Etats-Unis : Donald Trump va-t-il faire exploser la dette américaine ?

En plus des baisses d'impôts, le président Donald Trump a promis un méga-plan d'investissements dans les infrastructures qui pourrait faire grimper la dette fédérale. Le défi sera de le faire accepter aux élus républicains du Congrès.
Jean-Christophe Catalon
Lors de la première rencontre entre Donald Trump et Paul Ryan (à droite) depuis l'élection, le méga-plan d'investissements n'a pas été évoqué.

Combien le programme de Donald Trump va-t-il coûter à l'Amérique ? L'iconoclaste candidat victorieux à la Maison-Blanche n'est pas un républicain comme les autres. Bien qu'il ait en commun avec le "Grand Old Party" (GOP) cette traditionnelle promesse de baisser massivement impôts et taxes, le 45e président des Etats-Unis ne veut pas lésiner sur les dépenses. Au contraire, celui-ci a réaffirmé lors de son discours de victoire son méga-plan d'investissements dans les infrastructures :

"Nous allons réparer nos quartiers et reconstruire nos autoroutes, ponts, tunnels, aéroports, écoles, hôpitaux. Nous allons reconstruire nos infrastructures, qui deviendront, d'ailleurs, les meilleures du monde [...] Et nous remettrons des millions de nos compatriotes au travail à mesure que nous reconstruirons."

Un plan à 1.000 milliards de dollars

Ce plan est au cœur du programme de Donald Trump, résumé sous son slogan de campagne : "Make America great again". Estimé à 1.000 milliards de dollars, il doit relancer l'économie des zones sinistrées, où vivent ces perdants de la mondialisation qui ont porté le candidat républicain à la Maison-Blanche.

La facture pourrait être lourde pour l'administration fédérale. Le déficit serait accentuer de 900 milliards à 1.000 milliards de dollars d'ici 2018, selon Stan Collender contributeur chez Forbes, portant le montant de la dette à 90% du PIB. Le Comité pour un budget fédéral responsable, estime que ce plan ajouterait 5.300 milliards de dollars à la dette, la faisant grimper de 77% aujourd'hui à 105% du PIB en une décennie.

Le conseiller économique de l'équipe de transition de Donald Trump, Anthony Scaramucci, se veut rassurant. L'"endettement historiquement bon marché" et les partenariats public-privé financeront le programme à bas coût a-t-il expliqué, selon Bloomberg.

Le déficit fédéral divisé par 2,5 depuis 2012

Il n'est pas certain que les arguments du camp Trump rassurent les élus républicains. Aux Etats-Unis, le contrôle du budget revient à la Chambre des représentants. Bien qu'elle soit tenue par les républicains, son appui aux décisions du 45e président n'est pas assuré. Car depuis 2011, où le GOP est devenu majoritaire, elle n'a cessé d'imposer au président Obama des restrictions budgétaires. Résultat, le déficit fédéral a été divisé par 2,5 entre 2012 et 2015, passant de 1.087 milliards à 438 milliards de dollars.

Certes, les républicains n'ont pas toujours fait preuve d'exemplarité budgétaire. Les administrations de Ronald Regan et des Bush père et fils, se sont soldées par des augmentations du déficit budgétaire. Outre les dépenses militaires, ces trous dans les comptes fédéraux s'expliquent par les baisses d'impôts décidées sous ces mandatures. Ces dernières restent la priorité des élus républicains aujourd'hui et figurent, du reste, en bonne place dans le programme de Donald Trump.

Construire l'unité avec les élus républicains

Ce dernier sait que la majorité des membres du Congrès n'est pas acquise à la cause de son plan de relance. Lors de la campagne, le Speaker de la Chambre des représentants, Paul Ryan, avait appelé à ne plus le soutenir. Le magnat new-yorkais est conscient de ce désamour. Le premier défi de Donald Trump est de construire l'unité dans son camp. Un combat amorcé avec la nomination de Reince Priebus, proche de Paul Ryan, comme chef de cabinet de la Maison-Blanche.

L'étape suivante est d'écarter son plan de relance car, une fois encore, la priorité des élus républicains reste la baisse des d'impôts. Le chef du GOP au Sénat, Mitch McConnell, a d'ailleurs rappelé vendredi son désaccord avec le plan du prochain président, déclarant qu'un "programme de dépenses publiques ne résoudra probablement pas le problème fondamental de la croissance".

Outre-Atlantique, certains observateurs sont moins pessimistes sur la question. Lors de la première rencontre entre Donald Trump et Paul Ryan depuis l'élection, le méga-plan d'investissements n'a pas été évoqué. Le Speaker de la Chambre des représentants se borne à parler des similitudes entre lui et le prochain président sur la réforme du "tax code". Donald Trump parviendra-t-il à faire plier son camp ?

> Lire aussi : Etats-Unis : pourquoi Donald Trump mise tout sur la finance dérégulée

Jean-Christophe Catalon

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Commentaires 9
à écrit le 17/11/2016 à 10:35
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Faire exploser la dette c'est avancer sur le chemin de sa répudiation comme le candidat Donald l'avait d'ailleurs évoqué. Si l'histoire financière de la France est un indicateur, alors c'est le bon chemin. http://finillusion.blogspot.fr/2016/11/une-...

à écrit le 17/11/2016 à 5:59
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Il va dépenser des dollars US mais il va renforcer le Buy American Act qui va faire baisser la dette US. Pas bon pour le Mexique.

à écrit le 16/11/2016 à 16:32
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Ce ne sont pas les républicains qui ont failli mettre l'état US en situation de faillite en 2012 en refusant l'augmentation du plafond de la dette ? Ils avaient dû s'incliner in extremis. On verra s'il seront moins intransigeant avec Trump qu'...

le 16/11/2016 à 23:25
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La Chine a vendu depuis 2 ans énormément de bons du Trésor et ne détient plus que 7 a 8 pour 100 de la dette publique américaine qui reste au deux tiers aux mains d'entreprises et particuliers aux États-Unis.

à écrit le 16/11/2016 à 13:27
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Le déficit américain a déjà explosé, mais tant qu'ils auront le monopole de la planche à billets occidentale, ils continueront à imprimer et les vassaux (dont la France) ne pourront rien dire :-)

le 16/11/2016 à 23:30
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Le budget fédéral américain a eu un solde positif les dernières années du mandat Clinton contrairement au notre ou cela be s'est pas vu depuis le début des années 70, comme quoi, il suffit d'un président ''responsable'' pour enrayer les déficits.

à écrit le 16/11/2016 à 12:53
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"L'endettement historiquement bon marché ET les partenariats public-privé ". Ajoutons une baisse d'impôts significative pour un résultat final qui sera une baisse généralisée du niveau de vie des classes moyennes américaines. Les pauvres, là-bas, ils...

à écrit le 16/11/2016 à 11:14
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C'est compter sans les rentrées fiscales supplémentaires de cette stimulation budgétaire de l'économie

à écrit le 16/11/2016 à 11:13
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Tant que vous êtes l'esclave fidèle des banques le déficit public n'est pas un problème si par contre vous commencez à penser à l'émancipation là ils lâchent les chiens.

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