Twitter attaque le gouvernement Trump en justice

Twitter a engagé une procédure judiciaire contre le département de la Sécurité intérieure ce jeudi 6 avril. Les autorités veulent obliger le réseau social à dévoiler les données personnelles de l'utilisateur d'un compte Twitter, qui critique ouvertement la politique de Donald Trump.
Grégoire Normand
En 2012, Twitter a déjà refusé de fournir les données personnelles d'un utilisateur à la justice américaine.

La bataille entre le gouvernement fédéral américain et Twitter prend de l'ampleur. Le réseau social a saisi jeudi 6 avril la justice contre une demande émanant de responsables fédéraux. Ces derniers ont réclamé les données personnelles de l'utilisateur d'un compte anonyme critiquant les actions de Donald Trump.

Une demande émanant du département de la Sécurité intérieure

La plateforme de microblogging déclare avoir reçu le 14 mars dernier une demande du département de la Sécurité intérieure pour obtenir l'identité du compte @ALT_uscis selon les documents consultés par l'AFP.

Le compte, dont le nom d'usage ALT Immigration a été crée en janvier dernier, se présente comme "une résistance de l'immigration". Les messages postés via ce profil critiquent ouvertement les décisions prises par l'administration Trump notamment sur les décrets visant à limiter l'immigration en provenance de certains pays. Il compte actuellement 127.000 abonnés. Sa photo de profil est un détournement du logo officiel des services fédéraux de la citoyenneté et de l'immigration (USCIS), orné des drapeaux des pays du monde entier, formant le symbole de la colombe de la paix.

Le premier amendement remis à l'honneur

Pour se défendre, le réseau social  a invoqué le premier amendement de la Constitution américaine. "Les droits à la liberté d'expression accordés aux utilisateurs de Twitter et à Twitter lui-même en vertu du Premier Amendement de la Constitution incluent un droit à diffuser des propos politiques anonymes ou sous pseudonymes". Le compte, mis en cause par les autorités américaines, a d'ailleurs publié un message jeudi soir relatif à la Constitution américaine.

Dans l'assignation de Twitter, consultée par l'AFP et Reuters (et disponible ici), la société estime que le gouvernement ne peut l'obliger à dévoiler le nom de l'utilisateur sans avoir démontré "qu'une infraction a été commise". L'exécutif américain doit également prouver, selon Twitter, que "la demande n'est pas motivée par la volonté de supprimer la liberté d'expression", rapporte l'agence de presse. Mais la Maison-Blanche serait loin d'avoir apporté de vraies preuves, souligne Twitter dans son assignation.

La plateforme a donc déposé une plainte devant le tribunal fédéral de San Francisco à l'encontre du département de Sécurité intérieure. La firme demande tout simplement l'annulation de l'injonction administrative. En soutien, l'association de l'Union américaine pour les libertés civiles a mis en ligne un message en faveur de l'anonymat pour l'utilisateur du compte.

"Nous nous réjouissons que Twitter résiste. Nous irons au tribunal pour défendre les droits de cet utilisateur relatif à l'anonymat sur internet".

Une galaxie de comptes alternatifs

À la suite des déclarations de la conseillère de Donald Trump sur les faits alternatifs et l'avènement d'une ère de la post-vérité, plusieurs initiatives relatives à des comptes "alt" (pour alternative) ou "rogue" (pour rebelle) ont fait leur apparition. Des fonctionnaires et employés de plusieurs agences fédérales ont dénoncé les mesures décidées par Donald Trump à travers ces comptes Twitter alternatifs. Selon Reuters, le compte Twitter mis en cause par la justice américaine serait animé par un employé de l'administration en charge de l'immigration. A l'heure qu'il est, le porte-parole de Twitter Nick Pacilio s'est refusé à tout commentaire. Le département de la Sécurité intérieure et celui de la Justice n'ont pas encore communiqué sur cette affaire.

>> Lire aussi : Sur Twitter, la fronde des fonctionnaires contre Trump s'amplifie

Un gouvernement à l'affût des données personnelles

Ce n'est pas la première fois que l'administration américaine ou la justice réclament des données sur les utilisateurs de la célèbre plateforme. En 2012, la direction de Twitter avait déjà refusé de livrer aux procureurs de New-York les données personnelles relatives à un compte animé par une personne membre du mouvement Occupy Wall Street arrêtée en octobre 2011.

Grégoire Normand

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Commentaires 2
à écrit le 08/04/2017 à 19:04
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La liberté d'expression pour certaine se résume à tu la ferme.... Belle exemple de liberte , bientôt il vous sera interdire de dire que vous n'aimer pas.... Avec tous s'est dictateur en herbe, la Liberte s'est de faire le béniouioui.... Chaque jours ...

à écrit le 08/04/2017 à 12:30
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Après la publicité de masse pour apple par le FBI, une publicité de masse pour twitter par le gouvernement américain. EN matière de business les américains auront toujours plusieurs longueurs d'avance c'est une certitude.

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