Coupe du monde, streaming : M6 à l’offensive face à TF1 deux ans après leur mariage avorté

Désormais grand favori pour décrocher les droits de la Coupe du monde de football 2026 devant TF1, M6 entend, en parallèle, mettre les bouchées doubles dans le streaming avec sa nouvelle plateforme M6+, quelques mois après le lancement de TF1+.
Pierre Manière
(Crédits : Reuters)

Alors que Nicolas de Tavernost doit céder, le 23 avril prochain, les manettes de M6, la grande rivale de TF1 lance une grande offensive sur le front des contenus. La chaîne est désormais la grandissime favorite pour remporter les droits de la Coupe du monde de football 2026, qui aura lieu aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique. L'appel d'offres de la FIFA n'est officiellement pas terminé. Mais c'est bien M6 qui est en passe de décrocher la timbale.

TF1 n'a, selon nos informations, confirmant celles du Figaro et de RMC, pas souhaité surenchérir face à l'offre de sa rivale, afin de ne pas franchir une ligne rouge financière liée à sa capacité à monétiser l'événement. La filiale du groupe Bouygues a préféré jeter l'éponge au terme du premier tour de la procédure d'attribution. Son patron, Rodolphe Belmer, entend bien rester fidèle à sa stratégie : pas question, dans un contexte économique tendu, de casser la tirelire au risque de menacer la marge de la chaîne, sa génération de cash flow, et in fine les remontées de dividendes.

Le streaming, autre terrain d'affrontement

Cette décision n'en demeure pas moins une petite révolution pour TF1. Le groupe met, depuis toujours, un point d'honneur à diffuser ces événements dits de « communion nationale » pour soigner son statut de première chaîne privée et gratuite du pays. M6 vient, à cette occasion, clairement marcher sur ses plates-bandes. Cela dit, TF1 reste un partenaire privilégié de l'équipe de France de foot. La chaîne garde, notamment, l'exclusivité de la diffusion des matchs de qualification pour la Coupe du monde 2026 et l'Euro 2028. En outre, Il est possible, et très probable, que M6 souhaite à terme sous-licencier des matchs de la prochaine Coupe du monde afin de réduire la facture. Mais dans cette hypothèse, TF1 ne signera pas n'importe quel prix...

Le ballon rond n'est pas le seul terrain d'affrontement entre les deux chaînes. Après avoir échoué se marier en 2022, TF1 et M6 ont repris leur bâton de pèlerin pour tenter de faire leur nid dans l'écosystème du streaming. Mais chacun de leur côté, avec une force de frappe moins importante que s'ils avaient pu unir leurs forces. Et, bien sûr, en se faisant concurrence. En janvier dernier, TF1 a lancé sa nouvelle plateforme TF1+. Gratuite, celle-ci a vocation à devenir une véritable extension numérique de la Une, afin de séduire un public plus large, plus jeune notamment, et doper ses revenus sur le front de la publicité numérique. « Nous avons conçu la plateforme avec l'ambition qu'elle devienne un véritable réflexe quotidien, la destination de référence pour le divertissement familial et l'information », a notamment affirmé Claire Basini, la directrice générale adjointe de TF1.

Mais en face, M6 compte bien se battre pour avoir, aussi, sa part du gâteau. Ce mercredi soir, la chaîne va présenter les contours de sa nouvelle plateforme de streaming. Baptisée M6+, tel un écho au nom choisi par TF1 pour la sienne, celle-ci va bénéficier d'importants investissements pour enrichir son catalogue de contenus.

En mettant le paquet dans les droits sportifs comme dans le streaming, M6 a changé de braquet, et arbitré en faveur d'une politique résolument offensive. C'est du moins ce que que certains analystes estiment, non sans une certaine inquiétude. « Nous craignons que le groupe entreprenne une phase d'investissement importante, tant en sport qu'en fiction, qui conduise à réduire structurellement sa rentabilité », affirment, par exemple, les analystes d'Oddo BHF dans une note récente.

« Remonter les audiences »

Même son de cloche pour les analystes de CIC. D'après eux, la volonté de M6 de décrocher les droits la Coupe du monde 2026 s'avère « surprenante » de la part d'un groupe « historiquement soucieux de maîtriser ses coûts ». L'initiative « traduit », selon eux, « la volonté de remonter les audiences, en recul ces dernières années, quitte à augmenter les investissements dans les programmes »« C'est aussi le message passé à l'occasion du lancement de la plateforme (M6+, Ndlr), avec 100 millions d'investissements globaux d'ici 2027 », renchérissent-ils.

On peut, aussi, se demander si cette stratégie de M6 ne vise pas, d'une certaine manière, à embellir la mariée dans la perspective d'une possible vente. Les chaînes de télévision se mobilisent aujourd'hui contre la règle qui empêche toute cession après l'attribution d'une fréquence. Si la loi devait changer, et assouplir cette interdiction de vendre pendant cinq ans, l'allemand Bertelsmann, le propriétaire de M6, pourrait retenter de céder la chaîne. Et peut-être, cette fois-ci, avec davantage de succès qu'il y a deux ans.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 07/03/2024 à 7:26
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Avant c'était la télévision qui faisait la publicité aux magasines, maintenant ce osnt les journaux papiers qui sont obligés de faire de la publicité à ce truc moribond. Une perte de temps de parler de ce truc mort qui n'a en plus aucun intérêt écono...

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