Le rachat de Credit Suisse par UBS fait perdre 16 milliards de francs suisses d'obligations risquées

Le rachat de Credit Suisse par UBS est, selon les autorités suisses, la meilleure solution pour regagner la confiance des marchés. Reste que cette opération, longtemps impensable en Suisse tant les deux banques se ressemblent, suscite la colère de certains créanciers. Les détenteurs d'obligations à risque, dites Additionnal Tier 1, vont perdre 16 milliards de francs suisses. Même les actionnaires vont toucher une petite compensation par action, alors qu'ils passent d'ordinaire après dans l'ordre de priorité de remboursement en cas de faillite.
Les autorités suisses ont tout simplement décidé de faire porter une partie du fardeau financier aux détenteurs d'obligations à risque.
Les autorités suisses ont tout simplement décidé de faire porter une partie du fardeau financier aux détenteurs d'obligations à risque. (Crédits : DADO RUVIC)

Impensable il y a encore quelques semaines, la fusion entre Credit Suisse et UBS a finalement été actée. Après un intense week-end de négociations entre les deux banques suisses, le gouvernement fédéral et les régulateurs financiers (la banque centrale et la Finma), le numéro un du secteur bancaire en Suisse, UBS, a annoncé avoir accepté de racheter son rival pour une fraction de sa valeur boursière et avec d'importantes garanties financières gouvernementales, en cas de mauvaises surprises dans les comptes.

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16 milliards qui ne valent plus rien

Ce soutien exceptionnel de l'État fédéral helvétique « déclenche un amortissement complet de la valeur nominale de tous les emprunts AT1 de Credit Suisse pour un volume d'environ 16 milliards de francs », indique ce lundi 20 mars l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), dans le communiqué où elle approuve la fusion. Elle a ajouté que cela permet une augmentation des fonds propres de base de la banque.

Cette décision a suscité la colère de certains créanciers obligataires qui pensaient être mieux protégés dans le cadre de l'opération de sauvetage. Ces titres de dette, aussi connus sous le nom de CoCo, ont été créés dans le sillage de la crise financière de 2008 et entrent dans le calcul des fonds propres d'une banque. En cas de grave dégradation de la situation financière d'un établissement, ce dernier peut suspendre le paiement des coupons ou convertir les titres de dette en action.

Ces obligations risquées ont rencontré un grand succès en raison de leur rémunération élevée dans un contexte de taux en général morose. Les détenteurs de ces titres de dettes arrivent normalement avant les actionnaires dans l'ordre de priorité de remboursement en cas de faillite.

Or, les autorités suisses ont tout simplement décidé de leur faire porter une partie du fardeau financier dans le cadre du rachat de Credit suisse par son rival.

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Les actionnaires mieux lotis

Les autorités européennes de régulation redoutent cependant qu'une telle mesure ne sape la confiance des investisseurs dans le reste du secteur financier européen, avaient déclaré à Reuters dimanche deux sources au fait du dossier, sous couvert d'anonymat.

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À l'inverse, les actionnaires vont toucher au total 3 milliards de francs suisses ou 76 centimes par action. C'est très peu, même par rapport à la valeur déjà très dégradée du titre Credit Suisse de 1,86 franc à la clôture vendredi, mais c'est mieux que zéro.

« Le rachat donne naissance à une banque plus grande. La réglementation existante prévoit dès lors des volants de capital plus importants », a encore indiqué la Finma, qui précise qu'elle « accordera des délais transitoires appropriés pour leur constitution ».

Un nouveau géant suisse

Ce rapprochement crée en effet un géant financier de plus de 5.000 milliards de dollars d'actifs investis. Un montant qui n'a pas d'équivalent dans l'histoire suisse. Les activités de gestion de fortune d'UBS, déjà numéro un mondial du secteur, vont s'en trouver encore renforcées. L'an passé la branche internationale de cette activité contribuait à elle seule à près de 15% de ses 34,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Or, la gestion de fortune est également un des points forts de Credit Suisse, au coude-à-coude avec l'américain Morgan Stanley pour la deuxième place du podium. Elle représentait 22% des 22,4 milliards de francs de chiffre d'affaires.

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La banque d'affaires représente quant à elle 25,2% du chiffre d'affaires d'UBS, contre près de 20,6% chez Credit Suisse, avec de nombreuses activités similaires comme le conseil en fusion et acquisitions.

Les deux banques sont également actives dans la gestion d'actifs et dans la banque de détail en Suisse. UBS compte près de 200 agences dans le pays alpin contre 95 agences chez Credit Suisse. Cette branche, active notamment dans les hypothèques et crédits aux PME, est considérée comme un des joyaux de Credit Suisse.

UBS estime en tout cas que cette fusion devrait lui permettre de réaliser des économies annuelles de plus de 8 milliards de dollars d'ici 2027.

Pas d'impact sur la SNB

Premier actionnaire de Credit Suisse, la Saudi National Bank (SNB)a indiqué lundi que le rachat de cette banque en difficultés par sa rivale UBS n'affecterait pas ses plans de croissance. « Les changements de la valorisation des investissements de SNB dans Credit Suisse n'ont pas d'impact sur les plans de croissance de SNB », a indiqué l'établissement bancaire saoudien dans un communiqué.

(Avec agences)

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Commentaire 1
à écrit le 20/03/2023 à 9:08
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bon, maintenant faut regarder ou sont loges les 16 milliards, et la bonne chance....bon, par contre il est effectivement tres curieux de voir comment ca se passe sur le plan oblgataire/actionnarial! je pense que bcp vont revoir leurs strategies, ca v...

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