Madrid a porté sa participation dans Telefonica à 10% pour contrer le saoudien STC

L’Etat espagnol souhaite garder la main sur l’opérateur historique, jugé stratégique pour l’avenir numérique du pays.
Pierre Manière
Comme d'autres opérateurs historique, Telefonica est très endetté, et doit batailler sur un marché espagnol particulièrement concurrentiel.
Comme d'autres opérateurs historique, Telefonica est très endetté, et doit batailler sur un marché espagnol particulièrement concurrentiel. (Crédits : Sergio Perez)

C'est fait. Comme convenu, l'Etat espagnol a indiqué, lundi 20 mai, avoir porté sa participation dans Telefonica à 10%. Cet investissement a été effectué par l'intermédiaire de la Société publique des participations industrielles (Sepi). Le coût total de l'opération s'élève à pas moins de 2,85 milliards d'euros. Aux yeux du gouvernement espagnol, cet investissement était un impératif. Il a été décidé dans la foulée de l'acquisition surprise, au mois de septembre, d'un nouvel arrivant chez l'opérateur historique. Il s'agit du saoudien STC, lequel s'est offert 9,9% du capital pour 2,1 milliards d'euros.

Cette opération a suscité de vives inquiétudes au sein de l'écosystème politique, à gauche comme à droite. L'idée que l'Etat n'ait plus la main sur le devenir de cet opérateur historique, 26 ans après sa privatisation totale, est apparue inacceptable. Pas question, pour l'exécutif, de laisser ce géant, essentiel pour la connectivité du pays, aux commandes d'un groupe étranger. Le gouvernement a, alors, d'emblée affiché sa détermination à revenir coûte que coûte au capital. Désormais, il est le premier actionnaire de l'opérateur historique, devant STC, les banques espagnoles BBVA (4,87%) et CaixaBank (4,48%), et le fonds américain BlackRock (4,48%).

Telefonica travers une période mouvementée

La Sepi a affirmé, lundi dans un communiqué, que cette participation a bien « vocation à être permanente ». Elle « assure à l'entreprise une plus grande stabilité de l'actionnariat pour la réalisation de ses objectifs et contribue à la protection de ses objectifs stratégiques ». Rappelons, aussi, que Telefonica a tissé des liens étroits avec le secteur de la défense, avec qui le groupe a noué d'importants contrats.

Lire aussiTélécoms : l'Etat espagnol renforce sa position dans Telefonica

Cette manœuvre de l'Etat espagnol, inédite en Europe, intervient alors que l'opérateur traverse une période difficile. Il est aujourd'hui, comme d'autres opérateurs historique, très endetté (à hauteur de 27 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 40 milliards d'euros), et doit batailler sur un marché espagnol particulièrement concurrentiel. Il est, en outre, confronté à un nouvel ogre sur le marché, depuis qu'Orange Espagne s'est marié à son rival MasMovil, et ne cache pas ses ambitions de marcher sur ses plates-bandes.

(avec AFP)

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 22/05/2024 à 13:51
Signaler
Ils ont tt fait pour couler Telefonica qui cotait 18 euros, tt le monde s'en est détourné, maintenant ils reviennent ! J'espère qu'ils ne croient pas que les investissements se paieront tt seuls...

à écrit le 22/05/2024 à 12:40
Signaler
Et si notre pays, riche et pas endetté du tout, faisait la même chose en prenant une participation de 10% dans TotalEnergies. Les articles de pressent récents disent que 47% de capital est entre les mains de Américains.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.