Valorisé près de 16 milliards de dollars, le controversé Palantir fait son entrée en Bourse

Palantir s'apprête à faire son entrée à Wall Street ce mercredi, avec un prix de référence de l'action de 7,25 dollars. L'entreprise de big data a fait le choix d'une cotation directe, une procédure atypique qui ne permet pas de collecter de l'argent frais.
Anaïs Cherif
(Crédits : Reuters)

Palantir fait son entrée en Bourse. L'entreprise de traitement de masse de données va être cotée au New York Stock Exchange sous le symbole "PLTR". Le prix de référence de l'action a été fixé mardi à 7,25 dollars. De quoi valoriser la société à 15,8 milliards de dollars pour son entrée à Wall Street.

Le groupe a opté pour une cotation directe, une procédure atypique déjà privilégiée par Spotify et Slack pour les entrées en Bourse respectives en 2018 et 2019. En effet, cette forme d'introduction inhabituelle ne prévoit pas d'émission de nouvelles actions, ce qui ne permet pas de collecter de l'argent frais. Elle permet uniquement aux actionnaires actuels - fondateurs, employés, investisseurs historiques - de revendre leurs titres s'ils le souhaitent. Réputée comme plus simple, la cotation directe permet aussi à l'entreprise nouvellement cotée d'économiser certains coûts, comme ceux liés aux commissions.

Selon ses documents boursiers, la société comptait un total de 2,173 milliards de titres au 1er septembre. Le prix de référence n'est pas un prix d'introduction en Bourse, a toutefois souligné le NYSE mardi, rapporte l'AFP. Il donne simplement une indication. Le prix de l'action de Palantir "sera déterminé par les ordres d'achat et de vente qui seront collectés par le NYSE auprès des courtiers". La "teneur" de marché chargé de garantir la liquidité du titre déterminera ensuite le prix d'ouverture, après consultation avec les conseillers financiers.

Lire aussi : Palantir: de Big Brother au big business

Une société controversée

Créé en 2004, après les attentats du 11 septembre 2001, Palantir a reçu à ses débuts des financements de la CIA. Souvent décrite comme secrète, l'entreprise controversée édite des logiciels de collecte et d'analyse de données, permettant d'établir des scénarios de prédictions. Parmi ses clients, des entreprises européennes comme Airbus et le Crédit Suisse, mais aussi des services de polices et de renseignements. Le groupe travaille notamment avec l'agence américaine en charge des douanes et du contrôle des frontières (ICE, pour United States Immigration and Customs Enforcement, la police aux frontières).

De quoi attiser les critiques. Palantir est régulièrement accusé de favoriser la surveillance de masse, de développer l'usage des algorithmes pour des prises de décision en matière de sécurité publique... En prévision de l'entrée en Bourse de l'entreprise américaine, Amnesty International a alerté sur les conséquences des technologies de Palantir sur les droits de l'Homme.

"Les technologies de Palantir permettent à l'ICE d'identifier, de partager des informations, d'enquêter et de suivre les migrants et les demandeurs d'asile afin de procéder à des arrestations et des descentes sur les lieux de travail", déplore l'ONG dans un communiqué de presse publié lundi.

Et de conclure : "Il existe un risque élevé que Palantir contribue aux violations des droits de l'Homme, des demandeurs d'asile et des migrants par la manière dont sa technologie facilite les opérations (de contrôle) de l'ICE."

Dans son document d'introduction en Bourse, Palantir défendait à la mi-septembre son modèle. "Les projets de logiciels conçus en partenariat avec notre armée et nos agences de renseignement, dont l'objectif est d'assurer notre sécurité, sont devenus controversés, alors que ceux construits sur des dollars issus de la publicité sont monnaie courante", en référence aux business model d'entreprises comme Facebook et Google, écrit Alex Karp, Pdg de Palantir.

Lire aussi : Avec Palantir, Peter Thiel part à l'assaut de Wall Street et du conformisme de la Silicon Valley

Anaïs Cherif

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Commentaire 1
à écrit le 30/09/2020 à 11:44
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Atypique mais saine, puisque diviser ses actions pour gagner plus c'est d'une mesquinerie totale mais le niveau désespéramment bas de la finance actuelle dévorée par sa pathologique cupidité.

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