Ubérisation : demain, tous coursiers

À l'ubérisation, personne n'échappe... pas même les coursiers. Par Amor Bekrar, président d’IFS France.
Amor Bekrar, président d’IFS France.

L'ubérisation de l'économie - c'est-à-dire, le fait que chaque individu puisse travailler en tant qu'indépendant pour le compte d'une entreprise grâce aux nouvelles technologies - bouleverse les modèles traditionnels. Ce phénomène trouve son appellation avec la société Uber qui propose un service de transport pour lequel chaque conducteur possédant un véhicule peut devenir un chauffeur Uber, repérable et accessible grâce à une application sur smartphone.

Le besoin en flexibilité des entreprises conduit de plus en plus de startups à s'inspirer du modèle Uber. Ainsi, Deliver.ee permet à tout un chacun de devenir coursier pour n'importe quel type de livraisons en zone urbaine.

Le dernier kilomètre... à pied!

Elle met en relation des commerçants, des particuliers volontaires pour être coursiers indépendants, et les clients finaux. Il en va de même pour Stuart, qui permet aux piétons disposant de l'application sur leur mobile d'assurer des livraisons de proximité entre des commerçants et leurs clients. Dans ces deux cas, les commerçants peuvent désormais proposer à leurs clients un service de livraison à la demande.

Sans ces startups et les applications qu'elles proposent, ce type de services serait une source de coûts trop importante pour que les commerçants puissent développer cette offre en direct.

Europcar, Amazon s'y mettent aussi

De grandes entreprises commencent, elles aussi, à exploiter ce nouveau modèle économique, et certaines d'entre elles, comme Europcar ou Amazon, ont déjà su créer de nouveaux services pour ne pas perdre de parts de marché. Avec son offre OneWay, Europcar propose à la location pour 1 euro des véhicules pour des trajets déterminés. Cela lui permet de réaliser des économies dans l'acheminement de sa flotte d'une agence à une autre en évitant le transport coûteux par camion et en permettant au client final de se rendre dans la ville choisie pour un tarif plus que compétitif.

De même, Amazon teste aux États-Unis depuis septembre 2015 Amazon Flex, qui permet à chaque individu possédant un smartphone et un véhicule de devenir livreur pour l'entreprise durant une plage horaire déterminée. Cette solution permet à Amazon d'assurer son service de livraison premium et d'optimiser ses coûts de livraison pour les derniers kilomètres.

Maillage toujours plus fin et délais toujours plus courts

La transformation des réseaux de distribution pour optimiser la logistique du dernier kilomètre représente un enjeu stratégique pour les entreprises. De plus en plus, et cela sera encore plus vrai dans le futur, la logistique nécessite un maillage toujours plus fin et une forte réactivité dans des délais toujours plus courts, avec la contrainte de la maîtrise des coûts.

Pour continuer de se développer, les acteurs de la supply chain [chaîne d'approvisionnement, Ndlr] devront être de plus en plus flexibles et ne pourront plus uniquement s'appuyer sur leurs propres flottes. Assurer, par exemple, une livraison isolée dans un délai extrêmement réduit serait trop coûteux pour que l'entreprise mobilise l'un de ses véhicules. Pourtant, pour optimiser la satisfaction et l'expérience client, elle ne peut plus aujourd'hui se permettre d'attendre d'avoir plusieurs commandes pour une même zone. S'appuyer sur un livreur particulier volontaire peut ainsi être le moyen le plus rentable pour délivrer son service et satisfaire les attentes des clients.

Une supply chain collaborative

À l'échelle globale et locale, l'économie participative devient alors un levier pour permettre au secteur de réussir à s'adapter aux nouveaux besoins. Cette nouvelle forme d'organisation collaborative du travail, rendue possible grâce à l'innovation numérique, nécessite pour chaque partie prenante de disposer d'un smartphone et surtout de l'application qui les reliera toutes les trois. Afin de maîtriser les différentes données et leurs implications pour les différents métiers de l'entreprise - relation client, comptabilité, gestion des stocks, approvisionnement, etc. -, celle-ci doit mettre à disposition de ses futurs logisticiens et clients une application métier fonctionnelle assurant la géolocalisation, la communication liée aux livraisons à effectuer, le suivi et tracking en temps réel, tout en s'intégrant également dans son système d'information.

Aujourd'hui, ce type d'applications existe, mais pour un circuit court. Une entreprise peut mettre à la disposition de ses partenaires une solution de Supply Chain intégrée à son système d'information, mais les clients finaux n'ont pas d'accès à cette solution. En revanche, ils sont informés de l'état de leur commande grâce à une plateforme Web ou par SMS et e-mail.

Dans un circuit participatif, cette solution sera une application - module dérivé du système d'information - à télécharger depuis un des Apps Store. Cette application aura bien entendu une interface différente pour le client final et pour le particulier partenaire.

Cette transformation structurelle va sans aucun doute s'étendre à beaucoup d'autres métiers. C'est d'ailleurs déjà, le cas pour la restauration ou l'hôtellerie. Il est donc important que le législateur encadre ces pratiques en trouvant le bon équilibre entre la liberté de créer de la valeur et l'accompagnement des entreprises pour les aider à être plus agiles et s'adapter à l'émergence de nouveaux modèles économiques.

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Commentaire 1
à écrit le 04/08/2016 à 14:31
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Une idée : Au lieu de faire appel à des journalistes ou des experts, la Tribune ( ou tout autre journal ) en appelle à quiconque est disponible pour rédiger un article sur un sujet demandé... On aurait peut être des points de vue plus originaux ...

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