Espagne : Rajoy espère rassembler une majorité d'ici à "fin juillet, début août"

Le président du gouvernement espagnol sortant a indiqué vouloir assumer ses responsabilités et rester au pouvoir. Il aura bien du mal à construire une majorité sans la tolérance des Socialistes.
Mariano Rajoy veut rester à la Moncloa.

Mariano Rajoy veut profiter au mieux de sa victoire électorale. Alors que son parti, le Parti populaire (PP), a, déjouant tous les pronostics, gagné 4 points (32,9 %) des suffrages et 13 sièges (136 sur 350) lors des élections du 26 juin, le président sortant a indiqué qu'il « n'abdiquera pas [sa] responsabilité de gouverner ». Pas question donc, d'espérer, comme pouvaient le penser certains Socialistes, une démission de Mariano Rajoy pour soutenir un gouvernement conservateur. Il faudra faire avec.

Construire une majorité

Reste que Mariano Rajoy va devoir construire une majorité. La Constitution espagnole prévoit une élection en deux temps par le Congrès des députés. D'abord, le candidat à la Moncloa, siège de la présidence, doit obtenir 176 voix, la majorité absolue des députés. Au deuxième tour, une majorité relative suffit, et l'on peut donc jouer avec les abstentions. Avec 136 sièges, il manque 38 députés au PP pour obtenir la majorité absolue. Cette option semble exclue aujourd'hui. Reste la deuxième option, celle de la majorité relative.

Que fera Ciudadanos ?

Sur quels alliés le PP peut-il compter ? Ciudadanos, le parti libéral et centriste d'Albert Rivera, qui a obtenu 32 sièges, est l'allié le plus « naturel » de Mariano Rajoy sur le plan des idées. Mais ce parti s'est fondé sur le rejet de la corruption et le renouvellement de la politique. Acceptera-t-il de rallier un gouvernement formé par le parti entaché chaque mois par de nouveaux scandales et qui représente « l'ancien système » ? En février, il avait préféré choisir une alliance avec les Socialistes du PSOE. Albert Rivera a indiqué qu'il ne soutiendra pas de gouvernement « s'il n'y a pas de changement ». Mais l'élection du 26 juin a montré que beaucoup de ses électeurs du 20 décembre sont retournés au PP. Ciudadanos pourrait donc chercher à séduire à nouveau l'électorat conservateur en participant au gouvernement et en faisant « contrepoids » au PP.

Pas de majorité

Pour autant, ces 32 sièges supplémentaires ne donnent pas de majorité à Mariano Rajoy. Certes, en faisant des concessions, il peut réussir à convaincre la droite autonomiste basque et canarienne (en tout 6 sièges). Certes, les deux partis de gauche, le PSOE (85 sièges) et Unidos Podemos (71 sièges) ne disposent que de 156 sièges, un nombre insuffisant pour s'opposer aux 168 de cette alliance de droite PP-Ciudadanos. Mais Mariano Rajoy a des adversaires irréconciliables au Congrès : les 17 députés indépendantistes catalans de gauche comme de droite et les deux sièges de la gauche « abertzale » indépendantiste basque. En tout, 19 députés qui voteront toujours contre un gouvernement PP. Au total, donc, les opposants à Mariano Rajoy s'élèvent à 176 sièges, soit la majorité absolue.

Convaincre le PSOE

Pour rester à la Moncloa, Mariano Rajoy n'a pas le choix : il doit convaincre le PSOE de s'abstenir au second tour. La position officielle du parti reste celle d'une « grande coalition », mais il l'a sous-entendu ce lundi : il est prêt à gouverner avec des « alliances ponctuelles ». Il se contentera donc d'un « laisser-passer » du PSOE. Mais ce dernier a été formel : il ne permettra pas à Mariano Rajoy de gouverner, pas même par son abstention. Une fermeté qui n'impressionne guère le président sortant qui se dit convaincu de pouvoir former un gouvernement « fin juillet ou début août ». Pour le moment, on voit mal comment il pourrait y parvenir. Encore une fois, les Socialistes, qui ont réussi le 26 juin à sauver leur deuxième place, tiennent la clé du scrutin. Un scénario reste cependant possible : le PSOE pourrait tenter de pousser son secrétaire général Pedro Sánchez comme candidat. Mais cette option n'est possible qu'en cas de pacte avec Unidos Podemos d'abord, puis avec Ciudadanos ou les indépendantistes catalans. Deux conditions très difficiles à remplir.

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Commentaire 1
à écrit le 27/06/2016 à 22:14
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Rajoy espère rassembler une majorité...! comme en France Valls de droite extrême a fait élire les UMP de droite dure aux Régionales et locales ?

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