Free Mobile : Quand le PDG d'Orange voit le bon côté des choses

Le contrat de location de son réseau signé avec Free pourrait rapporter à Orange le double de ce qui était attendu, soit jusqu'à 2 milliards d'euros, selon le PDG, Stéphane Richard, dans un entretien accordé à "Libération".
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Ce qui ne tue pas rend plus fort. C'est ce qui ressort en partie de l'interview donnée par Stéphane Richard au journal "Libération" publiée ce mardi. Le patron d'Orange y indique notamment que l'arrivée de Free Mobile a certes bousculé un marché mature en provoquant un "électrochoc" mais que "cela donne en tout cas le goût de la bagarre" ajoutant que "cela a été fédérateur en interne".

Un contrat d'itinérance en or

Surtout le PDG se félicite du contrat d'itinérance conclu avec Free, qui prévoit une location du réseau d'Orange jusqu'en 2015. Il se dit "satisfait d'avoir signé ce contrat" qualifié de "meilleure protection pour l'entreprise, ses salariés, ses actionnaires" qu'il pouvait trouver "face à l'arrivée du quatrième opérateur". Motif de satisfaction en effet, il pourrait rapporter jusqu'à 2 milliards d'euros à Orange. "On avait dit que le contrat devait nous rapporter 1 milliard d'euros. Cela pourra aller jusqu'au double en fonction de la capacité de Free à développer son réseau", indique Stéphane Richard

Si depuis son lancement le 10 janvier, Free Mobile a déjà conquis au moins 2,2 millions à 2,5 millions de clients selon les estimations de ses concurrents, Stéphane Richard se veut rassurant. "La vague d'adhésion à Free Mobile est aujourd'hui retombée. Les gens vont commencer à regarder la question de la qualité de service, de l'acquisition du terminal et des contenus", estime-t-il. Enfin, il rappelle que Free vend pour l'instant des cartes SIM sans mobile et sans engagement, ce qui "devrait représenter à terme, si l'on regarde ce qui s'est passé au Royaume-Uni, environ 15% du marché".

Des conséquences "lourdes pour l'ensemble du secteur"

S'il semble encore trop tôt pour mesurer les conséquences de cette entrée fracassante de Free, le patron du premier opérateur français ne se fait pas d'illusion : "On commence à comprendre qu'elles vont être lourdes pour l'ensemble du secteur, que ce n'est pas juste une belle histoire soi-disant au profit des consommateurs", analyse Stéphane Richard. "Oui, cet acteur déstabilise le secteur. Il va entraîner des baisses significatives des marges brutes", concède-t-il plus loin. Cependant, "Orange s'est donné les moyens d'absorber ce choc mieux que ses concurrents" et il rappelle également la présence à l'internationale du groupe et le poids relativement faible du mobile "qui ne représente que 25% de notre activité globale".

La décision d'autoriser un quatrième opérateur toujours pas digérée

Plus étonnant, l'ex-directeur de cabinet des ministres des Finances Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde reproche toujours à l'Etat son choix d'avoir autorisé Free à se lancer sur le marché français du mobile. "Je ne crois pas que la décision d'introduire un quatrième opérateur ait été prise sur la base d'une analyse lucide des conséquences industrielles et sociales pour le secteur", assure le PDG avant de se métamorphoser en pourfendeur du libéralisme à la sauce bruxelloise. Il critique ainsi "le dogme très européen" de "l'idéologie de la concurrence et du marché unique" qui "peut être très néfaste quand elle n'est pas contrôlée".

L'arrivée de Free aurait aussi un aspect paradoxal pour le consommateur : "On demande d'un côté aux opérateurs d'investir 25 milliards dans la fibre optique ; de l'autre, on fait tout pour faire émerger un acteur low-cost qui va les priver de leurs ressources pour investir".

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Commentaires 2
à écrit le 25/06/2012 à 13:05
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"Il critique ainsi "le dogme très européen" de "l'idéologie de la concurrence et du marché unique"". Hahahhaaaaaa.... "qui "peut être très néfaste quand elle n'est pas contrôlée"...hooohoooo... Soigne ta gauche Stéphane, elle te sera utile.. hihiii...

à écrit le 25/04/2012 à 12:08
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En effet , introduire un 4ème opérateur n'était vraiment pas bien ... pour les finances d'ORANGE, SFR et Bouygues qui s'étaient entendus pour maintenir les prix élevé et plumer les consommateurs. D'ailleurs juste pour rappel, le "trio-escroc" avait é...

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