"Dans certaines professions artisanales, le sentiment d'exaspération est à son comble"

Dans un entretien accordé à La Tribune, Alain Griset, le président de l'Assemblée permanente des chambres de métiers et de l'artisanat (APCMA), tire la sonnette d'alarme sur la situation économique de l'artisanat et sur le sentiment d'injustice qui prévaut face à une concurrence jugée déloyale. Une concurrence qui serait encouragée par l’État et acceptée par la société française.
"Dans de trop nombreux domaines, les professionnels souffrent du mille-feuilles réglementaire, fiscal et administratif", explique le président de l'APCMA.

Quelle est la situation économique des entreprises artisanales ?

Elle est catastrophique ! Et je pèse mes mots. Après une décennie de croissance, l'activité des entreprises artisanales est en chute libre depuis 2012. Selon la dernière enquête conjoncturelle réalisée par l'Union des professions artisanales (UPA), tous les secteurs ont vu leur activité décliner depuis trois ans. La situation est particulièrement critique dans le bâtiment, la fabrication et les hôtels-café-restauration.

Vous évoquez les difficultés du bâtiment. Les récentes annonces du gouvernement pour relancer l'activité de ce secteur sont-elles insuffisantes ?

Je ne peux pas présager de leurs effets éventuels. Mais elles prendront du temps avant de se traduire par une augmentation de mises en chantier. En attendant, les carnets de commande sont vides. La mise à la diète de l'Etat et des collectivités territoriales n'arrange rien.

 Que peut faire le gouvernement ?

Il aiderait beaucoup les entreprises artisanales s'il ne permettait pas, voire s'il n'encourageait pas les situations de concurrence déloyale.

Vous voulez parler de la concurrence des auto-entrepreneurs ?

Non, ce problème est en passe d'être réglé, même si nous attendons toujours un alignement des régimes fiscaux et sociaux avec les autres différents régimes. Ce que je dénonce, c'est la multiplication des statuts, des autorisations, des régimes qui permettent à tout un chacun d'exercer une activité sans être obligé de s'inscrire au registre des métiers, d'être formé, de s'assurer, de verser des cotisations sociales. Bref, le travail au noir est encouragé à la vue de tous.

Vous visez les sociétés de transport de personnes ?

Elles ne respectent pas les mêmes règles que les artisans taxis, c'est un fait. La justice française a d'ailleurs condamné l'une d'entre elles récemment parce qu'elle avait tenté de faire passer son offre pour du covoiturage. Mais ce ne sont pas les seuls exemples. Par ailleurs, au sein même du secteur artisanal, des différences de traitement existent. Dans le secteur des métiers d'art, certains bénéficient par exemple d'un régime de faveur puisqu'ils versent moins de cotisations sociales. Il en est de même pour les agriculteurs qui exercent des activités artisanales.

Mais la concurrence a toujours existé !

Bien sûr ! Le travail au noir également. Mais lorsque les mauvaise années s'enchaînent, que le nombre de défaillances d'entreprises ne cesse de progresser, la colère monte face aux injustices.

 La colère ? Vous craignez des débordements ?

Dans certaines professions, le sentiment d'exaspération, en France, est à son comble. Lors d'un récent déplacement en Allemagne, j'ai été frappé, à l'inverse,  par la  confiance des artisans allemands dans leur économie. Selon une enquête publiée par le ZDH, notre homologue allemand, 90% d'entre eux ont confiance en l'avenir. Le contraste avec la situation actuelle en France est saisissant.

Pourtant, le gouvernement a multiplié les annonces en faveur des entreprises. Les entreprises artisanales en bénéficient comme les autres.

Certes. Mais les nouvelles mesures comme le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi [CICE]  ou les allégements de cotisations patronales contenues dans le Pacte de responsabilité ne font que compenser l'augmentation de la pression fiscale subie lors des deux premières années de quinquennat. Et comme la conjoncture ne cesse de se dégrader, les artisans continuent de souffrir.

Quelles seraient les solutions pour apaiser la société et relancer la machine économique ?

Dans de trop nombreux domaines, les professionnels souffrent du mille-feuilles réglementaire, fiscal et administratif. La France souffre de l'inertie que cette sur-administration provoque. Il faut libérer les énergies en faisant , point par point, table rase du passé, ce qui permettrait de mettre fin à des exemptions qui n'ont plus lieu d'être,  et surtout de reconstruire un nouveau modèle en partant des solutions qui marchent. Ce n'est qu'à cette condition que le sentiment d'injustice disparaîtra.

Ne distinguez-vous pas, dans la situation actuelle, quelques points positifs ?
Si. Le nombre de candidats à l'apprentissage augmente. C'est un signe encourageant. Il reste maintenant à leur trouver des entreprises qui les embaucheront et des maîtres d'apprentissage. Or, les dernières réformes de l'apprentissage ont découragé les premières et provoqué une certaine crise des vocations des seconds...

Commentaires 12
à écrit le 04/11/2014 à 17:29
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il y a bien une solution pour endiguer le travail au noir et les distorsions de régimes fiscaux/ sociaux. 1- rendre les individus libre de s'assurer socialement, par eux mêmes. la patron verse le salaire complet et ne s'occupe plus de rien. le sal...

le 17/11/2014 à 20:59
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Idées qui semblent intéressantes ! Un parti (ou plusieurs) ont-ils étudié ces suggestions ??

le 17/11/2014 à 21:05
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En y réfléchissant, Je vois un gros problème à la 2e suggestion : cela revient à taxer ceux qui brassent beaucoup d'argent, même s'ils en gagnent peu !

à écrit le 04/11/2014 à 16:20
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bal bla bla

le 04/11/2014 à 20:38
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C'est bon ça comme réponse !!! Ca montre à quel niveau vous vous situez !

à écrit le 04/11/2014 à 11:36
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Je ne comprends pas comment les gens peuvent dire sans tiquer qu'on est passé d'une situation d'avant 2008 où tout allait à peu près bien à une situation de maintenant où tout va mal !!! Franchement, est-ce que le nombre de lois a augmenté en 6 ans? ...

à écrit le 04/11/2014 à 11:16
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1- au sujet des AE si ce monsieur attend toujours un alignement sur les cotisations avec les autres régimes il faudra dans un souci d'équité que l'on pense à en aligner les avantages (récupération de Tva, déduction des charges auxquels les AE n'ont p...

à écrit le 04/11/2014 à 10:08
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TOUS LE MONDE SAIS QUE LES ARTISANTS ET LES PETIT ENTREPRENEURS SOUVRENT DE LA PAPERASSE ADMINITRATIVE ET DES CHARGES TROP ELEVEZ ? DONC MAINTENANT IL FAUT ET ARRETER D EN PARLEZ IL FAUT AGIR???

à écrit le 04/11/2014 à 9:46
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Les artisans, commerçants, TPE galèrent, cela est un fait. Bien qu'ils soient vecteurs d'emplois, réactifs et actifs, ils sont peu entendus. On entend peu parlé de l'UPA. On entend bien plus parlé du Medef. Question de moyen et de com. Ceci dit, il e...

à écrit le 04/11/2014 à 8:11
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quand ça va bien ,c'est grâce à nous ,quand ça va pas c'est la faute des autres .

le 04/11/2014 à 8:36
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c'est le classique du chef d'entreprise cela dit c'est humain; chez les politiques c'est ' quand ca va c'est moi, quand ca va pas c'est merkel, la bce et les chinois' ( cette phrase n'est d'ailleurs pas de moi mais de ... jacques attali!)

à écrit le 04/11/2014 à 7:39
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Ce n'est pas la concurrence qui est déloyale c'est notre administration du 19 eme siècle et communiste de surcroît!!! Evidemment les autres pays ne sont pas assez idiots que pour nous copier.

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