Explosion du commerce en ligne, bond du cloud... La folle croissance d'Amazon, amplifiée depuis un an par les effets de la pandémie du Covid-19, semble sans fin. L'ogre du e-commerce a annoncé jeudi avoir triplé son bénéfice net, à 8,1 milliards de dollars entre janvier et mars, lors de la présentation de ses résultats trimestriels.
Son chiffre d'affaires a bondi de 44% sur un an, pour s'établir à 108,5 milliards de dollars. Une performance bien au-delà de ses propres prévisions et des attentes du marché. Le cours de son action, qui a déjà grimpé de 45% en un an, s'appréciait de 4% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York.
"C'est une accélération par rapport à la croissance de toute l'année dernière, et une autre indication que le coup de pouce aux affaires d'Amazon en 2020 ne montre aucun signe de déclin", a commenté auprès de l'AFP Nicole Perrin, analyste du cabinet eMarketer.
Dopé par les restrictions sanitaires, Amazon continue de profiter de l'appétit croissant des consommateurs pour le commerce en ligne : ils achètent davantage et toujours plus rapidement. "Les clients effectuent 28% de leurs achats sur Amazon en trois minutes ou moins, et la moitié de tous les achats sont terminés en moins de 15 minutes", se félicitait Jeff Bezos, fondateur et Pdg d'Amazon, dans sa lettre annuelle aux investisseurs publiée à la mi-avril.
200 millions d'abonnés Amazon Prime
Cela se traduit aussi par une hausse des abonnés à son service "Prime", qui donne accès à des livraisons gratuites et rapides, ainsi qu'à ses services de streaming vidéo et audio. En France, le service est disponible pour 49 euros par an. Le géant américain revendique désormais 200 millions d'abonnés dans le monde - contre 100 millions en avril 2018. Rien qu'en 2020, il dit avoir séduit quelques 50 millions d'abonnés en raison de la crise sanitaire, qui a accéléré les achats sur Internet.
Avec tous ses signaux au vert, la firme de Seattle a entamé une nouvelle étape. Avant la pandémie, elle était uniquement rentable aux Etats-Unis sur le segment des ventes en ligne mais elle ne l'était jamais à l'international en raison de ses coûts logistiques énormes. Mais depuis un an, le groupe de Jeff Bezos a vu ses ventes bondir à l'international, lui permettant de passer dans le vert pour la première fois sur ce segment sur une année complète en 2020.
Cette tendance se poursuit : au cours du premier trimestre, Amazon a enregistré à l'international une hausse de 60% de ses ventes, lui permettant de dégager un bénéfice net de 1,3 milliard de dollars - contre une perte de 398 millions de dollars il y a un an. La hausse de son volume de distribution attire toujours davantage d'annonceurs, puisque la plateforme a vu ses recettes publicitaires gonfler de 77% sur un an, à 7 milliards de dollars.
Pas de signe de ralentissement
Au-delà de son cœur d'activité, la firme continue de tirer profit de sa filiale cloud, Amazon Web Services (AWS), véritable vache à lait du groupe. Celle-ci a généré un chiffre d'affaires de 13,5 milliards de dollars au premier trimestre (+32% sur un an) pour un bénéfice net de 4,2 milliards. "En seulement 15 ans, AWS est devenu une entreprise aux ventes annuelles de 54 milliards de dollars, faisant concurrence aux entreprises technologiques mondiales les plus importantes, et sa croissance s'accélère", s'est félicité Jeff Bezos dans un communiqué de presse.
Malgré la reprise progressive de l'économie traditionnelle et la levée des restrictions sanitaires, Amazon n'anticipe pas de signes de ralentissement. Le groupe table sur un chiffre d'affaires compris entre 110 et 116 milliards de dollars pour le trimestre en cours, soit 24 à 30% de plus sur un an. C'est pourquoi il souhaite notamment avancer au mois de juin le "Prime Day", sa journée de promotions qui se tient traditionnellement en juillet.
Seules ombres au tableau pour Amazon : les velléités de régulation de la part de l'Europe et de Washington, avec le gouvernement démocrate de Joe Biden. Le groupe, régulièrement critiqué pour les conditions de travail imposées dans ses entrepôts, est aussi au pied du mur sur le volet social.
Amazon cherche à redorer son blason
C'est pourquoi Jeff Bezos tente de redorer le blason du groupe. Dans sa lettre aux investisseurs, toujours très scrutée, l'homme le plus riche du monde dit ainsi vouloir "faire un meilleur travail pour nos employés". Et de poursuivre : "Selon moi, il est évident que nous devons avoir une meilleure vision de la façon dont nous créons de la valeur pour nos employés."
Il dit ainsi vouloir se "plonger dans les questions de sécurité" au travail pour réduire le nombre de blessures et d'accidents dans les entrepôts Amazon. Selon Jeff Bezos, 40% des accidents du travail chez Amazon sont liés à ce qu'il appelle des "troubles musculo-squelettiques". Alors que les cadences de travail et les objectifs de performances au sein des entrepôts sont régulièrement dénoncés, le groupe souhaite répondre à ces troubles via une organisation "automatisée des horaires de travail, permettant de faire tourner les employés à des postes faisant appel à différents groupes musculaires afin de réduire les mouvements répétitifs", détaille Jeff Bezos.
Le groupe a également annoncé mercredi une hausse des salaires pour 500.000 employés, sur les 1,3 million qu'elle emploie dans le monde. Ces augmentations iront de 50 centimes à 3 dollars de l'heure, soit une hausse moyenne de 40 dollars par semaine et par employé concerné.
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