Guerre en Ukraine : la Suisse refuse de participer au groupe de travail du G7 sur les avoirs russes

Les députés suisses ont rejeté ce mercredi une proposition qui visait à ce que le pays participe au groupe de travail du G7 destiné à traquer les avoirs des oligarques russes. Les « contres » craignent que cela n’affaiblisse la position de médiateur que la Suisse a l’habitude d’avoir du fait de sa neutralité militaire.
Du fait de sa neutralité, la Suisse organise régulièrement des rencontres entre pays en guerre pour tenter de trouver une issue à leurs conflits.
Du fait de sa neutralité, la Suisse organise régulièrement des rencontres entre pays en guerre pour tenter de trouver une issue à leurs conflits. (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

La Suisse ne participera pas au groupe de travail du G7 destiné à traquer les avoirs des soutiens du pouvoir de Moscou. Les députés suisses ont ainsi rejeté ce mercredi, par 101 voix contre 80, une proposition allant en ce sens, portée par les écologistes.

La députée Franziska Ryser, qui a défendu cette proposition, a notamment mis en avant que « compte tenu de sa neutralité militaire, la Suisse ne peut pas soutenir l'Ukraine en fournissant des armes. Il est donc d'autant plus important que là - sur ce point sur lequel nous avons un levier - nous nous positionnons clairement », a-t-elle appuyé.

La Suisse est en effet une des places financières les plus prisées « pour l'argent des oligarques russes », a-t-elle argumenté, soulignant que les avoirs déposés dans les banques suisses se montent, selon différentes estimations, entre 150 et 200 milliards de francs (154 à 206 milliards d'euros). « Pourtant la Suisse n'a jusqu'à présent gelé qu'environ 7,5 milliards de francs », a-t-elle déploré. Il n'est donc « pas étonnant » que le pays fasse l'objet « de critiques », selon elle.

Des arguments qui n'auront pas réussi à convaincre la majorité des députés. Lors de la séance à la chambre basse, Hans-Peter Portmann, député du groupe libéral-radical (droite libérale) a affirmé que la Suisse collabore déjà techniquement avec de nombreux pays et organismes, y compris avec le groupe de travail du G7. Mais, pour lui, rejoindre ce groupe risquerait d'affaiblir la position de la Suisse en tant que médiateur.

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Du fait de sa neutralité, la Suisse organise régulièrement des rencontres entre pays en guerre pour tenter de trouver une issue à leurs conflits. Les pays membres du G7 - États-Unis, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie et Japon - lui faisaient depuis un an des appels du pied pour qu'elle rejoigne et collabore davantage avec ce groupe de travail, baptisé « Repo ».

Un sujet qui revient sans cesse

La question du sort des avoirs russes revient en tout cas régulièrement dans les discussions des pays occidentaux depuis le début de la guerre en Ukraine il y a un peu plus de deux ans. Et notamment cette semaine, alors que se tiennent les réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

Les États-Unis, notamment, espèrent que des échanges auront lieu sur « les moyens de libérer la valeur des actifs souverains russes immobilisés afin de soutenir la résistance continue de l'Ukraine et sa reconstruction à long terme », selon un responsable du département américain au Trésor. Pour lui, il est « important » de profiter de ces réunions, au cours desquelles « tous les ministres sont réunis, ce qui n'est pas le cas tous les jours », et représente « une opportunité » de progresser sur cette question.

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Fin mars, les 27 pays membres de l'Union européenne ont aussi voulu accélérer à ce sujet. Ils se sont engagés à faire avancer les travaux sur une proposition d'utiliser les intérêts tirés des avoirs russes gelés en faveur de l'Ukraine. Une démarche qualifiée de « sûre » d'un point de vue juridique, par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, car elle cible un investisseur privé, et non les avoirs gelés de la Banque centrale russe. Ceux-ci représentent environ 210 milliards d'euros dans l'UE, et sont presque tous entre les mains d'Euroclear, institution financière basée à Bruxelles. Cela pourrait permettre de dégager entre 2,5 et 3 milliards d'euros par an. L'essentiel de cette manne permettrait de faciliter l'achat d'armes pour l'armée ukrainienne, et cela dès le mois de juillet si les 27 parviennent à formaliser rapidement leur projet.

La Russie menace

Sans surprise, ce sujet de l'avenir des avoirs russes fait bondir le Kremlin. Par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov, le gouvernement russe a fait savoir que « si ces décisions (sur les avoirs) sont mises en œuvre, elles auront des conséquences très sérieuses pour ceux qui les ont prises ». La Russie a également menacé l'UE de lui intenter des poursuites judiciaires « sur des décennies » en cas d'utilisation des revenus de ses avoirs gelés.

« Les Européens doivent être bien conscients des dégâts que de telles décisions pourront causer à leur économie, leur image, leur réputation de garants fiables de l'inviolabilité de la propriété », a averti Dmitri Peskov.

Des menaces qui n'ont pour le moment pas entaché la motivation des Occidentaux.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 23/04/2024 à 15:27
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Normal , c'est une démocratie ,pas un ramassis de voleurs et de pirates Vous croyez que des pays vont encore investir en Occident ? Imaginez la Chine , si je récupère ma province révoltée , les atlantistes me volent tous mes avoirs ? Nos dirigeant...

à écrit le 18/04/2024 à 9:22
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La neutralité à bon dos !

le 23/04/2024 à 15:29
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Respecter ses propres lois c'est avoir bon dos? Tout le monde n 'aime pas la piraterie de l 'empire du mal

à écrit le 18/04/2024 à 7:45
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"Les « contres » craignent que cela n’affaiblisse la position de médiateur que la Suisse a l’habitude d’avoir du fait de sa neutralité militaire." Non ils ont peur que cela effraie les évadés fiscaux qui leur rapportent des centaines de milliards cha...

à écrit le 17/04/2024 à 22:41
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Un minimum de bon sens n'a jamais tué. L'olympisme ayant déjà attrapé la syphilis avec la politique, on sait où mène le nouvel ordre mondial voulu par les chevaliers otaniques. Donc ça suffit...

à écrit le 17/04/2024 à 18:16
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Ceux qui participent au génocide ont besoin de capitaux ! faire la guerre est le business model, du coup ils ont besoin d'oseille et pour le coup, le droit et tout ça n'existe plus, la preuve avec ce qui se passe a gaza, alors pour amener aux dessei...

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