Vente du réseau de Telecom Italia : la décision doit revenir aux actionnaires, estime Vivendi

Alors que le conseil d’administration de l’opérateur historique italien, Telecom Italia, doit examiner, début novembre, l’offre du fonds américain KKR pour son réseau Internet fixe, Vivendi met un point d’honneur à ce que celle-ci soit in fine approuvée - ou non - par les actionnaires en assemblée générale extraordinaire. Dans le cas contraire, le groupe dirigé par Vincent Bolloré se dit prêt à saisir la justice.
Pierre Manière
Vivendi, le géant français des médias et premier actionnaire de Telecom Italia à hauteur de 23,75%, souhaite que l'opération soit tranchée en assemblée générale extraordinaire.
Vivendi, le géant français des médias et premier actionnaire de Telecom Italia à hauteur de 23,75%, souhaite que l'opération soit tranchée en assemblée générale extraordinaire. (Crédits : YARA NARDI)

C'est à se demander si ce dossier, marqué par de nombreux rebondissements depuis des mois, connaîtra un jour son épilogue. Du 3 au 5 novembre prochain, le conseil d'administration de Telecom Italia va se réunir pour examiner une opération lourde de conséquences pour son avenir : celle de la cession de son plus bel actif, son réseau Internet fixe, au fonds américain KKR.

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Ce dernier a déposé une offre, conjointement avec le gouvernement italien. Objectif, acquérir ces précieuses infrastructures de fibre optique, ainsi que Sparkle, sa filiale de câbles sous-marins. Ce sera la première fois qu'un opérateur historique, et d'une telle envergure en Europe, se sépare de son réseau.

A travers cette opération, Telecom Italia souhaite surtout faire rentrer du cash pour éponger une partie de ses dettes, s'élevant désormais à plus de 26 milliards d'euros. Mais la manœuvre est risquée. L'opérateur perdra, du même coup, la main sur la qualité et le coût de son réseau.

En outre, l'opération est sensible. Et Vivendi, le géant français des médias et premier actionnaire de Telecom Italia à hauteur de 23,75%, souhaite qu'elle soit tranchée en assemblée générale extraordinaire. Le groupe de Vincent Bolloré veut, en clair, avoir son mot à dire, voire le mot de la fin.

De fait, en assemblée générale extraordinaire, les décisions sont prises à la majorité des deux tiers des actionnaires. Pas question, aux yeux de Vivendi, que le sujet soit seulement validé en conseil d'administration, où il ne siège pas. D'après des sources proches du dossier citées par l'AFP, le groupe de Vincent Bolloré a même menacé d'engager une action en justice, en l'absence d'assemblée générale extraordinaire.

« Nous ne reculerons pas »

Rien ne dit donc, pour l'heure, que l'offre de KKR sera validée. Aujourd'hui, celle-ci varierait entre 20 et 23 milliards d'euros. Ce montant demeure toutefois éloigné des revendications de Vivendi, qui a toujours tablé sur 31 milliards d'euros. L'Etat italien, lui, semble déterminé à aller au bout de l'opération. En cas d'échec du projet, « nous réfléchirons à quelque chose de différent, mais nous ne reculerons pas », a ainsi asséné Giancarlo Giorgetti, le ministre italien de l'Economie, il y a deux semaines.

Le gouvernement italien est totalement associé à l'opération. Celui-ci prévoit de prendre une participation jusqu'à 20% dans le réseau de Telecom Italia. L'exécutif souhaite, en effet, ne pas perdre la main sur cette infrastructure stratégique. Rome est déjà actionnaire à hauteur de 9,81% de Telecom Italia, via la Caisse des dépôts italienne. Celle-ci est également propriétaire à hauteur de 60% d'Open Fiber, qui dispose d'un réseau de fibre à l'échelle nationale.

Un scénario évoqué de longue date serait de fusionner, au bout du bout, la nouvelle entité détenant le réseau de Telecom Italia à Open Fiber. Cela permettrait d'accoucher d'un unique réseau de fibre dans la péninsule, qui aurait les moyens d'investir rapidement et massivement dans cette technologie. Aujourd'hui, l'Italie accuse un retard considérable dans ce domaine, jugé crucial pour le développement numérique, et donc économique, du pays. Tous les opérateurs auraient, ensuite, accès à ce réseau pour fournir Internet à très haut débit à leurs clients.

Pierre Manière

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