Intelligence artificielle : la Corée du Sud va investir 7 milliards de dollars pour être leader dans les semi-conducteurs

Séoul a annoncé ce mardi, par la voix de son président Yoon Suk Yeol, qu'elle allait investir près de 7 milliards de dollars dans l'intelligence artificielle et les semi-conducteurs liés à l'IA d'ici 2027. Le gouvernement est persuadé que l'avenir de ces puces, élément clé de l'économie mondiale, dépend de cette technologie.
Les semi-conducteurs sont considérés de longue date comme un élément clé de l'économie mondiale, étant utilisés dans tous les domaines.
Les semi-conducteurs sont considérés de longue date comme un élément clé de l'économie mondiale, étant utilisés dans tous les domaines. (Crédits : FLORENCE LO)

Devenir un leader dans le domaine stratégique des semi-conducteurs de pointe, tel est l'objectif que s'est fixée la Corée du Sud. Et pour y parvenir, elle compte investir « 9.400 milliards de wons (6,94 milliards de dollars) dans les domaines de l'IA et des semi-conducteurs liés à l'IA d'ici 2027 », a déclaré le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, selon ses services, lors d'une réunion avec des responsables du secteur ce mardi 9 avril. Ce n'est pas tout : elle veut aussi créer un fonds distinct de 1.400 milliards de wons (1 milliard de dollars) « pour aider à la croissance des entreprises innovantes de semi-conducteurs d'IA ». La Corée du Sud entend « aller au-delà des puces mémoire, pour conquérir le futur marché des puces d'IA », a-t-il souligné.

« Il n'est pas exagéré de dire que l'avenir de l'industrie des semi-conducteurs dépend de l'IA », a ajouté le président sud-coréen.

Les semi-conducteurs sont considérés de longue date comme un élément clé de l'économie mondiale, étant utilisés dans tous les domaines - des appareils de cuisine aux téléphones portables, en passant par les voitures et les armes. Mais le déploiement de l'intelligence artificielle (IA), particulièrement depuis l'arrivée de ChatGPT et d'autres produits l'IA générative, est venue accentuer encore un peu plus l'intérêt autour de ces puces. « Nous prévoyons que la demande de semi-conducteurs pour l'IA sera de l'ordre de 150 milliards de dollars d'ici 2030, soit 15% du marché », a récemment indiqué Aleksander Peterc, responsable de la recherche actions pour le secteur des matériels technologiques chez Société Générale CIB. « Certains acteurs (notamment AMD) anticipent une demande de l'ordre de 400 milliards de dollars à cet horizon », a-t-il ajouté.

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La Corée veut tirer son épingle du jeu

La Corée du Sud est bien placée pour atteindre son objectif. Les semi-conducteurs sont déjà actuellement son principal produit d'exportation. En mars, les exportations de puces ont atteint 11,7 milliards de dollars, leur niveau le plus élevé depuis près de deux ans. Ce qui a représenté un cinquième des exportations totales du pays, selon les chiffres publiés par le ministère du Commerce.

Les deux premiers fabricants de puces mémoire au monde, incluant celles à large bande passante (HBM) utilisées par l'IA, Samsung et SK Hynix, sont d'ailleurs basés en Corée du Sud. Mais le marché des puces d'IA est dominé par le titan de la Silicon Valley, Nvidia, auquel SK Hynix fournit des puces HBM. Des représentants de Samsung, de SK Hynix, du géant technologique Naver et de la startup SAPEON, spécialisée dans les puces d'IA, ont d'ailleurs participé à la réunion, selon les services du président sud-coréen.

Course à l'échalote

Reste que rien n'est déjà gagné pour la Corée du Sud. Le président Yoon Suk Yeol a d'ailleurs bien conscience de l'intérêt que ces puces suscitent à travers le monde.

« La concurrence actuelle dans le secteur des semi-conducteurs est une guerre industrielle et une guerre totale entre les pays », a-t-il déclaré.

De nombreux pays ont en effet sorti le portefeuille, à grands coups d'investissements massifs et de subventions, pour stimuler leurs productions respectives de puces. Ainsi, pas plus tard que ce lundi, les États-Unis ont dévoilé des subventions pouvant atteindre 6,6 milliards de dollars en faveur du géant taïwanais des semi-conducteurs TSMC, dans le cadre d'un programme visant à encourager les fabricants de puces à fabriquer leurs produits les plus avancés aux États-Unis. Au début du mois, le Japon a également annoncé des subventions - pouvant aller jusqu'à 3,9 milliards de dollars - à une entreprise de fabrication de puces, dans le cadre d'un plan visant à relancer sa propre industrie des semi-conducteurs. Et la Chine encourage depuis des années son industrie nationale des puces à réduire sa dépendance à l'égard de la technologie occidentale, notamment en réponse aux restrictions imposées par les États-Unis sur les puces les plus avancées.

L'Europe n'est en outre pas en reste. Les Pays-Bas ont récemment annoncé investir 2,5 milliards de dollars pour garder des entreprises néerlandaises stratégiques sur son territoire, suite aux menaces de délocalisation du champion des semi-conducteurs ASML. L'Union européenne a par ailleurs acté à l'été dernier un plan, baptisé « Chips Act » (règlement sur les puces), qui fixe l'objectif de doubler sa part de marché actuelle d'ici la fin de la décennie. À savoir passer d'environ 10% du marché mondial à 20% en 2030. Elle compte ainsi investir plus de 100 milliards d'euros dans sa politique de production de semi-conducteurs pour devenir autonome en la matière.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 10/04/2024 à 14:41
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La France ne fera rien, le gouvernement ne sait pas que l'intelligence artificielle existe, et les dirigeants se croient plus intelligents que tout !

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