Enchères 5G : les quatre grands opérateurs dans les starting-blocks

Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free sont tous candidats pour l’attribution, au printemps prochain, des fréquences 5G, dont l’État retirera un minimum de 2,17 milliards d’euros.
Pierre Manière
De gauche à droite: Alain Weill (PDG d'Altice France/SFR), Xavier Niel (propriétaire d'Iliad/Free), Stéphane Richard (PDG d'Orange) et Olivier Roussat (DG délégué de Bouygues et président du conseil d'administration de Bouygues Telecom).
De gauche à droite: Alain Weill (PDG d'Altice France/SFR), Xavier Niel (propriétaire d'Iliad/Free), Stéphane Richard (PDG d'Orange) et Olivier Roussat (DG délégué de Bouygues et président du conseil d'administration de Bouygues Telecom). (Crédits : Reuters)

Pas de surprise. Ce mercredi, l'Arcep, le régulateur des télécoms, a dévoilé les noms des opérateurs qui participeront à l'attribution des premières fréquences dédiées à la 5G, la prochaine génération de réseaux mobiles. Comme attendu, les quatre grands opérateurs nationaux se sont portés candidats. Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free vont croiser le fer pour récupérer un maximum de fréquences lors d'un processus d'enchères qui doit débuter mi-avril. Pour eux, l'enjeu est crucial : ceux qui remporteront le plus de spectre pourront proposer un meilleur service que les autres. Et ainsi se démarquer de la concurrence. Ces enchères sont également importantes pour l'État. De fait, le prix plancher pour l'intégralité du spectre a été fixé à 2,17 milliards d'euros. Une manne bienvenue pour les finances publiques en ces temps de disette budgétaire.

Pour l'Arcep, le fait que les quatre grands opérateurs aient répondu présent est une satisfaction. Aux yeux de Sébastien Soriano, le président de l'institution, cela prouve que les conditions de cette vente « sont raisonnables ». Quand bien même certains opérateurs ont hurlé le contraire ces derniers mois. Ils estimaient, d'une part, que le gouvernement se montrait financièrement trop gourmand. D'autre part, ils jugeaient que ce spectre était assorti d'obligations de couverture du territoire - en particulier des zones rurales, bien moins rentables que les villes - trop importantes et coûteuses.

« Une équation inédite »

« Nous sommes dans une équation inédite avec des opérateurs qui n'ont jamais eu autant d'obligations d'investissement et un montant potentiellement engagé dans les fréquences aussi important, dézinguait Arthur Dreyfuss, le président de la Fédération française des télécoms (FFT), et secrétaire général d'Altice France/SFR, au mois de novembre. Cette équation n'est pas cohérente avec qui ce qui a été avancé ces derniers mois par le gouvernement. » Au regard de ces piques, on aurait pu craindre que certains opérateurs boudent les enchères. Cela est déjà arrivé par le passé. En 2000, Bouygues Telecom avait boudé des enchères de fréquences 3G, jugeant que le prix demandé était beaucoup trop élevé.

L'autre enseignement, c'est qu'aucun autre acteur des télécoms ne s'est porté candidat pour la 5G. Y compris les grands MVNO, ces opérateurs qui ne disposent pas de réseau propre, comme JOi Telecom. Idem pour les industriels de différents secteurs (de l'automobile, de l'énergie ou de la « ville intelligente »), qui auraient pu s'intéresser à ces fréquences pour déployer des services et usages nouveaux. Il faut dire que l'attribution oblige à acheter un minimum de 40 MHz de fréquences (sur les 310 MHz mis en ventes). Cette mesure, qui vise « à éviter la fragmentation du spectre » explique Sébastien Soriano, a de facto « mis la barre un peu haut » pour les industriels.

Des modalités restent à déterminer

Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free vont ainsi tous participer à l'intégralité du processus d'attribution. Sous réserve qu'ils se plient bien aux engagements demandés, ils devraient chacun récupérer un bloc de 50 MHz au prix fixe de 350 millions d'euros. Avant de batailler pour les 110 MHz restants, qui seront mis aux enchères par blocs de 10 MHz. Sachant qu'au total, aucun opérateur ne pourra décrocher plus de 100 MHz de spectre.

Dans les prochaines semaines, l'Arcep va déterminer la manière dont les enchères se dérouleront. Plusieurs modalités restent à régler. Par exemple, le régulateur devra arbitrer entre des enchères physiques - où les représentants des opérateurs chargés d'y participer sont réunis en un même endroit - ou en ligne. Le principe des enchères en ligne peut inquiéter certains acteurs. « Il existe un risque psychologique, celui de rater un tour d'enchère si ça ne marche pas », explique Sébastien Soriano, qui affirme que l'Arcep prendra sa décision après discussions avec les opérateurs. Ces détails peuvent sembler anecdotiques. Il n'en est rien. Surtout aux yeux des Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free, qui joueront, lors de cette attribution de fréquences, leur avenir dans le mobile. Voire leur avenir tout court.

Des premiers déploiements courant juillet

A noter que pendant les enchères, les opérateurs n'auront pas le droit de discuter entre eux et de s'entendre sur certaines stratégies communes, ce qui fausserait la concurrence. C'est pour éviter cela qu'en 2015, lors d'enchères pour des fréquences 4G, les représentants des opérateurs étaient même accompagnés aux toilettes par des agents de l'Arcep ! Si rien ne vient bousculer l'agenda, le régulateur table sur une attribution des fréquences au mois de juin. Les opérateurs pourront alors débuter le déploiement de la 5G au début de l'été, courant juillet.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 27/02/2020 à 13:26
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C'est bizarre : l'apparition du coronavirus a (enfin !) mis la lumière sur la dépendance de l'économie mondiale par rapport à la Chine, et un peu partout germent les idées de "relocalisation", production locale, sécurité d'approvisionnement etc. Par...

à écrit le 27/02/2020 à 12:20
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