Telecom Italia reste dans le brouillard en attendant que Rome décide de son sort

Le gouvernement de Giorgia Meloni veut reprendre la main sur le réseau Internet fixe de Telecom Italia, jugé stratégique. Mais l’exécutif italien n’a toujours pas tranché sur la façon dont il compte s'y prendre. Il promet des « solutions » d’ici à la fin de l’année.
Pierre Manière
Telecom Italia (Telefonia Fissa e Mobile - TIM)
Telecom Italia (Telefonia Fissa e Mobile - TIM) (Crédits : YARA NARDI)

Telecom Italia va-t-il sortir de l'impasse ? L'avenir de l'opérateur historique fait aujourd'hui débat au plus haut sommet de l'Etat. L'arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni a gelé tous les projets du géant italien des télécoms. Dans un communiqué, l'exécutif annonce aujourd'hui la mise en place d'un « groupe de travail » en charge de définir « les meilleures solutions de marché viables » pour l'opérateur historique italien, « afin de maximiser les intérêts du pays, des entreprises concernées et de leurs actionnaires ». Celui-ci rendra sa copie, au plus tard, le 31 décembre.

L'état-major de Telecom Italia attend ses conclusions avec impatience. Jusqu'alors, il était question que l'opérateur se sépare de son réseau Internet fixe. La Caisse des dépôts italienne (CDP) devait le racheter, afin de fusionner cet actif avec le réseau d'Open Fiber, dont elle est propriétaire. L'objectif était de bâtir un grand réseau national de fibre optique, auquel tous les opérateurs auraient accès. Cette opération présente plusieurs avantages. Elle permet, d'une part, d'éviter des doublons dans le déploiement de la fibre, et donc de diminuer la facture des investissements. Elle constitue, aussi, une opportunité de renflouer les caisses de Telecom Italia, qui en a bien besoin au regard de son énorme dette, sachant que son réseau est évalué entre 15 et 31 milliards d'euros.

« Garder le réseau sous contrôle public »

Ce projet avait le soutien de l'ancien gouvernement de Mario Draghi. Mais le nouvel exécutif n'est pas du même avis. Sous sa coupe, la CDP a visiblement renoncé à faire une offre pour le réseau de Telecom Italia. Celle-ci a en théorie jusqu'à ce mercredi pour en déposer une. Mais elle n'en fera désormais rien avant que le groupe de travail du gouvernement dévoile sa position.

Le gouvernement a aujourd'hui une priorité : reprendre la main sur le réseau de Telecom Italia. Mardi dernier, Giancarlo Giorgetti, le ministre de l'Economie, s'est montré très clair à ce sujet. « L'Etat doit avoir le contrôle de la partie du réseau qui présente un intérêt stratégique », a-t-il déclaré. Même son de cloche pour Adolfo Urso, le ministre de l'Industrie. « Nous avons besoin que le réseau soit sous contrôle public », a-t-il affirmé le 14 novembre dernier. Il est même allé jusqu'à qualifier d'« erreur » la privatisation de l'ex-monopole d'Etat en 1997.

La piste d'une OPA sur Telecom Italia

Cela dit, l'exécutif n'a toujours pas décidé de la manière dont il comptait s'y prendre pour que le réseau de Telecom Italia revienne dans son giron. Plusieurs options sont sur la table. La première est celle de la vente du réseau à la CDP. Cette possibilité est défendue depuis longtemps par Pietro Labriola, le PDG de Telecom Italia. Le dirigeant bénéficie ici du soutien de Vivendi, le géant français des médias et principal actionnaire de l'opérateur.

Mais cette opération n'a guère les faveurs du gouvernement. Alessio Butti, le sous-secrétaire en charge de l'Innovation technologique, n'y est pas du tout favorable. Il privilégie une seconde option, à savoir une OPA de la CDP sur tout le capital de Telecom Italia. L'opérateur garderait in fine son réseau, mais abandonnerait ses activités de service. C'est ce que le gouvernement appelle le projet « Minerve ». Interrogée par l'AFP, une source proche du dossier affirme que « des discussions sont en cours » entre Vivendi et le gouvernement italien, avec une « volonté de dialogue ». L'affaire ressemble, désormais, à un serpent de mer.

Pierre Manière

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