Semi-conducteurs : l'Europe acte un plan à 43 milliards d'euros pour doper la production sur le continent

Le Parlement européen a approuvé ce mardi le « Chips Act », le plan de l'Union européenne pour développer son industrie de semi-conducteurs. Il prévoit de porter la part de la production européenne de puces à 20% d'ici à 2030 en investissant 43 milliards d'euros dans la construction d'usines mais aussi dans la R&D. L'objectif est de rendre le continuent plus autonome.
L'Europe a vu ses capacités de fabrication de semi-conducteurs chuter ces dernières décennies et est devenue dépendante des producteurs asiatiques qui dominent le marché mondial.
L'Europe a vu ses capacités de fabrication de semi-conducteurs chuter ces dernières décennies et est devenue dépendante des producteurs asiatiques qui dominent le marché mondial. (Crédits : Reuters)

Dans la course aux semi-conducteurs, l'Union européenne ne veut pas se faire distancer. C'est pourquoi les Vingt-Sept ont mûri un plan, baptisé « Chips Act » (règlement sur les puces), qui fixe l'objectif de doubler la part de marché actuelle de l'UE d'ici la fin de la décennie. À savoir passer d'environ 10% du marché mondial à 20% en 2030. La production devra pour cela être quadruplée.

Ce texte a été approuvé ce mardi par le Parlement européen à une écrasante majorité (587 voix pour, 10 contre et 38 abstentions). Il avait déjà fait l'objet d'un accord entre le Parlement européen et les États membres, le 18 avril dernier, après avoir été annoncé au début de l'année 2022.

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Une enveloppe de 43 milliards

Le texte prévoit 43 milliards d'euros d'investissements publics et privés dans le développement de centres de production sur le continent européen.

« Il n'y aura pas de politique industrielle sans usine (...). Le temps où l'Europe n'investissait que dans la recherche et délocalisait la production est révolu », a martelé devant les eurodéputés le Commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, qui a porté le règlement.

Différents projets de construction d'usines sont ainsi en cours en Europe. Une est par exemple prévue à Grenoble, en France, portée par STMicroelectronics et GlobalFoundries. Intel prévoit de son côté d'investir plus de 4 milliards de dollars afin d'en installer une en Pologne.

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Quelque 6,2 milliards d'euros de fonds publics, dont 3,3 milliards provenant du budget de l'UE, seront par ailleurs mobilisés pour la recherche et le développement, avec la volonté de faciliter le transfert de connaissances des laboratoires vers les usines.

À noter aussi qu'un système de surveillance des pénuries sera établi pour permettre à la Commission d'anticiper d'éventuelles difficultés d'approvisionnement, et d'agir en temps de crise, y compris en recourant à des achats communs.

Réduire sa dépendance vis-à-vis de l'Asie

L'Europe a vu ses capacités de fabrication de semi-conducteurs chuter ces dernières décennies. Elle est devenue dépendante des producteurs asiatiques qui dominent le marché mondial : Taïwan (où sont produites 90% des puces les plus avancées dans le monde), la Corée du Sud, et de plus en plus, la Chine. Or, la pandémie de Covid-19, en paralysant en 2020 les chaînes d'approvisionnement en Asie, a entraîné d'importantes pénuries de puces au point de mettre en difficulté l'industrie automobile européenne, un électrochoc pour le continent.

Outre l'automobile, les semi-conducteurs sont incontournables dans de nombreux objets du quotidien (smartphones, électroménager,...) mais aussi dans les centres de stockage de données, au cœur de l'économie numérique en plein boom, et ils sont essentiels aux technologies vertes cruciales pour décarboner l'économie.

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Le « Chips Act » s'inscrit aussi dans la volonté de l'Europe de réduire sa vulnérabilité aux chocs géopolitiques, à la suite de la guerre en Ukraine qui a mis en lumière la dépendance des Vingt-Sept au gaz russe. Un éventuel conflit militaire entre la Chine et Taïwan, s'il entraînait l'arrêt des exportations de semi-conducteurs, pourrait aujourd'hui paralyser l'industrie européenne.

En parallèle, les Vingt-Sept veulent aussi réduire leur dépendance aux matériaux critiques, indispensables aux semi-conducteurs. Les tensions sont de plus en plus fortes sur ce secteur aussi. Preuve en est avec la récente annonce de la Chine qui a décidé de restreindre les exportations de deux métaux, le gallium et le germanium, dont elle est le principal producteur.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 12/07/2023 à 7:23
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Et zou 43 milliards offerts aux copains bêtes et incompétents ! C'est seulement ça l'UERSS empire prévu pourtant pour durer mille ans.

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