Rachat de réseau de Telecom Italia : le fonds d'investissement KKR fait une nouvelle offre

Le fonds américain a décidé de faire cavalier seul et a soumis une offre non contraignante pour acquérir une part majoritaire dans le réseau fixe de l'opérateur italien. Il avait déjà fait une proposition consistant à racheter la totalité du groupe italien pour 10,8 milliards d'euros mais qui avait été jugée trop basse. Un nouvel épisode dans ce dossier dans lequel l'exécutif italien entend garder la main.
Le fonds d'investissement KKR convoite Telecom Italia.
Le fonds d'investissement KKR convoite Telecom Italia. (Crédits : YARA NARDI)

C'est un énième rebondissement dans l'affaire Telecom Italia (TIM) que convoite le fonds d'investissement américain KKR. Il y a plus d'un an, ce dernier avait déjà fait une proposition consistant à racheter la totalité du groupe italien pour 10,8 milliards d'euros. Mais l'offre avait été jugée trop basse par le principal actionnaire, Vivendi.

KKR revient donc avec une nouvelle proposition : une offre non contraignante pour acquérir une part majoritaire dans le réseau fixe de l'opérateur italien, comme ce dernier l'a annoncé, jeudi. En effet, selon son plan stratégique, le PDG de Telecom Italia, Pietro Labriola, prévoit la scission entre le réseau de téléphonie fixe et les activités de services, pour réduire la lourde dette du groupe, qui s'élève à 25,5 milliards d'euros.

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Telecom Italia « ouvert à l'évaluation de toute alternative »

Si le montant de l'offre de KKR n'a pas été précisé, elle valorise l'ensemble du réseau à plus de 20 milliards d'euros et le fonds compte acquérir une part majoritaire, a indiqué à l'AFP une source financière. KKR, déjà actionnaire à hauteur de 37,5% de FiberCop, l'opérateur du réseau de Telecom Italia, compte, en effet, obtenir une part dans une future société regroupant son réseau fixe et Sparkle, filiale de Telecom Italia qui gère des câbles sous-marins.

Le conseil d'administration de TIM, réuni jeudi, a décidé de se retrouver le 24 février pour se prononcer sur l'offre de KKR, selon un communiqué du groupe. Telecom Italia reste ouvert à l'évaluation de toute alternative qui pourrait se matérialiser d'ici là, et poursuivra son dialogue avec ses actionnaires", a-t-il été indiqué.

L'exécutif italien très investi dans le dossier TIM

Une chose est sûre, ce nouvel épisode rebat les cartes au moment où le gouvernement nationaliste italien multiplie les réunions avec les actionnaires de Telecom Italia pour définir l'avenir de l'entreprise, qu'il juge stratégique. L'exécutif en place entend, en effet, reprendre la main sur le réseau Internet fixe de Telecom Italia, jugé stratégique, sans avoir encore tranché sur comment s'y prendre. Fin novembre, le gouvernement de Gerogia Meloni avait annoncé mettre en place un « groupe de travail » en charge de définir « les meilleures solutions de marché viables » pour l'opérateur historique italien, « afin de maximiser les intérêts du pays, des entreprises concernées et de leurs actionnaires ». Jusqu'alors, il était question que l'opérateur se sépare de son réseau Internet fixe qui devait être racheté par la Caisse des dépôts italienne (CDP), afin de fusionner avec le réseau d'Open Fiber, dont elle est propriétaire. L'objectif était de bâtir un grand réseau national de fibre optique, auquel tous les opérateurs auraient accès. Mais si ce projet avait le soutien de l'ancien gouvernement de Mario Draghi, le nouvel exécutif ne semblait pas être du même avis.

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Le gouvernement, qui a été informé au préalable par KKR, suit de près l'offre du fonds d'investissement, a réagi le ministère des Entreprises. Rome considère que la sauvegarde des niveaux d'emploi et la sécurité d'une infrastructure stratégique telle que le réseau national de télécommunications sont essentielles, a-t-il souligné.

Quelle place pour la CDP ?

En novembre, le gouvernement de Giorgia Meloni était intervenu en suspendant une éventuelle offre de la Caisse des dépôts italienne (CDP), un organisme public actionnaire à hauteur de 9,81% de TIM, pour le réseau de l'opérateur historique. Les négociations entre la CDP et Telecom Italia avaient buté sur le prix du réseau, jugé trop élevé par l'Etat. Les estimations de la valeur du réseau allaient de 15 milliards d'euros, avancés par des analystes, à 31 milliards d'euros réclamés par Vivendi.

En outre, si l'option d'une proposition commune avec la CDP pour le réseau fixe de Telecom Italia avait été étudiée un temps, le fonds américain KKR a finalement décidé de soumettre une offre en solo. Quel que soit le prix de l'offre, il est clair que cette démarche entre en conflit avec le plan explicite du gouvernement qui vise le contrôle public du réseau, ont estimé les analystes de Banca Akros. Cependant, l'offre de KKR n'empêche pas la participation d'une entité publique comme la CDP qui pourrait prendre les commandes sur un plan opérationnel, a commenté une source financière. Autre option, la CDP pourrait déposer prochainement sa propre offre pour le réseau, en association avec le fonds d'investissement Macquarie.

(Avec AFP)

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