Telecom Italia va se prononcer une fois de plus sur une offre de rachat de KKR pour son réseau privé

Ce dimanche, Telecom Italia devrait rendre son verdict pour l'offre d'achat de son réseau fixe menée par le fonds américain KKR, soutenue par le gouvernement italien. Problème : l'entreprise française Vivendi, principal actionnaire du groupe, appuie une autre offre.
KKR essaie à nouveau de prendre le contrôle de Telecom Italia, avec cette fois l'appui du gouvernement italien.
KKR essaie à nouveau de prendre le contrôle de Telecom Italia, avec cette fois l'appui du gouvernement italien. (Crédits : YARA NARDI)

Après des mois de négociations intenses, Telecom Italia s'apprête à rendre ce dimanche son verdict sur l'offre pour son réseau fixe soumise par le fonds d'investissement américain KKR, soutenue par le gouvernement Meloni mais rejetée par son principal actionnaire, Vivendi.

En cas de succès de l'opération, qui vise à diminuer l'énorme dette du groupe italien, Telecom Italia deviendrait le premier grand opérateur en Europe à sauter le pas et se séparer de son réseau fixe sur son marché domestique

Une offre à plus de 20 milliards d'euros

Après une première séance de près de huit heures vendredi et une rencontre informelle samedi, le conseil d'administration de Telecom Italia devait se réunir à nouveau cet après-midi avant de prendre une décision. KKR s'est trouvé un allié de taille, le gouvernement italien, qui compte prendre une participation jusqu'à 20% dans le réseau fixe, pour peser sur les choix d'une infrastructure jugée stratégique.

D'ici la mi-décembre, le fonds prévoit aussi de remettre une offre ferme pour Sparkle, filiale spécialisée dans les câbles sous-marins, qui devrait tomber dans l'escarcelle du gouvernement. Le montant de l'offre de KKR pour le réseau varie entre 20 et 23 milliards d'euros, sujet à certaines conditions, dont environ une dizaine de milliards d'euros de dette. Cette proposition reste loin des attentes du géant français des médias Vivendi, premier actionnaire de Telecom Italia avec une part de 23,75%, qui misait sur 31 milliards d'euros.

Vivendi ne veut pas lâcher l'affaire

Vivendi s'est dit prêt à engager une action en justice si l'offre de KKR était approuvée sans être soumise à une assemblée générale extraordinaire des actionnaires. Et pour cause : dans une telle réunion, les décisions sont prises à la majorité des deux tiers. Le groupe français avait d'ailleurs claqué la porte du conseil d'administration de l'opérateur en janvier.

Vivendi a accru la pression sur Telecom Italia en réclamant au conseil d'administration d'examiner, avant toute décision, un plan alternatif présenté par Stefano Siragusa, ancien directeur général adjoint de l'opérateur. Pour éviter de vendre le réseau, considéré comme le "joyau de la couronne" du groupe, M. Siragusa, associé au fonds d'investissement Merlyn, a proposé la cession de la lucrative filiale brésilienne et de la branche en charge des clients particuliers en Italie.

Selon les deux alliés, qui assurent représenter des actionnaires détenant moins de 3% du groupe italien, TIM Brasil devrait rapporter environ 7 milliards d'euros et l'activité clients particuliers « pas moins de 9 milliards ». Le projet de Merlyn prévoit aussi de remplacer le PDG de Telecom Italia, Pietro Labriola, par Stefano Siragusa, qui avait dirigé le réseau de Telecom Italia avant de démissionner du groupe en août 2022.

Pression de la dette

L'opérateur italien a besoin d'argent frais pour faire face à une dette qui n'arrête pas d'enfler et s'élève désormais à 26,2 milliards d'euros. Cet endettement l'empêche d'investir dans le déploiement de la fibre optique, alors que l'Italie est très en retard dans ce domaine.

Selon la Commission européenne, la fibre ne couvrait que 44% des ménages en Italie en 2022, contre 63% en France et 89% en Espagne. D'où la décision du gouvernement italien, qui dispose de pouvoirs spéciaux dans des secteurs considérés comme stratégiques, d'accroître sa mainmise sur Telecom Italia.

Résultat : l'Etat italien est déjà le deuxième actionnaire du groupe, à travers une participation de 9,81% détenue par la Caisse des dépôts italienne (CDP). Pour s'assurer de l'appui gouvernemental, KKR s'est engagé à reprendre environ la moitié des quelque 40.000 salariés de l'opérateur en Italie. Il donne ainsi des gages au gouvernement, soucieux de sauvegarder ces emplois, selon une source financière. Une première tentative de KKR de prendre le contrôle de la totalité de Telecom Italia avait échoué en avril 2022, se heurtant, là aussi, au refus de Vivendi qui avait jugé son offre trop basse.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.