Les agents immobiliers gardent un goût amer du quinquennat Hollande

La ministre du Logement Emmanuel Cosse a dressé le bilan du quinquennat Hollande face aux agents immobiliers lors du congrès annuel de la fédération nationale de l'immobilier (Fnaim). Sans pour autant enthousiasmer son auditoire.
Mathias Thépot
La ministre du logement Emmanuelle Cosse s'est exprimée devant les professionnels de l'immobilier ce mardi.

Ce mardi 6 décembre, c'était donc la dernière fois du quinquennat de François Hollande qu'un ministre du Logement se présentait face aux agents immobiliers, lors du congrès annuel de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim). Entre la profession et leur ministre de tutelle, les relations furent très tendues durant les premières années du quinquennat, lorsque Cécile Duflot, qui portait au Parlement sa loi Alur, était ministre du Logement. Ce n'est qu'après son départ, sous Sylvia Pinel et désormais sous Emmanuelle Cosse, que les tensions se sont quelque peu apaisées. Reste que les souvenirs des années Duflot étaient bien tenaces dans les gradins du palais des congrès de la Porte Maillot, où se déroulait cette semaine le congrès de la Fnaim.

Crispation

En effet, lorsque Emmanuelle Cosse s'est félicitée lors de son discours devant les agents immobiliers de la politique du Logement menée lors du quinquennat écoulé : « Un quinquennat de mobilisation », selon elle, lors duquel il y eut « de grandes avancées », son auditoire s'est fortement crispé.

Certes, la ministre a conclu son discours sous les applaudissements d'une grande partie de la salle, mais cela a surtout déclenché l'ire d'autres spectateurs. « C'est un scandale d'applaudir ! » ont lancé certains professionnels du secteur, absolument pas convaincus par le discours de la ministre.

Emmanuelle Cosse avait pourtant détendu l'atmosphère lorsqu'elle a très fermement affirmé son intention de réguler les plateformes de type Airbnb, sur lesquelles des particuliers s'improvisent parfois professionnels de l'immobilier, sans qu'ils soient soumis au même cadre réglementaire. Ce qui crée de fait une forme de concurrence déloyale. Preuve qu'il arrive aussi que le gouvernement et les acteurs de l'immobilier tirent dans le même sens.

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Reprise de l'activité

Plus globalement, les relations sont meilleures car l'activité est repartie en forte hausse ces derniers mois, après trois années difficiles en 2012, 2013 et en 2014. En 2016, le nombre de transactions dans l'ancien devrait ainsi atteindre 840.000, selon la Fnaim. Un niveau record, même si en pourcentage du parc total de logements, c'est moins que lors de la période d'avant crise de 2008. Mais on peut tout de même dire que le secteur de l'immobilier est sorti de la crise cette année. Les tensions sont donc moindres avec le gouvernement en cette fin de quinquennat.

D'autant qu'à droite, la primaire a été marquée par une relative indifférence envers les acteurs du secteur de l'immobilier ancien. Le président de la Fnaim Jean-François Buet - qui regrette de ne pas avoir été consulté par l'entourage de François Fillon - s'en est plaint. Il a d'ailleurs dressé ce mardi un bilan très mitigé des propositions du candidat de la droite à l'élection présidentielle de 2017 en matière de logement. Il juge par exemple que les promesses de Fillon visant à baisser la TVA pour l'achat de la résidence principale, et à supprimer des droits de mutation à titre onéreux (DMTO), sont à caractère électoraliste et donc peu réalisables.

Changer le paradigme du logement social

Pour convaincre les candidats à quelques mois du scrutin, la Fnaim élabore donc ses propres propositions en vase clos. La principale concerne le logement social. Depuis plusieurs années maintenant, la fédération milite pour la création d'un statut du bailleur privé particulier, qui pourrait louer des logements à des loyers sociaux pour les ménages modestes en contrepartie d'une ristourne fiscale. Une sorte de « bail solidaire. » C'est la principale solution avancée par la Fnaim pour résoudre les blocages actuels sur le marché du logement. « Les trois quarts des Français peuvent prétendre à un logement social. Pourtant, seuls 17 % d'entre eux en bénéficient, alors que le parc de logements sociaux français est le deuxième plus grand d'Europe après celui du Royaume-Uni », déplore Jean-François Buet.

Les efforts importants fournis par l'Etat ne seraient donc pas suffisamment couronnés de succès. D'où, selon le président de la Fnaim, « la pertinence d'un véritable statut du bailleur privé » qui s'accompagnerait d'avantages fiscaux : « Chaque logement bénéficierait d'un amortissement minimum : majoré dans le neuf, renforcé pour les biens loués en bail solidaire, il concernerait aussi les travaux réalisés dans l'ancien, en particulier les travaux de rénovation énergétique. », détaille Jean-François Buet. Reste à savoir si la Fnaim sera entendue par les différents candidats.

Mathias Thépot
Commentaires 11
à écrit le 07/12/2016 à 10:03
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C'est vrai qu'il y a un frémissement en ce qui concerne l'achat de son logement personnel ,mais en ce qui concerne l'investissement pour louer à part le Pinel défiscalisé avec publicité renforcé ,plus personne n'achète pour louer en bon père de famil...

à écrit le 07/12/2016 à 9:29
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Arrêtez vous allez finir par nous le faire aimer ce hollande ! Qu'est-ce qu'il y a de pire comme profession qu'agent immobilier ? L'agent immobilier à part faire monter les prix des maisons de 10% minimum je vois pas du tout à quoi ça nous sert, ...

le 07/12/2016 à 15:08
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Le notaire est avant tut un collecteur d'impôts, celà devrait vous plaire et vous suffire.

à écrit le 06/12/2016 à 20:11
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Déjà avec la Loi Quillot déjà un socialiste mais surtout avec la Loi Duflot le bâtiment a été "touché - coulé". Voilà Monsieur "Moi Président" une conséquence négative pour la courbe du chômage. On dit merci à qui.......

le 07/12/2016 à 9:59
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Ne soyons pas aveugle. Les réglementations sur le logement ne sont peut être pas à la hauteur des attentes des professionnels, mais prétendre que cela se traduit par plus de chomage est certainement excessif. Quelles sont les entreprises qui font app...

à écrit le 06/12/2016 à 18:43
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C'est un secteur qui a été trop subventionné par les différents gouvernements faisant bondir les prix à la hausse, au détriment de l'économie facturière et du reste du marché. La reprise aura lieux le jour où les prix fluctueront à leur plus bas niv...

à écrit le 06/12/2016 à 18:40
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Même la fondation de l'Abbé Pierre, si prompte à s'ériger contre les expulsions des locataires de mauvaise foi, vient de reconnaitre que le gouvernement devait mieux protéger les petits bailleurs, c'est dire...

à écrit le 06/12/2016 à 18:00
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Amusant. Ils devraient remercier ce gouvernment à genoux pour avoir maintenu les aides à la pierre. Sans ces dispositifs qui bourrent la France de mauvais logement l'immobilier aurait fortement corrigé et les agents ne se palaindraient pas de quelq...

le 06/12/2016 à 19:12
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C'est vrai que ces années ont été inoubliables. Au début du quinquennat j'avais 3 logements en location dans Paris. 2 dans le quartier du Marais et un du côté de la porte des Ternes. J'ai vendu les deux premiers à des Stés italiennes pour avoir un...

le 07/12/2016 à 10:04
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@Candide quelle change de posséder 2 appartements dans le Marais et un autre à Paris Quelles sont vos raisons pour vendre ses appartement et ne plus les louer? Par votre attitude vous participez à la dégradation du marché de l'immobilier à Paris....

le 07/12/2016 à 15:17
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Gérard 71, je ne pense pas que vous ayez des qualités de fiscaliste avéré. Quand un bien, avec les risques d'investissement et d'impayés que celà comporte, ne vous rapporte guère plus de 1% au grand maximum avec les tracas que celà induit, je ne voi...

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