Présidentielle américaine : la place des "robots-journalistes" dans les médias s'accroît

La présidentielle américaine est probablement l'événement politique le plus couvert au monde. Pour augmenter la couverture et l'offre éditoriale d'un tel événement, de nombreux médias américains ont eu recours à des robots-rédacteurs pour produire du contenu tout au long de la campagne.
Grégoire Normand
Des chaînes comme CNN et NBC et des sites comme le New-York Times et le Washington Post ont eu recours à des robots rédacteurs pendant la campagne.

Les "robots-journalistes" ont eu un rôle prépondérant dans les rédactions des médias américains pour couvrir cette campagne présidentielle. De nombreux sites d'information ou des portails ont eu recours à ce type d'outils. Au delà des inquiétudes et des peurs que ces outils peuvent susciter, quels sont les dispositifs utilisés par les rédactions pour couvrir cet événement majeur ?

Des bots et de la messagerie instantanée

Le Washington Post a récemment développé un outil appelé Heliograph qui produit des informations essentielles sur des thématiques précises. Cette technologie basée sur l'intelligence artificielle a d'abord été expérimentée pour couvrir les jeux olympiques de Rio l'été dernier. Jeremy Gilbert, directeur des initiatives stratégiques au Washington Post, a ainsi voulu poursuivre l'expérience avec d'autres types d'événements comme l'élection présidentielle. L'équipe d'ingénieurs avait également mis en place un compte Twitter pour diffuser les résultats :

"Avec la fin des jeux olympiques, @wpolympicsbot s'arrête. Essayez @PostSports pour plus d'actualité sur le sport. L'équipe Héliograf."

Régulièrement soumis à des questions de la part des journalistes de la rédaction, Mr Gilbert a voulu se montrer rassurant :

" En aucune manière, nous voulons remplacer les journalistes par des robots. Nous voulons leur libérer du temps pour faire des histoires avec un fort impact qu'ils veulent faire."

Pour les élections, "nous croyons pouvoir faire des histoires sophistiquées qui combine des données et des informations issues des journalistes."  Il espère également instaurer une culture de la collaboration entre les ingénieurs du journal et ses journalistes. "En travaillant ensemble sur ce projet, nous sommes en train de construire de la confiance," dit-il. "Nous travaillons avec la rédaction pour montrer que l'intégrité dans le journalisme n'est pas un risque."

Le New York Times a de son côté mis en place cette année un "bot" actif sur l'application de messagerie Messenger de Facebook. Les usagers sont avertis dès qu'un message est envoyé par le journaliste politique Nick Confessore. Les lecteurs peuvent également interagir avec ce journaliste.

"Maintenant pour quelque chose d'un peu différent : à partir d'aujourd'hui jusqu'au jour de l'élection, ma propre analyse qui vous est envoyée directement sur Facebook. Inscrivez-vous."

"Comment il travaillera : moi et The Uphshot du New-York Times tireront  une analyse quotidienne et un aperçu."

Interrogé par l'AFP, Andrew Phelps, directeur produit au New York Times, indique que le nombre d'utilisateurs "se chiffre en centaines de milliers, avec un public plus jeune et plus mondial que le lectorat habituel du journal."

"C'est une tentative pour rencontrer les gens sur les plateformes de messagerie" mobile, indique-t-il. "Nous voulions rendre cela plus personnel, plus interactif, pour permettre aux lecteurs de se sentir plus connectés aux journalistes"

Il est encore difficile d'avoir des chiffres précis sur le nombre de bots crées par Facebook Messenger. En juillet dernier, Facebook a annoncé que 11.000 bots étaient présents sur sa plateforme. Cette année, CNN et Buzfeed ont également développé l'expérience de la messagerie instantanée sur leurs sites.

Une stratégie pour assurer un meilleur référencement

Les dispositifs mis en place par de nombreux médias permettent avant tout d'améliorer le référencement des sites. En France,  Le Monde ou Radio France publient de nombreux contenus en lien avec les résultats électoraux comme le souligne le blog meta-media de France Télévisions.

 "A Radio France, nous n'avions jusqu'ici pas les moyens de le faire. Avec ce dispositif, j'ai pu construire la première brique, elle-même constituée de 36 000 petites briques, pour préparer les prochaines élections. Une première brique nécessaire mais pas suffisante pour faire progresser notre référencement. On ne rattrape pas juste un retard, on construit une offre éditoriale."

Bien que la question des revenus générés par l'automatisation des contenus et ces robots est loin d'être résolue, ces technologies occupent une place de plus en plus importante dans les médias américains.

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Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 10/11/2016 à 10:03
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Que les journalistes soient secondé efficacement par des logiciels me semble plutôt pertinent mais par contre que les journalistes devient des robots rédactionnels là me dérange particulièrement.

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