Semi-conducteurs : les États-Unis signe un énorme chèque à Samsung pour de nouvelles usines au Texas

Après 20 milliards de dollars pour Intel et 6,6 milliards pour TSMC, le gouvernement américain va accorder jusqu’à 6,4 milliards de subventions à Samsung pour produire des puces électroniques de pointe sur le sol américain. Et c’est au Texas que de nouvelles usines devraient ainsi voir le jour.
Samsung va aussi investir « plus de 40 milliards de dollars dans la région dans les années qui viennent » selon le ministère américain du Commerce.
Samsung va aussi investir « plus de 40 milliards de dollars dans la région dans les années qui viennent » selon le ministère américain du Commerce. (Crédits : DR)

Le gouvernement américain sort de nouveau le carnet de chèques en faveur d'un projet de semi-conducteurs. Le ministère du Commerce a en effet annoncé avoir signé un protocole d'accord préliminaire avec Samsung Electronics lui accordant « jusqu'à 6,4 milliards de dollars de financement direct » de nouvelles usines dans l'État du Texas, selon un communiqué du ministère publié ce mardi 15 avril. Cet accord va « sceller le rôle central du Texas » dans l'industrie des semi-conducteurs aux États-Unis, s'est félicité le président américain Joe Biden.

« Ces installations vont soutenir la production de certaines des puces les plus puissantes au monde, qui sont essentielles pour des technologies comme l'intelligence artificielle et vont renforcer la sécurité nationale », est-il indiqué dans le communiqué.

Samsung devrait lui aussi mettre la main au porte-monnaie. Le géant sud-coréen va ainsi investir « plus de 40 milliards de dollars dans la région dans les années qui viennent » permettant la « création de plus de 20.000 emplois », a assuré le ministère du Commerce. Samsung va également étendre ses installations existantes au Texas, a ajouté l'institution. En plus de cette expansion, « nous allons renforcer l'ecosystème local en matière de semi-conducteurs » aux États-Unis, selon Kyung Kye-hyun, co-PDG de Samsung Electronics, cité par le communiqué du ministère américain.

Lire aussiPorté par le rebond du marché des semi-conducteurs, Samsung prévoit de multiplier par dix son bénéfice

Avant Samsung, des milliards aussi pour Intel et TSMC

Les annonces de ce type se multiplient ces dernières semaines outre-Atlantique. Il faut dire que les États-Unis ont su se montrer convaincants pour attirer les projets : à l'été 2022, le gouvernement a validé une loi, baptisée « Chips and Science Act », qui prévoit 52,7 milliards de dollars pour relancer la production de semi-conducteurs sur le sol américain. L'objectif du gouvernement de Joe Biden est de se protéger de futures pénuries de ces puces incontournables dans les téléphones portables, les voitures électriques, ou les équipements militaires de pointe.

Les États-Unis « ne produisent aucune des puces les plus sophistiquées, ce qui nous fait courir des risques importants, sur le plan de l'économie et de notre sécurité nationale », a ainsi reconnu le président américain fin mars. « J'étais décidé à changer ça », a-t-il ajouté, en assurant que grâce à ses décisions, « la production et les emplois dans le secteur des semi-conducteurs (faisaient) leur grand retour ».

Ainsi outre le projet de Samsung, Intel, le géant local en la matière, va bénéficier dans le cadre de cette loi d'un paquet d'aides et de subventions d'un montant inédit de près de 20 milliards de dollars, comme révélé fin mars. Une somme qui lui permettra de construire de nouvelles infrastructures dédiées aux semi-conducteurs et d'agrandir les existantes dans différents États (Arizona, Ohio, Nouveau-Mexique et Oregon).

Cette enveloppe est la plus élevée annoncée à ce jour par le gouvernement américain dans le cadre du Chips Act, mais n'est pas la seule. Le géant TSMC va recevoir jusqu'à 6,6 milliards de dollars de financements directs et pourra bénéficier de 5 milliards supplémentaires sous forme de prêts. L'entreprise taïwanaise a pour projet de construire trois usines en Arizona, dont l'une permettra de produire des composants avancés.

Lire aussiSemi-conducteurs : le géant TSMC va construire une troisième usine aux Etats-Unis... pour un montant colossal

Réduire l'hégémonie chinoise

En parallèle d'augmenter la production de semi-conducteurs sur son sol, le gouvernement américain nourrit l'ambition de lutter contre la puissance de la Chine dans cette industrie cruciale. C'est d'ailleurs en Asie que les États-Unis se fournissent majoritairement aujourd'hui, ce qui les rend vulnérables en cas de crise géopolitique - sachant que les relations, bien que relativement apaisées avec Pékin, sont historiquement toujours tendues.

Pour cela, le gouvernement américain accroît ses investissements dans l'industrie des semi-conducteurs au Vietnam. Lors d'une visite du président américain à Hanoï en septembre, les deux pays ont ainsi conclu un large partenariat dans les semi-conducteurs, qui se veut gagnant-gagnant. D'une part, il doit permettre aux États-Unis de garantir des approvisionnements de composants électroniques essentiels.

D'autre part, le Vietnam peut espérer compter sur l'appui des Américains pour développer ses capacités de production, aujourd'hui saturées, et monter en gamme sur le plan technologique, notamment en formant sa main-d'œuvre. D'ailleurs, peu de temps après cet accord, le géant des puces électroniques Nvidia a indiqué vouloir établir une base dans le pays pour son industrie des semi-conducteurs. Le Vietnam abrite déjà le plus grand centre au monde d'assemblage et de tests de puces du géant américain Intel, et les coréens Amkor et Hana Micron s'y sont eux aussi implantés l'an dernier.

Lire aussiSemi-conducteurs : pourquoi le mastodonte américain Nvidia compte établir une base au Vietnam

Course mondiale

Reste que les États-Unis ne sont pas les seuls à essayer d'inciter les fabricants de semi-conducteurs à construire leurs usines sur son sol. En témoigne l'annonce faite la semaine dernière par la Corée du Sud, d'investir 7 milliards de dollars dans l'intelligence artificielle et les semi-conducteurs liés à l'IA d'ici 2027.

« La concurrence actuelle dans le secteur des semi-conducteurs est une guerre industrielle et une guerre totale entre les pays », a d'ailleurs déclaré, lors de cette annonce, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol.

De nombreux pays ont en effet sorti le portefeuille, à grands coups d'investissements massifs et de subventions, pour stimuler leurs productions respectives de puces. Au début du mois, le Japon a annoncé des subventions - pouvant aller jusqu'à 3,9 milliards de dollars - à une entreprise de fabrication de puces, dans le cadre d'un plan visant à relancer son industrie des semi-conducteurs.

Les Pays-Bas ont, eux, récemment annoncé investir 2,5 milliards de dollars pour garder des entreprises néerlandaises stratégiques sur son territoire, suite aux menaces de délocalisation de son champion local ASML. L'Union européenne a par ailleurs acté à l'été dernier un plan, baptisé lui aussi « Chips Act », qui fixe l'objectif de doubler sa part de marché actuelle d'ici la fin de la décennie. À savoir passer d'environ 10% du marché mondial à 20% en 2030. Elle compte ainsi investir plus de 100 milliards d'euros dans sa politique de production de semi-conducteurs pour devenir autonome en la matière.

(Avec AFP)

Commentaires 9
à écrit le 16/04/2024 à 23:14
Signaler
Alors, on commence à laisser tomber Taïwan?

à écrit le 16/04/2024 à 8:14
Signaler
Certainement pas un hasard que le Texas soit l'heureux élu, c'est qu'ils ont besoin d'évoluer sérieusement la bas hein...

à écrit le 16/04/2024 à 6:35
Signaler
Bonjour, les composants électroniques, des éléments importants dans la réalisation d'éléments a hautes technologies... Avion, voiture , armes et autre... Donc avoir une usine s'est pouvoir être totalement indépendant... Assez inquiétant dans notre...

à écrit le 15/04/2024 à 21:18
Signaler
Combien Lee Jae-yong a promis à la campagne de Biden pour détourner 6,4 Mds de dette publique américaine vers Scamsung? A l'évidence cette subvention américaine à une entreprise étrangère aussi douteuse que Scamsung révèle le degré de probité du...

le 16/04/2024 à 13:56
Signaler
Vous spéculez. Sortez nous une preuve. Au contraire la politique de Biden (euh ! pardon d'Obama) est très intelligente ! En France on investit dans les migrants sous qualifiés à coup d'aides sociales et les USA investissent dans les fusées, les semi ...

le 16/04/2024 à 23:09
Signaler
@Fred30400 "Sortez nous une preuve." Il est de notoriété publique que les héritiers de Scamsung dont Lee Jae-yong tout comme son père avant lui Lee Kun-hee ont été condamnés par la justice sud coréenne pour des faits de corruption avant d'êt...

à écrit le 15/04/2024 à 18:04
Signaler
Semi-conducteurs, cellules solaires, batteries, spatial, terres rares, etc. L'Union Européenne se fait larguer par les monstrueux investissements des Etats-Unis, qui zappent la Chine et son pouvoir de nuisance sur son environnement proche. Tandis qu...

à écrit le 15/04/2024 à 16:45
Signaler
Le Texas pays du pétrole qui devient celui des semi- conducteurs...un signe.

à écrit le 15/04/2024 à 15:31
Signaler
Et en Europe, je suppose qu'ils attendent pour investir dans une usine de bougies...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.