Pourquoi la croissance de 2016 sera inférieure aux prévisions de Bercy

Bercy prévoit officiellement 1,5% de croissance en France en 2016. Mais, au vu du premier semestre, il faudrait un redressement spectaculaire durant la deuxième partie de l'année pour atteindre un tel chiffre
Après avoir augmenté sensiblement au premier trimestre, le PIB a stagné au deuxième

Accident de parcours ou coup d'arrêt durable? La croissance économique a été nulle en France au deuxième trimestre, a confirmé vendredi l'Insee, rendant incertain l'objectif gouvernemental d'une hausse de 1,5% du PIB cette année, même si l'activité devrait retrouver de l'élan au second semestre.

Après un début d'année sur les chapeaux de roue, avec une croissance de 0,7% lors du premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a stagné entre avril et juin (+0,0%), selon des chiffres de l'Insee publiés vendredi, qui confirment une première évaluation communiquée fin juillet.

A l'origine de ce résultat décevant: un ralentissement de la consommation des ménages, mais aussi une baisse des investissements et un recul de la production, affectée par les mouvements sociaux contre la loi Travail, précise l'institut statistique.

Moteur traditionnel de la croissance française, les dépenses des ménages ont ainsi stagné entre avril et juin (0,0%), avec une baisse dans les services (-0,1%), attribuée notamment à "un contrecoup après l'achat des billets de l'Euro 2016 de football au premier trimestre". Les dépenses d'investissement se sont pour leur part repliées (-0,2%), alors qu'elles avaient augmenté de 1,3% au premier trimestre. La production, enfin, a reculé de 0,1%, après une hausse de 0,7% en début d'année, avec une chute notable dans le secteur des biens manufacturés (-0,9%).

De quoi menacer sérieusement la dynamique de reprise à l'oeuvre dans l'économie française? Pas forcément, selon Denis Ferrand, directeur de l'institut COE-Rexecode, pour qui les mauvais chiffres du deuxième trimestre sont en grande partie liés à la forte croissance du début d'année.

"Le suspense entretenu sur la prolongation ou non du dispositif de suramortissement (mécanisme de déduction fiscale sur les investissements productifs, ndlr) a poussé beaucoup d'entreprises à anticiper leurs investissements. Du coup, il y a eu un contrecoup au deuxième trimestre", explique-t-il.

Rebond limité?

Pour le gouvernement, qui a fait de sa capacité à tenir ses engagements budgétaires un argument politique, ce coup d'arrêt est néanmoins problématique, alors que Bercy doit trouver des marges de manœuvre pour bâtir son budget 2017, qui prévoit de nouvelles baisses d'impôts pour les ménages.

Jeudi, le Premier ministre Manuel Valls a assuré qu'il maintenait son objectif de croissance à 1,5% du PIB cette année. Pour cela, "il faut de la croissance au troisième et au quatrième trimestre. Nous avons le sentiment qu'il y en a", a-t-il argumenté.

Plusieurs signes, de fait, laissent entrevoir une embellie pour le second semestre. L'activité du secteur privé en France a ainsi enregistré en août sa plus forte progression depuis 10 mois, selon l'indice PMI Markit publié mardi. Le moral des ménages s'est pour sa part légèrement redressé, après deux mois de repli.

Autres éléments positifs: les mises en chantiers de logements neufs ont augmenté de 4,7% entre mai et juillet. Quant au climat des affaires, il est resté quasi stable en août, mais à un niveau légèrement supérieur à sa moyenne de long terme, après une amélioration sensible en juillet. Il y a des "éléments vraiment non négligeables qui donnent un peu de force à la dynamique de la reprise", souligne Hélène Baudchon, de BNP Paribas, qui cite également les "signes d'amélioration sur le marché de l'emploi" et "le redressement du taux de marge des entreprises".

1,5% de croissance en 2016? C'est assez peu probable

Mais cet élan reste limité: "les conditions ne me semblent pas réunies pour réenclencher la reprise française sur des rythmes trimestriels qui permettraient d'atteindre 1,5%", estime-t-elle. Pour l'heure, "l'acquis de croissance" - autrement dit la progression annuelle du PIB en cas de croissance nulle sur les deux derniers trimestres - s'établit à 1,1%. Pour atteindre les 1,5% visés par le gouvernement, il faudrait une croissance de 0,5% aux troisième et quatrième trimestre, voire un peu au delà.

"Deux trimestres consécutifs à 0,5%, ça n'est pas arrivé depuis 2010", rappelle Denis Ferrand, qui juge "peu probable" une telle performance, alors que l'Insee comme la Banque de France prévoient un rebond limité à 0,3% au troisième trimestre.

"Il y a eu des éléments négatifs qui se sont coagulés pendant l'été", rappelle M. Ferrand, en citant la "baisse de la fréquentation touristique", mais aussi "les mauvais résultats de la production agricole" et "l'incertitude liée au Brexit". Des obstacles de plus pour une réelle reprise de l'activité.

(Avec AFP)

Commentaires 20
à écrit le 28/08/2016 à 10:25
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Ce gouvernement a fait un travail tout à fait correct de redressement des comptes si l'on veut bien se donner la peine de les analyser et d'être objectif, donc un peu plus ou un peu moins de croissance n'est pas gênant sur le fond. C'est plus la situ...

le 28/08/2016 à 17:33
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Je suis d'accord avec vous le travail comptable est fait au mieux possible. Malheureusement le président Hollande s'est fait élire avec un programme qui prévoyais 2% de croissance grâce á ses réformes. Comme ils ne sont pas là chaque budget oblige ...

le 24/10/2016 à 13:13
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Votre parti-pris est révélé par vos mensonges. Comment osez vous parler d'objectivité, étant donné la catastrophe économique depuis 2012?

à écrit le 27/08/2016 à 16:50
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Pourquoi ? Tout simplement parce que les socialistes annoncent et vont continuer d'annoncer des chiffres mirifiques en vue des présidentielles. Le plus triste, c'est qu'il y a suffisamment de gogos pour y croire :-)

le 28/08/2016 à 14:16
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Il y a effectivement un bon nombre de gogos pour croire aux illusions, trompe l'oeil de la gauche... c'est personne représente 15 à 20% de l'électorat en France et c'est ce qui explique l'essentiel des problèmes en France. Le dicton populaire "L'Enfe...

à écrit le 27/08/2016 à 14:14
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La conclusion de votre article est tout à fait fausse : pour atteindre 1,5 % de croissance sur la base de l'acquis de croissance au T2 de 1,1 %, il n'y absolument pas besoin de 0,5 % au T3 et T4. Si le PIB français devait connaître une croissance de...

le 28/08/2016 à 13:59
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Votre calcul est erroné . Celui fait par l'économiste cité dans l'article a été vérifié et validé.

le 28/08/2016 à 17:07
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@pat1768 27/08/2016 à 4:08 et Pierre78 le 28/08/2016 à 14:25 et Chris 27/8 14:14 Benoit 27/8 et Tribune 28/8 ont raison. Il y a au moins un site qui explique plus explicitement avec des chiffres. Je ne le cite pas (copyright ?) mais il suffit de goo...

à écrit le 27/08/2016 à 11:36
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"Pourquoi la croissance de 2016 sera inférieure aux prévisions de Bercy ? " inutile de chercher midi à quatorze heures c'est parce que Bercy surévalue toujours ses prévisions !

à écrit le 27/08/2016 à 9:13
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la croissance potentielle de la france est a .........0 alors meme si ponctuellement elle s'ecarte de son potentiel via artefacts, elle finit par y revenir c'est juste une question de temps j'attend avec jubilation le -1.5% qui viendra equilibrer...

à écrit le 27/08/2016 à 4:08
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"Pour l'heure, "l'acquis de croissance" - autrement dit la progression annuelle du PIB en cas de croissance nulle sur les deux derniers trimestres - s'établit à 1,1%." Quelqu'un pourrait m'expliquer comment on obtient 1.1% sur l'année sachant qu'o...

le 27/08/2016 à 11:38
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Il n'y a pas longtemps que j'ai appris ceci par une personne qui ne poste plus ici. Source Insee. L'acquis de croissance d'une variable pour une année N correspond au taux de croissance de la variable entre l'année N-1 et l'année N que l'on o...

le 28/08/2016 à 14:25
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Oui, c'est effectivement bizarre. Et j'attends de voir Benoit (ci-dessous) mettre son copié-collé à exécution pour expliquer comment le 0.7 devient 1.1. Pour ma part, le 0.7 correspond à 2.8 en annualisé (en gros). Si les Q2-Q3-Q4 sont à 0, on re...

le 29/08/2016 à 15:10
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Pierre, je vous donne un indice l'année N-1 est 2015. A vous de calculer le reste.

le 30/08/2016 à 7:59
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PIB pour l’année 2015 à 2095,1 milliards d'euros. PIB 2016 estimé de 2118,8 milliards d’euros. Le montant du T1 2016, soit 529,7 milliards d’euros. On prend la même valeur pour les T2, T3, T4. Vous faîtes fait la différence entre 2016 e...

à écrit le 27/08/2016 à 4:04
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"un contrecoup après l'achat des billets de l'Euro 2016 de football au premier trimestre". Présenté comme ça, on pourrais penser que seuls les français on acheté des billets. Plutôt que de dire contrecoup au cours du 2ieme trimestre, il serait plus ...

à écrit le 26/08/2016 à 20:11
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Vous oubliez la baisse de la production de vin qui se fera sans doute sentir dans nos exportations. Le carburant monte, actuellement, donc mange notre pouvoir d'achat. Vous oubliez la probable hausse des différents impôts locaux qui lamineront l'épai...

le 28/08/2016 à 5:36
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LOL!vous oubliez le virus Zika!en vérité tout va plutot bien,mais vous vous évertuez a ne regarder que certains points noirs!

le 28/08/2016 à 14:28
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La France tient à peu près debout grâce au à la baisse du baril de pétrole, cela a soutenu l'activité. Par ailleurs, Hollande ne fait pas de politique de gauche, cela permet aussi de préserver un peu l'activité économique. En revanche, Hollande n'...

le 28/08/2016 à 20:30
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Cher Élu PS, je n'ai pas malheureusement pas besoin de chercher. Les nuages noirs arrivent d'eux mêmes. Je viens de lire -32 % pour le champagne, une baisse des liqueurs et spiritueux. Pas bol pour nos exportations de fin d'année. Ah j'oubliais le fo...

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