAC 40, l'adepte du surf rencontre François Hisquin à la Société Générale, avec qui il monte Octo Technology, cabinet de conseil en architecture informatique, qui attire rapidement talents et clients prestigieux. En quête de sens, ce membre d'Attac développe gratuitement, en parallèle de ses activités professionnelles, le logiciel de micro finance open source Octopus (devenu OpenCBS) pour l'ONG française Acted. En 2011, fasciné par le Web collaboratif qui fait ses débuts avec Wikipédia, l'informaticien crée NotreBanque, un outil numérique de prêt et de don entre particuliers, financé par la Bred. Mais la banque, effrayée par les risques potentiels, refuse de commercialiser la solution. « On ne peut pas innover près du centre de décision », comprend l'entrepreneur, qui rencontre alors Vincent Ricordeau et Adrien Aumont, initiateurs deux ans plus tôt de KissKissBankBank, premier site français de crowdfunding. Il rejoint l'aventure comme associé et participe au lancement des plateformes hellomerci puis Lendopolis.

En 2013, le quadra à l'énergie débordante publie une tribune en faveur de la création d'un incubateur qui insufflerait à l'administration les méthodes des startups : autonomie, agilité, rapidité, test and learn. Il vend le concept à Henri Verdier, chef de la mission Etalab, qui a mis au point le moteur de recherches en open data data.gouv.fr. Cet incubateur de services numériques de l'État est nommé beta.gouv.fr. Son rôle : soutenir les initiatives de petites équipes qui agissent en totale autonomie et inventent des outils numériques de simplification administrative comme Marché Public Simplifié ou mes-aides. gouv.fr (pour évaluer en ligne ses droits aux aides publiques, 50 000 consultations quotidiennes).

Avec Jean Bassères, patron de Pôle emploi, Pierre Pezziardi lance un appel pour trouver au sein de l'établissement public des intrapreneurs capables d'éliminer tous les « irritants » qui gênent les usagers. Le budget de 400000 euros sur 6 à 18 mois est affecté à deux projets : la Bonne Boîte, pour trouver les entreprises à fort potentiel d'embauche, et la Bonne Formation, pour faciliter la recherche de formation. Beta.gouv.fr incube actuellement 74 startups, avec 22 sorties et 11 abandons. « Le plus important, ce n'est pas le nombre, mais l'impact de la demi-douzaine de licornes qui existent déjà ou vont émerger », estime le quadra au rire fréquent et sonore.

Dernier né, le pass culture

Son dernier bébé, c'est le pass Culture, promesse du candidat Emmanuel Macron. Cette appli, qui va être lancée début février, offre aux jeunes l'année de leurs 18 ans une somme de 500 euros de pouvoir d'achat culturel, dont 100 euros d'argent public. Le reste est financé par des acteurs privés du numérique, dont la presse, qui veut rajeunir son lectorat, les jeux vidéo et les plateformes de VOD (vidéo à la demande), plus BNP Paribas.

Dix mille volontaires de cinq départements vont bientôt recevoir leur pass, charge à eux de faire valider leur compte en mairie. Le prochain défi que s'est lancé Pierre Pezziardi, qui a troqué il y a quatre ans son scooter pour un vélo électrique sur lequel il parcourt 5000 kilomètres par an : établir des ceintures vertes autour des métropoles.

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