C'était assez prévisible. Le conseil d'administration de la Fondation de coopération scientifique (FCS) de Paris-Saclay n'a finalement pas élu jeudi soir son nouveau président, qui doit succéder à Paul Vialle, démissionnaire fin mars. C'est un conseil d'administration extraordinaire qui procèdera à l'élection mardi 19 avril.

Plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, les administrateurs de Saclay (*) sont dans une passe difficile qui leur impose de revoir leur stratégie. La démission de Paul Vialle, président de la FCS depuis 2009, est en effet la conséquence de la non présélection de Saclay pour les initiatives d'excellence du grand emprunt. Cet appel à projet doit sélectionné 5 à 10 campus de très haut niveau et de notoriété internationale pour un financement total de 7,7 milliards d'euros. Or Saclay était favori. Mais le nombre important de ses acteurs (pas moins de 23) et leur incapacité à mettre en ?uvre une stratégie commune forte et une gouvernance cohérente a joué en sa défaveur.

Une autre raison est plus formelle. Deux candidats, confirmés par la fondation, se sont déclarés : Dominique Vernay, président du pôle de compétitivité Systematic, diplômé de Supélec, déjà membre du conseil d'administration ; et Bernard Larrouturou, président du haut conseil scientifique de l'Onera, ancien responsable du CNRS et de l'Inria, ancien professeur de mathématiques appliquées, polytechnicien et connu pour son rapport en 2010 sur l'immobilier universitaire parisien. Cette dernière candidature est extérieure. Le conseil d'administration doit donc au préalable élire Bernard Larrouturou comme personnalité qualifiée à la place de Paul Vialle afin qu'il puisse se présenter à l'élection. Afin d'accélérer la procédure, un vote électronique va être organisé du 16 avril au 18 avril après quoi le conseil extraordinaire de mardi pourra procéder au vote.

Deux candidats aux profils différents

Tous les membres de la fondation ont émis la volonté de participer au vote, ce que les statuts ne permettent pas. A défaut, mardi matin, ils pourront échanger avec les deux candidats avant le vote du conseil d'administration. Sa tâche ne sera pas aisée, les deux candidats ayant deux profils totalement différent. Dominique Vernay est plutôt "manager innovation", selon un bon connaisseur du dossier, avec peu d'expérience académique mais déjà rompu au fonctionnement de la fondation ; Bernard Larrouturou est un académique qui a dirigé plusieurs organismes de recherche, été administrateur de plusieurs entreprises (Bull, Thomson, Ilog..) et PDG de la société Simulog, mais il connaît moins les dossiers.

Quoiqu'il en soit, le futur président du campus de Saclay aura du pain sur la planche. Il devra mettre tous les acteurs en ordre de marche pour la prochaine présélection des initiatives d'excellence, prévue en septembre, et travailler en étroite liaison avec Jean-Marc Monteil, missionné récemment par le Premier ministre pour finaliser le projet scientifique de Saclay.

* AgroParistech, CNRS, CEA, Centrale, HEC, les Mines, Ensae, Ensta, ENS Cachan, Polytechnique, Supélec, IOGS, IHES, Enra, Inria, Institut Télécom, Onera, Systematic, Université Paris Sud-11, Université Versailles Saint-Quentin