L'invasion Airbnb, une préoccupation majeure pour Paris

Endiguer les dérives provoquées par les plateformes de type Airbnb est l'une des préoccupations majeures de la mairie de Paris. Son opération coup de poing menée cette semaine contre les locations touristiques illégales en est la preuve.
Mathias Thépot
Comment empêcher les locations illégales par le biais de plateformes de type Airbnb ?

Et si à terme, Airbnb faisait de Paris une ville musée ? Le site d'annonces de locations meublées touristiques se développe de manière exponentielle dans la capitale, et y affiche environ 50.000 offres. Par le biais de ce type de plateforme, de plus en plus de propriétaires préfèrent, pour gagner davantage, louer à des touristes pour de courtes durées, souvent de manière illégale, plutôt que de loger un parisien sous un bail de location classique.

Une situation qui préoccupe fortement les élus parisiens. « Les locations meublées touristiques illégales sont un phénomène galopant », s'inquiète Ian Brossat, adjoint au maire de Paris chargé du logement. Au total, ce sont entre 20.000 et 30.000 appartements qui sont loués pour de courtes durées de manière illégale à Paris, principalement par le biais de la plateforme Airbnb, une chiffre certes encore faible au regard du total d'1,3 million de logements situés intramuros.

La population baisse dans les arrondissements touristiques

Du reste, « on ne peut pas d'un côté faire des efforts considérables pour réaliser 10.000 nouveaux logements par an, et en parallèle perdre des surfaces d'habitations à cause des locations touristiques illégales », indique Ian Brossat. Dans les statistiques, le développement frénétique des locations meublées touristiques commence en partie à se matérialiser. Selon son dernier recensement, l'Insee constate que les 1er, 4ème et 6ème arrondissements parisiens, parmi les plus prisés des touristes, perdent des habitants.

Comme dans beaucoup d'autres grandes villes mondiales, l'invasion d'Airbnb devient l'une des préoccupations majeures de la municipalité. Anne Hidalgo ne veut pas que l'on se souvienne de son action comme celle d'une maire qui aura laissé ce phénomène se développer au détriment du bien-être des parisiens. D'autant que c'est un mauvais pari électoral : à Barcelone, la nouvelle maire Ada Colau a été élue sur le thème de la régulation des locations sauvages, notamment par le biais d'Airbnb, avec des slogans comme « Barcelone ne finira pas comme Venise ». Les Barcelonais reprochait à la municipalité précédente d'avoir fait de leur centre-ville une véritable cité à touristes.

Opérations coup de poing

Pour ne pas en arriver là, la mairie de Paris mène notamment des opérations coup de poing dans les quartiers où l'offre de locations saisonnières illégales est importante. « L'idée est de sanctionner les multipropriétaires récidivistes qui sont des professionnels de l'hôtellerie clandestine », martèle Ian Brossat. Ainsi mardi et mercredi derniers, dans les 1er et 6ème arrondissements, les services de la mairie de Paris ont perquisitionné plusieurs centaines de logements afin de dénicher ceux qui seraient loués de manière illégale pour de courtes durées.

Ces arrondissements sont pourtant dirigés par des élus de l'opposition, Jean-François Legaret et Jean Pierre Lecoq, mais ces deux élus ont largement soutenu l'initiative de la municipalité. Une telle entente politique « est rare », constate l'élu PCF Ian Brossat, qui ajoute que « sur le reste des sujets politiques, on n'est jamais d'accord ». Preuve que la lutte contre les dérives Airbnb dépasse les clivages politiques et devient un sujet de bien commun. « On s'accorde sur le fait que Paris ne peut pas devenir un parc à touristes », note Ian Brossat.

Une politique hyper contraignante

En mai dernier, déjà 2.000 logements avaient été contrôlés dans les 3ème et 4ème arrondissements par les services de la mairie de Paris. « Et 5 % d'entre eux étaient en situation d'infraction », ajoute-t-il. Ce qui avait donné lieu à des amendes, à des remises en location résidentielle, ainsi qu'à des changements d'usage en locaux commerciaux. Sur ce dernier point, la politique de la mairie de Paris est très contraignante car elle veut maintenir un maximum de surfaces d'habitations disponibles.

En effet dans la loi, une location meublée touristique doit avoir un statut commercial et non résidentiel. Or, à Paris, le changement de statut d'un local résidentiel en local commercial doit être assorti d'une compensation. Concrètement dans les arrondissements du centre de la capitale (du 1er au 9ème) où l'offre de logements est largement insuffisante, la règle impose au propriétaire en contrepartie d'un changement d'usage, d'acheter un autre local commercial d'une surface deux fois supérieure qu'il devra ensuite transformer en local d'habitation. Et dans les autres arrondissements (du 10ème au 20ème), la règle impose en contrepartie au propriétaire d'acheter une surface commerciale équivalente et de la transformer en logement. De quoi endiguer les pertes de surfaces d'habitations.

Alliance internationale

Mais ces mesures, aussi dissuasives soient-elles, sont encore largement insuffisantes pour contrecarrer la montée en puissance des pratiques illicites sur des plateformes de type Airbnb. Une municipalité isolée, certes importante, ne peut lutter contre les forces puissantes du marché. Elle a besoin d'appuis. C'est pourquoi la Ville de Paris demande d'une part à l'Etat de relever les plafonds d'amendes, peu dissuasifs pour les multipropriétaires récidivistes, de 25.000 à 100.000 euros.

Et d'autre part la municipalité souhaite créer une alliance internationale avec les villes de Barcelone, Madrid et New-York, confrontées comme Paris aux dérives d'Airbnb, pour instaurer un rapport de force, et contraindre la société américaine - valorisée plus de 25 milliards de dollars - et ses concurrents à communiquer des informations sur leurs clients. Une telle lutte serait possible car « ces sites sont complices en hébergeant des annonces illégales !», commente Ian Brossat. La capitale française souhaiterait notamment qu'Airbnb bloque les annonces mises en ligne plus de 120 jours par an sur son site, ce que la firme rejette.

Où est le partage ?

Airbnb se dit pour l'instant prête à informer ses propriétaires clients du droit en vigueur, mais il est hors de question pour la plateforme de donner accès à ses fichiers aux autorités. Ce comportement est aussi la preuve qu'Airbnb s'éloigne des valeurs d'amitiés et de partage qu'elle aime mettre en avant dans sa communication. Elle estime faire partie d'un monde pleinement concurrentiel et refuse de coopérer pleinement. Or « avec les locations touristiques illégales, nous sommes dans une économie de la prédation pure et simple. On n'est pas du tout dans l'économie du partage », regrette Ian Brossat.

Par moment, la plateforme américaine assume l'objet de son activité : créer des compléments de revenus à ses clients, avec des slogans publicitaires comme « mon appart' aide à financer mon premier film » ou « ma chambre d'amis paie ma moto vintage ». Assurément, Airbnb est avant tout, pour un propriétaire, un moyen de gagner de l'argent.

Mathias Thépot
Commentaires 36
à écrit le 10/05/2016 à 0:52
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Quel culot cette macrelle ! Elle devrait s'attaquer aux spéculateurs banques et autres institutionnels qui ont des milliers de mètres carrés inoccupés depuis des décennies , on en parle plus de ca! Airbnb signe la fin de l'hôtellerie et bla-bla-bla ....

le 11/07/2017 à 13:03
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tout depends de quel coté de la barrière on ce trouve, il faut aussi comprendre que de plus en plus de propriétaire préfères faire du AIRBNB que de la location longue durée, deja que c'était difficile avant leur arrivée, il est quasi impossible de s...

à écrit le 03/02/2016 à 11:44
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Bon, très bien, ils fraudent, c'est pas bien. Mais les gens qui viennent à Paris, qui vont dans les restos, qui dépensent leur argent lors de leur passage à Paris viendraient 'ils dans les hôtels parisiens, souvent très chers, souvent complets ? Ne p...

le 25/04/2016 à 15:46
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Il se trouve que selon le magazine challenge qui s'appuie sur les chiffre de l'association Ah top " 80 % des clients de ces sites (airbnb et autres) sont en réalité d'anciens clients d'hôtels"

à écrit le 20/01/2016 à 3:39
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airbnb c'est vachement bien. J'ai fait 2 fois 1 semaine de vacances cette année (2 endroits différents en France - Paris leMarais et Bordeaux Centre) et en partant j'ai demandé une réduction/remboursement significatif sans quoi ... je laisse entendre...

le 20/04/2016 à 21:28
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Pas de quoi être fier, votre comportement de chantage à la délation après en avoir profité est vraiment en dessous de tout !!!

le 16/05/2016 à 11:10
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J'aurais pas aime vous avoir comme voisin de palier en 39-40.

à écrit le 19/01/2016 à 15:09
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Cette recrudescence des visites domiciliaires des inspecteurs de la Ville de Paris devrait nous remémorer que dans chaque socialiste sommeille un tchekiste qui s'ignore. La mairesse de Paris se rêve en "Big Sister" et, ce faisant, porte une atteinte ...

à écrit le 18/01/2016 à 13:40
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@Lili 16/01/2016 21:54 Merci pour votre réponse. C'est ce que je pensais mais la question posée est de savoir si la Mairie a le droit de vérifier. A mon humble avis, ce serait plutôt du ressort de l'Administration fiscale. @Alatar 17/1 Il a été t...

à écrit le 18/01/2016 à 0:37
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Du point de vue du propriétaire habitant, ou du locataire titulaire, le meublé qu'il met en location temporaire ne peut évidemment faire l'objet d'une location pour habitation : soit qu'il est en mission à l'étranger pour quelques mois seulement, soi...

à écrit le 17/01/2016 à 10:52
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Attention, on va voir défiler un cortège de beaufs qui vont se plaindre en accusant la Mairie de Paris de faire simultanément dans le Communisme et dans le Nazisme. En effet, selon eux : - Contrôler que nos chers multipropriétaires ne se servent pa...

le 17/01/2016 à 13:14
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Voilà une défense bien creuse: - on attaque le bien fondé des lois et vous critiquez ceux qui les violeraient. Cela s'appelle déplacer le débat. Et oui, les mesures prises par l'état et la mairie de Paris sont liberticides et le plus souvent contre-...

le 18/01/2016 à 9:32
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@eh ben Je passerai sur le fait que selon vous l'Allemagne de Merkel ou le New York de BIll De Blasio (affilié au Parti Démocrate US, dont la ligne serait à peu près comparable en France à un mélange de MoDem, UDI et DSK/Macron) sont des hauts-lieux...

le 18/01/2016 à 22:25
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Je ne mentionne nulle part Merkel. Je répondais seulement concernant les villes citées en exemple: Barcelone et NYC. Je ne défends pas le concept en soi, mais la liberté de chacun de jouir de ses biens ainsi qu'il l'entend. Des conséquences désastre...

le 19/01/2016 à 9:30
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@à Alatar "Je ne mentionne nulle part Merkel. Je répondais seulement concernant les villes citées en exemple: Barcelone et NYC." Je l'ai mentionnée parce qu'elle pratique des mesures qui, lorsqu'elles sont appliquées à Paris, font hurler au communi...

à écrit le 17/01/2016 à 9:34
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Quand j'étais propriétaire, avec le petit appartement que j'avais acheté venait une chambre de l'autre côté du pallier. La gardienne de l'immeuble me l'avait demandé pour son petit ami. Je lui ai loué et déclaré. J'ai dû vendre mon appartement et la ...

le 20/01/2016 à 18:27
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"J'ai compris qu'en France le droit protège le locataire (l'exploité) et condamne le propriétaire (l'exploiteur)... et que la fiscalité fait de même." : La fiscalité fait de même? Locataire, je paye via la TA les infrastructures pour des pauvres prop...

le 01/02/2016 à 9:13
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Et pourtant, les gens veulent faire de l'investissement locatif, il faut croire que c'est pas si terrible que ça alors d'être bailleur?

à écrit le 17/01/2016 à 9:34
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Quand j'étais propriétaire, avec le petit appartement que j'avais acheté venait une chambre de l'autre côté du pallier. La gardienne de l'immeuble me l'avait demandé pour son petit ami. Je lui ai loué et déclaré. J'ai dû vendre mon appartement et la ...

à écrit le 17/01/2016 à 6:06
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Quelle extraordinaire inversion des faits et des causes. Bien une vision socialiste de la réalité. Ce seraient donc les méchants acteurs privés qui mettraient à mal les grands plans de nos élus... Quelles fariboles. Ce serait amusant si ce n'était s...

à écrit le 16/01/2016 à 14:12
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Une question probablement idiote: sur quelle base juridique la Mairie peut-elle contrôler l'usage d'un appartement ? Une constatation: la "fraude" de 5% me paraît assez faible. Cordialement

le 16/01/2016 à 21:54
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Fausse déclaration fiscale ! Résidence déclarée comme principale alors que ce n'est pas le cas !

à écrit le 16/01/2016 à 13:52
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Si c'était plus rentable de louer à des particuliers plutôt qu'à des touristes il n'y aurait pas le problème. Mais nos gouvernants ont préféré avec une série de lois favoriser le gentil locataire plutôt que le méchant propriétaire et après ils pleure...

le 16/01/2016 à 17:48
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Le touriste est là pour une durée courte, il veut se faire plaisir, il peut sortir un budget important pour une durée courte, contrairement au travailleur qui lui à un budget à respecter. Le locataire est "favorisé" par la loi pour une raison : il...

le 16/01/2016 à 22:00
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Il y a un tas de naifs qui s 'imaginent que les loyers, c'est tout bénef. Quand ils comprennent que c'est pas comme ça que ça marche et que faire 2 % net c'est la norme, ils cherchent à faire 10 fois plus, pour gagner de l'argent sans travailler ni p...

le 17/01/2016 à 6:16
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Voilà bien un commentaire qui symbolise tout le désastre français. Un discours d'envieux ou d'aigris qui voient en l'abus des politiques la justice immanente dont ils rêvent. Vous confondez la cause et l'effet. C'est l’immixtion de l'état là où il n'...

le 01/02/2016 à 18:02
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"mais pour cela il faudrait que le marché soit libre" Pour qu'il soit vraiment libre il faut ôter les aides au logement, toute subvention à l'achat, et taxer les revenus issus des fesses posées dans le fauteuil comme une entreprise.En seriez-vous ...

à écrit le 16/01/2016 à 13:15
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Encore un article à charge, tout droit sorti des QG de la Mairie de Paris : la chasse aux sorcières continue. On se croirait dans les Années 40. Continuez comme ça, ça fait de la pub à AIRBNB !

le 16/01/2016 à 22:02
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Oui ! Moi j'attends qu'on demande aux français de participer à la chasse aux truands fiscaux. Moi je participe, puisqu’il n'y a pas assez de fonctionnaires aux impôts pour être efficace dans cette chasse.

à écrit le 16/01/2016 à 13:13
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Mon expérience personnelle: effectuant des travaux dans mon appartement pendant un mois j'ai décidé de louer un appartement près de chez moi par AirNb. J'ai eu quelques problèmes d'électricité durant mon séjour et en en informant les propriétaires, j...

le 16/01/2016 à 16:27
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C'est faux, il y a une assurance responsabilité civile qui est automatiquement souscrite à chaque location.

le 16/01/2016 à 22:05
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Et Thomas ! Vous y croyez à ce que vous dites ! Un assurance qui va assurez un bien professionnel sans visite, controle technique et sans que les règles pour l'acceuil de public soient m^me évoquées, ca serait une folie !!!

à écrit le 16/01/2016 à 11:45
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bienentendu, ca ne viendra a l'idee de personne de se demander pourquoi plus personne ne veut louer a des particuliers..................

à écrit le 16/01/2016 à 11:44
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Ah c'est dur le libéralisme pour nos élites socialistes

le 16/01/2016 à 22:08
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C'est dur surtout pour les travailleurs (les vrais) honnêtes, auxquels on retire des droits progressivement. Les socialistes, on sait plus trop ou ils sont !

le 17/01/2016 à 11:54
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le libéralisme est morribond,il n'y a qu'a voir l'état de l'économie américaine.il reste encore quelques bobos dans notre pays a qui on fait croire que la fiscalité est confiscatoire et que la solidarité est has been.rappelons que les nuits d'hotel s...

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