Nucléaire : comment la Bourgogne-Franche-Comté profite du contrat de Framatome pour deux EPR au Royaume-Uni

Le Royaume-Uni a signé un nouveau contrat avec Framatome pour la construction de deux nouveaux EPR, à Sizewell C. Les usines de Saint-Marcel et de Chalon seront à l'oeuvre pour construire ces réacteurs. Plus largement, les impacts de ce contrat toucheront toute la région Bourgogne-Franche-Comté, où sont fabriqués les pièces les plus importantes des centrales nucléaires.
Opération de chalumage dans l'usine de Saint-Marcel, en Saône-et-Loire
Opération de chalumage dans l'usine de Saint-Marcel, en Saône-et-Loire (Crédits : FRAMATOME)

Afin de répondre à son objectif de neutralité carbone d'ici 2050, le gouvernement britannique a décidé de maintenir son niveau de production nucléaire actuel. Pour ce faire, les Anglais ont besoin de mettre sur le réseau un certain nombre de moyens de production complémentaires, dont fait partie le projet Sizewell C, sur la côte du Suffolk en Grande-Bretagne. Un contrat signé avec Framatome, filiale d'EDF, le 15 avril dernier, « pour plusieurs années » et « à plusieurs milliards d'euros ». Les réacteurs EPR Sizewell C, une fois opérationnels, produiront environ 3,2 GW d'électricité. Une capacité qui permet d'alimenter l'équivalent de six millions de foyers avec une énergie bas carbone pendant une période de soixante ans, contribuant ainsi de manière significative à la réduction des émissions de carbone au Royaume-Uni.

« Ce qui arrive devant nous est colossal ! », se réjouit Sébastien Martin, président du Grand Chalon, région du siège de Framatome, à Chalon-sur-Saône. « Le carnet de commandes de Framatome est plein pour les vingt prochaines années », poursuit-il. Ce nouveau contrat vient ainsi conforter la stratégie mise en place sur le territoire par Framatome qui prévoit notamment une augmentation de 30% de la taille de son usine bourguignonne.

Une réplique de Hinkley Point C

Sizewell C s'inscrit dans la continuité technologique du projet Hinkley Point C, un autre contrat pour deux EPR signés en 2017 par Framatome, qui a déjà passé de nombreuses étapes, comme la cuve du réacteur qui est arrivée sur ce site situé sur la côté du Somerset (sud-ouest) britannique en fin d'année dernière. Les générateurs de vapeur eux aussi produits chez Framatome, en Bourgogne, devraient arriver prochainement.

 « C'est une fierté d'avoir signé ce nouveau contrat avec notre client anglais », se réjouit Pierre Daval, Vice-Président, UK EPR Program chez Framatome. « Cela montre que les équipements que nous sommes en train de fournir pour Hinkley Point C, sont des équipements dans lesquels notre client a confiance et souhaite renouveler son expérience », poursuit-il. Ce nouveau contrat permet de maintenir la charge d'activité des usines bourguignonnes pour plusieurs années. Sachant qu'il faut en moyenne entre quatre et cinq ans pour la fabrication d'un équipement nucléaire sur l'usine de Saint-Marcel. « Nous pouvons utiliser les mêmes cahiers des charges et les mêmes gestes techniques, qui sont gages de qualité et de sûreté », poursuit-il. Des réacteurs de ce type ont d'ailleurs déjà été mis en exploitation à Taishan en Chine, à Olkiluoto en Finlande, et bientôt à Flamanville 3 en France. « Pour notre client anglais, c'était important que ce soit une technologie éprouvée sur laquelle nous avions un retour d'expérience », poursuit-il.

Cuve de l'unité 1 de la centrale d'Hinkley Point C

Cuve de l'unité 1 de la centrale d'Hinkley Point C

600 recrutements d'ici 2025

Le contrat Sizewell C annonce un impact économique important sur la région en termes d'emplois locaux. Aujourd'hui, près de 2.700 salariés travaillent chez Framatome sur les sites de Saint-Marcel et de Chalon. Ce sont les principaux sites de production du géant du nucléaire. Ce dernier possède également une troisième usine dans les Hauts-de-France à Jeumont (600 salariés). Son plan de recrutement prévoit 600 recrutements d'ici 2025, soit 300 chaque année pour l'ensemble de ses usines bourguignonnes. « Cette annonce nous incite à accélérer encore davantage le travail que nous avons engagé sur le sujet des compétences, des filières de formation supplémentaires à mettre en œuvre, et du travail avec les sous-traitants, notamment vis-à-vis de la concurrence sur le recrutement », souligne Sébastien Martin. L'objectif serait d'ouvrir de nouvelles formations, notamment en partenariat avec le CFA des métiers de l'industrie, des collaborations avec le CNAM et l'UIMM, pour des diplômes de techniciens supérieurs et ingénieurs tournés vers le nucléaire.

Dans ce projet Sizewell C, le gouvernement anglais est actionnaire à 47% et EDF à 53%. A termes, EDF souhaite se désengager et recherche actuellement d'autres investisseurs pour ne garder in fine que 20% des parts.

Actuellement chargées avec le projet Hinkley Point C, qui touche à sa fin, les équipes de Framatome attaqueront donc dans quelques semaines, le projet Sizewell C, qui démarrera en parallèle du contrat français d'EPR2. De quoi occuper les salariés de Framatome pour plusieurs dizaines d'années.

Chiffres clés Framatome en Bourgogne-Franche-Comté :

o 5000 emplois travaillent directement ou indirectement pour le nucléaire sur le Grand Chalon

o 2700 personnes travaillent dans les usines Framatome à Saint-Marcel et Chalon-sur-Saône

o 600 recrutements doivent s'opérer dans les usines Framatome en Saône-et-Loire en 2024

o + 27 000 m2 d'extension de l'usine Framatome de Saint Marcel en cours

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Commentaires 4
à écrit le 01/05/2024 à 19:25
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Au lieu de polémiquer, comme toujours, il faut peut-être bien regarder ce que font les Anglais pour leur besoin en énergie : du méga éolien offshore et du nucléaire. Les Anglais n'ont pas d'idéologie.

à écrit le 01/05/2024 à 10:10
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En'core une charge de plus pour les français car c'est bien eux qui vont payer ces engins.... Les anglais ne paieront que l'électricité qui en sortira dans au oins 15 ans à un prix défini aujourd'hui et qui sera tellement élevé dans 15 ans que les an...

à écrit le 01/05/2024 à 0:01
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Ça fera donc un total de 4 EPR au RU, 2 en Chine, 1 en France et 1 en Finlande. Et peut être 4 à venir en Tchéquie. Qui sait, l'EPR sera peut être un succès commercial comme le Rafale, pour lequel de nombreuses cassandres, présentes en force sur ce s...

le 01/05/2024 à 10:15
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Mais le premier exemplaire du Rafale fonctionnait, comme le deuxième, comme le troisième... Et ils n'ont ni dépassés leurs budgets de construction ni leur délai de construction ! Il n'avaient que peine à convaincre. Ici c'est différent... Tous nous...

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