Santé : AlgoSource mise sur le potentiel des micro-algues

13 startups de l’Ouest ont été retenues dans l’Index French Blue Tech du Cluster maritime français. Parmi elles : AlgoSource qui a jeté l’ancre dans la presqu’île guérandaise (Loire-Atlantique). Cette jeune pousse spécialisée dans la valorisation d’actifs de micro-algues entame de nouvelles orientations vers la prévention santé.
Le processus d'extraction de la biomasse de spiruline pour récupérer la phycocyanine, qui est une molécule bioactive, fait intervenir plusieurs étapes, dont la filtration.
Le processus d'extraction de la biomasse de spiruline pour récupérer la phycocyanine, qui est une molécule bioactive, fait intervenir plusieurs étapes, dont la filtration. (Crédits : JC MOSCHETTI)

Elle fait partie des 35 startups françaises, dont 13 dans l'Ouest, considérées comme les plus prometteuses du secteur maritime. Experte dans la valorisation d'actifs de micro-algues, AlgoSource (CA non communiqué) a été retenue pour faire partie de la première promotion de l'index French Blue Tech du Cluster maritime français. Fondée en 2012, cette entreprise qui s'appuie sur une équipe de 24 personnes, fabrique et vend des compléments alimentaires, sous forme liquide, composés de micro-algues. « Nous sommes le Château Margaux de la spiruline », sourit son directeur Aymeric Loloum.

« Notre métier consiste à identifier les molécules actives, à les faire grandir dans la biomasse, à les extraire, avec comme seule ambition d'en préserver l'activité biologique. », explique-t-il.

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Se démarquer de la concurrence

Située en Loire-Atlantique, l'entreprise a développé un procédé breveté d'extraction à l'eau et à froid, sans produit chimique. De quoi conserver l'intégralité des fonctionnalités biologiques des molécules. « Nous obtenons ainsi des extraits extrêmement purs. » La particularité d'AlgoSource ? Elle serait la seule société micro-algale à avoir démontré cliniquement sur l'homme l'efficacité de ses produits, d'après son directeur. « Nous sommes très attentifs à la démonstration clinique », assure-t-il. Une manière de se démarquer de la concurrence. « Nous avons très peu de concurrents dans l'univers des micro-algues. Les acteurs présents sur ce marché font de l'extraction de molécules actives à la glycérine. Ils obtiennent des produits plus sirupeux dans lesquel nous retrouvons des conservateurs, engendrant la perte d'une grande partie de leur activité biologique », explique Aymeric Loloum, s'appuyant sur les résultats d'une étude comparative menée par l'Université de Clermont-Ferrand pour étayer ses propos.

Il ajoute : « Nous avons en revanche des concurrents sur les fonctionnalités. Notre extrait de spiruline cible l'anti-oxydation. D'autres compléments alimentaires revendiquent la même application fonctionnelle sans être à base de micro-algues. Mais notre regard est différent sur ce marché avec des produits 100% naturels, avec une liste très courte d'ingrédients dans nos extraits, d'origine française en provenance essentiellement de Guérande, et testés cliniquement. »

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Cap vers la prévention santé

C'est en 2017 qu'AlgoSource a lancé son premier essai clinique sur l'homme dans le but de démontrer l'activité antioxydante d'un extrait de spiruline. « C'était la première marche vers des applications à plus forte valeur ajoutée », indique Aymeric Loloum.

Aujourd'hui, l'entreprise va plus loin en élargissant son périmètre d'interventions vers la santé et plus exactement vers les soins supports (« supportive care » en anglais), c'est-à-dire l'ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades pour les aider à supporter leurs traitements. « Notre ambition n'est pas curative mais préventive », poursuit-il.

Partant du principe que la micro-algue peut avoir des activités spécifiques sur le corps et devenir un complément alimentaire pour favoriser la récupération lors d'un traitement par chimiothérapie, la société poursuit actuellement un essai clinique de phase 2 démarré durant l'été 2022 dont la fin est attendue en 2025. Cette étude qui se compose de deux bras - le bras actif et le bras placebo- est menée sur 40 patients du CHU de Nantes, à l'initiative de la recherche, et de sept autres hôpitaux français. Elle vise à « valoriser un extrait de spiruline pour réduire les effets indésirables de certains traitements par chimiothérapie ». Objectif à terme : « Améliorer la qualité de vie des patients, augmenter les chances de suivre un protocole médicamenteux et, de fait, les chances de survie. »

Deux autres applications, encore au stade préclinique, sont dans les tuyaux et ce, dans la prévention des AVC et du syndrome de la NASH (acronyme anglais qui signifie : stéato-hépatite non alcoolique). Une levée de fonds de 15 millions d'euros, lancée depuis septembre 2023 et toujours en cours (l'entreprise lève également des fonds sur la plateforme de financement participatif en equity Sowefund - ndlr), permettrait à l'entreprise de poursuivre ses travaux notamment dans ce domaine. « Pour le moment, nous avons obtenu des résultats convaincants. » Prochaine étape : réaliser un essai clinique sur 100 personnes.

Une future usine au cœur d'un pôle d'excellence

Ce tour de table aura aussi pour objectif d'augmenter sa capacité industrielle avec un outil adapté à ce nouveau marché de la prévention santé. « Notre outil est dimensionné pour les deux prochaines années mais nous avons besoin d'espaces de conditionnement pour automatiser », indique Aymeric Loloum qui envisage de regrouper les deux implantations -un site doté d'une algoferme où est cultivée la biomasse et d'un laboratoire de R&D à Assérac (Loire-Atlantique) et une unité chargée de la bio-extraction, de la stérilisation et du conditionnement à Guérande- en un seul et même site, dans un bâtiment aux normes agroalimentaires.

AlgoSource pourrait donc s'installer, dans les 18 à 24 mois à venir, à Saint-Nazaire sur Gavy, une zone déjà occupée par le laboratoire de recherche du GEPEA qui associe différents établissements (Nantes Université, Oniris, IMT-Atlantique), le CNRS et AlgoSolis, une plateforme de recherche et d'innovation qui permet aux industriels le passage de la recherche applicative à l'échelle préindustrielle. Un secteur voué à devenir un pôle d'excellence dans les micro-algues. Montant de l'opération : 4 à 6 millions d'euros. « Notre ambition est de multiplier par dix les capacités de production à horizon 2028 voire 2030. »

Des ambitions à l'international

La somme levée permettra aussi de renforcer les équipes commerciales (le recrutement de six collaborateurs est prévu) composées aujourd'hui de deux personnes en sus d'Aymeric Loloum chargé du grand export. Objectif : conforter ses ambitions à l'international.

Aujourd'hui, AlgoSource réalise 37% de son chiffre d'affaires (notamment en Asie où l'entreprise est présente depuis début 2023). La volonté étant que le marché tricolore et l'export puissent s'équilibrer « assez rapidement ». L'entreprise ne s'interdit pas de conquérir le continent nord-américain, sans toutefois négliger le marché européen.

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