Pointée du doigt par certains acteurs qui la jugent trop en retrait dans la polémique en cours sur l'état du réseau de nouvel entrant Free Mobile, l'Arcep, le régulateur des télécoms, vient de sortir de son silence. L'Autorité présidée par Jean-Ludovic Silicani (photo) a annoncé vendredi midi que le collège, composé de sept membres, procéderait « très prochainement à l'audition conjointe de France Télécom et de Free Mobile » : au programme notamment « la mise en ?uvre de l'accord d'itinérance signé par les deux opérateurs. » En effet, France Télécom-Orange se plaint de la « croissance exponentielle du trafic » provenant des abonnés de Free Mobile et transitant sur son réseau, qu'il lui loue. Depuis le lancement de ses offres il y a un mois, le nouvel opérateur, dont le réseau couvre plus de 27% de la population, a conquis plus de 1,5 million d'abonnés.

Audition des autres opérateurs aussi

On apprend également dans ce communiqué que l'Arcep a déjà auditionné il y a deux semaines, le 9 février, SFR. Dans un courrier au régulateur, le deuxième opérateur mobile français exprimait « les doutes les plus sérieux sur le respect par Free Mobile de ses obligations de couverture » se fondant sur « plus de 3.000 mesures » auxquelles il avait lui-même procédé dans plusieurs villes (Paris, Nantes, Caen, etc) et démontrant que les appels des lignes Free Mobile transitaient « majoritairement voire quasi-exclusivement par le réseau en itinérance d'Orange. » Ce que ce dernier confirme dans un courrier adressé par sa directrice de sa division Opérateurs aux dirigeants d'Iliad, la maison-mère de Free, dans laquelle elle indique que « près de 97% du trafic » de Free Mobile transite sur le réseau d'Orange. Bouygues Telecom sera également auditionné par l'Arcep.

Orange, SFR et Bouygues déjà mis en demeure en leur temps

Enfin, pour clore la polémique, l'Arcep confirme qu'elle publiera sous peu, « début mars », les résultats de ses mesures de terrain, qui ne porteront pas seulement sur la couverture de Free Mobile mais sur celle des quatre opérateurs de réseau. Orange et SFR en décembre 2009 et Bouygues Telecom en juillet 2007 ont tous essuyé, chacun en leur temps, des mises en demeure de l'Arcep sur leurs obligations de couverture de la population en 3G, non tenues au délai imposé. En particulier, Bouygues Telecom, qui devait, selon les termes de sa licence UMTS de décembre 2002, avoir ouvert commercialement ses services 3G et couvert 20% de la population deux ans après, n'avait pas déployé son réseau en janvier 2005 : il n'a finalement lancé ses services grand public 3G que fin 2008. L'Internet mobile commençait alors enfin à décoller.