Telefonica, le géant espagnol des télécoms, veut (encore) réduire ses effectifs

Confronté à une forte concurrence de l’autre côté des Pyrénées et à un fort endettement, l’opérateur historique espagnol entend supprimer plusieurs milliers d’emplois.
Pierre Manière
José Maria Alvarez-Pallete, le PDG de Telefonica.
José Maria Alvarez-Pallete, le PDG de Telefonica. (Crédits : Reuters)

Après plusieurs années de vaches maigres, Telefonica a signé, au début du mois, un troisième trimestre solide. L'opérateur historique espagnol a fait état d'une stabilisation de ses ventes, à 10,3 milliards d'euros. Mais dans le même temps, son bénéfice, lui, a grimpé en flèche. Il a atteint 502 millions d'euros, contre 460 millions d'euros à la même période l'an passé. Surtout, ce montant est largement supérieur aux prévisions des analystes interrogés par Factset : ceux-ci tablaient, en moyenne, sur 242 millions d'euros.

Cette bonne dynamique a permis à l'état-major de Telefonica de confirmer ses objectifs pour l'exercice 2023 : à savoir une croissance de 4% des ventes, conjuguée à une hausse de 3% de son revenu brut d'exploitation. La direction s'est également engagée à verser un dividende d'au moins 0,30 euro par action à ses actionnaires jusqu'en 2026. Quelques jours plus tard, José Maria Alvarez-Pallete, le patron de l'opérateur, s'est félicité de ces résultats lors de la présentation de son plan stratégique pour la période 2023-2030. « Après des années de profonde transformation, nous avons retrouvé une trajectoire de croissance solide », a claironné le dirigeant. Il a indiqué qu'il voulait, ainsi, « avancer de manière décisive » pour désendetter le groupe », tout en « garantissant un dividende attractif aux actionnaires ».

Le désendettement reste la priorité

Cela dit, les « années de transformations » ne sont vraisemblablement pas terminées. Du tout même. Ce mardi, Telefonica a annoncé qu'il comptait tailler dans ses effectifs. Aucun chiffre n'a été avancé par l'opérateur, dont les précisions sont attendues la semaine prochaine. Mais la presse espagnole affirme que 2.500 à 5.000 salariés seraient concernés. C'est beaucoup, même en prenant le bas de la fourchette, sachant que Telefonica compte aujourd'hui 21.000 collaborateurs. L'opérateur n'en est pas à son coup d'essai. Ces dernières années, ce sont pas moins de 15.000 postes qui ont été supprimés via différents plans de départs volontaires.

Cette nouvelle politique de réduction de la masse salariale intervient alors que l'opérateur souhaite activement réduire sa dette, qui avoisine les 26 milliards d'euros. En parallèle, le groupe ne s'interdit pourtant pas de grosses emplettes. Il a notamment annoncé, ce mois-ci, le lancement d'une OPA sur les 28% de sa filiale allemande qui ne lui appartiennent pas, pour près de 2 milliards d'euros.

Forte concurrence

Si Telefonica continue de réduire ses coûts, c'est notamment parce que la compétition demeure féroce en Espagne. L'opérateur pourrait notamment faire les frais d'un mariage entre Orange Espagne, son dauphin sur ce marché, et MasMovil, le numéro quatre. Cette opération, si elle décroche le feu vert de Bruxelles, pourrait accoucher d'un concurrent d'envergure et capable de lui faire l'ombre. Telefonica a déjà beaucoup souffert, ces dernières années, d'une forte compétition et d'une intense guerre des prix.

Enfin, Telefonica fait aujourd'hui l'objet de grandes manœuvres. Au mois de septembre, le saoudien STC est devenu l'actionnaire de référence de l'opérateur, en prenant 9,9% du capital. Cette arrivée a suscité de vives critiques en Espagne. Le gouvernement s'en est notamment inquiété, au regard du caractère stratégique de l'opérateur historique. L'exécutif réfléchirait d'ailleurs, selon la presse espagnole, à prendre une participation minoritaire pour faire contrepoids au fonds saoudien... Les prochains mois s'annoncent décidément agités pour le géant espagnol des télécoms.

Pierre Manière

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 29/11/2023 à 19:39
Signaler
comment transformer une utility en action speculative, ils ont joue avec le feu, maintenant ils sont dos au mur, et tout seuls

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.