L'exercice est aussi indispensable que difficile. Alors que les usages numériques sont en plein essor, les débats vont bon train sur l'augmentation de son empreinte environnementale. C'est particulièrement vrai depuis l'arrivée de la 5G, qui inquiète une partie de la sphère politique - notamment à gauche et chez les écologistes - ainsi que de nombreuses ONG. Beaucoup d'études ont déjà vu le jour, et ont alerté sur la pollution numérique qui menace d'augmenter significativement si rien n'est fait pour l'encadrer. Mais ces évaluations ont aussi fait l'objet de critiques, liées à leurs méthodologies et points de comparaison. Voilà pourquoi le gouvernement a fait appel à l'Agence de la transition écologique (ADEME) et à l'Arcep, le régulateur des télécoms, pour réaliser un état des lieux de l'empreinte environnementale du numérique en France. C'est ce travail que ces deux acteurs ont présenté ce mercredi, lors d'une conférence de presse en ligne.
L'objectif est de mesurer finement cette empreinte environnementale, en clair « de poser des chiffres », comme l'a expliqué Cédric O, le secrétaire d'Etat en charge du Numérique et des Télécoms. Et ce afin de « traiter ces enjeux » correctement, et de prendre des mesures pour un numérique « soutenable », a abondé Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique.
Les terminaux représentent le gros de l'empreinte carbone
Que ressort-il de ces travaux ? En premier lieu, l'ADEME et l'Arcep ont arbitré en faveur d'une méthodologie qui ne s'intéresse pas qu'à l'empreinte carbone. Cette dernière est certes importante, mais ne suffit pas à déterminer totalement l'impact du numérique sur l'environnement. D'autres indicateurs sont utilisés. Ils se préoccupent, par exemple, de la problématique de l'épuisement des minéraux et métaux. L'étude se focalise sur trois composantes du secteur du numérique que sont les terminaux (les smartphones, tablettes, téléviseurs, objets connectés...), les réseaux (mobiles et Internet fixe) et les centres de données. Enfin l'étude décortique leur impact environnemental à différentes périodes, de leur fabrication, à leur utilisation, jusqu'à leur fin de vie.
Le premier enseignement est que le numérique représente 2,5% de l'empreinte carbone de la France. Les terminaux, et en particulier les écrans et les téléviseurs, en représentent pas moins de 79%, contre 16% pour les centres de données et 5% pour les réseaux. Autre enseignement : c'est la phase de fabrication des équipements - des terminaux, serveurs ou box Internet - qui représentent 78% de l'empreinte globale. Sachant que leur utilisation, elle, en pèse 20%. Voilà pourquoi l'ADEME et l'Arcep appellent d'emblée à privilégier toutes les mesures visant à allonger la durée d'usage des terminaux, et pas seulement des smartphones. Les deux acteurs appellent au développement des filières du reconditionnement et de la seconde main. Tout est bon, ici, pour éviter d'acheter du matériel neuf lorsque c'est possible.
Après l'état des lieux, une projection en 2030
Concernant les centres de données, ce sont les serveurs qui sont la principale source d'impact environnemental. Et ce via leur fabrication, et leur utilisation, qui consomme beaucoup d'énergie. Du côté des réseaux, c'est leur utilisation qui concentre les impacts environnementaux.
Dans le sillage de la publication de cette étude, l'ADEME a lancé une campagne de sensibilisation, essentiellement digitale, visant notamment à promouvoir l'achat d'appareils électroniques de seconde main, et leur réparation. L'agence va poursuivre ses travaux avec l'Arcep. La prochaine étape vise, en particulier, à évaluer les effets de l'augmentation de l'empreinte environnementale du numérique à l'horizon 2025-2030. Pour ce faire, le régulateur des télécoms compte bien faire usage d'un nouveau pouvoir lui permettant de collecter des données auprès des opérateurs télécoms, bien sûr, mais aussi auprès des fabricants de terminaux.
- Lire aussi : L'Arcep, le gendarme des télécoms, va traquer l'empreinte carbone des acteurs du numérique
Sujets les + commentés