Aéroport Notre Dame des Landes : après le "oui", la balle est dans le camp du gouvernement

Appelés à se prononcer sur le transfert de l'aéroport Nantes Atlantique sur le site de Notre Dames des Landes, les habitants de Loire-Atlantique ont donné un avis favorable (55,17%) à la construction d'une nouvelle plateforme aéroportuaire au Nord du département.
Forts de leur victoire, les partisans du transfert n'attendent plus qu'une chose, que le Président de la République et Manuel Valls tiennent leurs engagements; à savoir le lancement des travaux préparatoires et la construction du nouvel aéroport dès l'automne prochain.

"Etes vous favorable au projet de transfert de l'aéroport Nantes Atlantique sur la commune de Notre Dame des Landes?" C'était la question à laquelle devait répondre les 967.500 électeurs de Loire-Atlantique dimanche 26 juin, suite à la consultation lancée par le président de la République.

Il s'agissait d'éclaircir les positions sur un sujet vieux de cinquante ans émaillé de multiples débats, d'oppositions, de polémiques, de manifestations, de heurts, de recours en justice, d'arguments économiques et écologiques... et de clivages, à l'image du scrutin.

Un habitant sur deux s'est déplacé

En effet, avec un taux de participation de 51,08%, supérieur à celui élections départementales, un habitant sur deux du département s'est déplacé...

En revanche, le résultat a été plus clair: 55,17 % en faveur du transfert contre 44,83% pour le maintien de l'aéroport actuel. Sur les 212 communes consultées, seules 23 se sont déclarées opposées au projet de transfert.

Parmi elles, Notre-Dame des Landes, commune située à une trentaine de kilomètres au Nord de Nantes, où le non, avec un taux de participation de 75%, arrive en tête à 73,5%.

A Bouguenais, commune de l'actuel Aéroport Nantes Atlantique, la participation n'a pas dépassé 53%. Les partisans du "oui" (50, 65%) coiffent d'une courte tête les partisans du non (49,35%). La ville de Saint-Nazaire, qui verrait se rapprocher l'aéroport en cas de transfert, et réduirait ses temps de parcours en profitant de la zone de chalandise du futur Aéroport du Grand Ouest, a elle voté "oui" à 53.3%. Les différentes lectures du scrutin devraient donc encore alimenter les débats, d'autant qu'à Nantes, l'incertitude a plané jusque tard dans la nuit. A la fin du dépouillement, seules 100 voix séparaient les deux camps;  41.906 habitants ont voté "oui" contre 41.806 pour le "non".

De 4 à 9 millions de passagers

Lancé dans les années 1960, le projet d'aéroport, aujourd'hui, piloté par Vinci, vise à accompagner le développement du trafic aérien, éviter les nuisances et les risques liés au survol de l'agglomération nantaise, à éloigner les avions du lac de Grandlieu, plus grand lac de France classé en zone Natura 2000, et dopé la croissance du grand Ouest, qui souffre notamment de carences dans son développement international liées à sa situation excentrée en Europe.

L'investissement s'élève à 560 millions d'euros - hors infrastructure routière et ferroviaire -, dont un tiers du financement serait supporté par l'Etat (130 millions d'euros) et les collectivités de Bretagne et des Pays de la Loire (115 millions d'euros). D'où le périmètre départemental de la consultation dénoncé par les détracteurs du projet. La construction et l'aménagement du site pourraient durer quatre ans. Depuis le début des années 1990, le trafic passager n'a cessé d'augmenter. De 1,2 million en 1995, il a grimpé à 4,3 millions de passagers en 2015. En croissance de +5,7% par rapport à 2014. D'où une certaine saturation. Argument âprement disputé par les opposants qui, à l'heure de la transition écologique, préfère une rénovation et une optimisation du site actuel. Pour les défenseurs du projet, le site de Notre-Dame des Landes, modulable, pourra être dimensionné, pour accueillir à l'horizon 2065, jusqu'à 9 millions de passagers. L'investissement serait alors le double.

Les "pros" veulent des décisions... rapides

Quoi qu'il en soit, forts de leur victoire, les partisans du transfert n'attendent plus qu'une chose, que le Président de la République et Manuel Valls tiennent leurs engagements; à savoir le lancement des travaux préparatoires et la construction du nouvel aéroport dès l'automne prochain. Et, dans l'intervalle, l'évacuation de la ZAD (Zone à Défendre), occupé par les agriculteurs menacés d'expulsion, des écologistes et plus largement des militants du "non".

"C'est une victoire net du Oui. Le Président de la République a voulu cette consultation. Le gouvernement doit maintenant prendre en compte le résultat. Personnellement, je plaide pour un calendrier assez rapide. On a déjà beaucoup attendu sur ce dossier, il faut maintenant que les choses s'enclenchent", indique la député socialiste, Karine Daniel.

De son côté, le président de la région des Pays de la Loire (LR) Bruno Retailleau s'impatiente. "Nous considérions déjà qu'avec les décisions de justice rendus - 175 recours rejetés-, les scrutins municipaux départementaux,  régionaux, la situation était suffisamment claire. Maintenant, ça suffit, il faut décider et j'appelle le Président de la République à prendre une décision rapidement. C'est à lui qu'appartient le calendrier pour un: évacuer la ZAD, et deux: commencer les travaux. A quoi servirait-il de consulter les habitants de Loire-Atlantique, si l'on ne tenait pas compte de cette consultation?", dit-il, comptant rappeler ses positions et le franc résultat du scrutin à Manuel Valls, lors d'une rencontre ce lundi, matin,  à l'occasion de la  réunion des présidents des régions de France.

"Force doit rester à la loi, et l'on va voir qui sont les vrais démocrates. On nous a donné depuis des années des leçon de démocratie, j'espère que ces donneurs de leçons seront les premiers à appliquer la démocratie", assène-t-il.

"Consultation illégitime" pour les écologistes

Pour les écologistes qui dénoncent, entre autres, le périmètre de la consultation, pas question de se résigner. "Cette consultation est illégitime. Les dés étaient pipés d'avance et tout a été fait pour que le « OUI » gagne.  Cette consultation intervient alors que le rapport de la mission Royal a conclu au surdimensionnement du projet et au déficit d'étude sur l'optimisation de Nantes-Atlantique, et que plusieurs recours sont encore en instance sur le plan national, avec la France toujours menacée d'une procédure en infraction par la Commission européenne. Dans le climat actuel, appeler et procéder à l'évacuation violente de la ZAD, après une consultation illégitime, serait irresponsable", estime Sophie Bringuy, co-présidente du groupe Ecologiste et citoyen du Conseil régional des Pays de la Loire.

De son côté, le mouvement des anti-aéroports, tout en multipliant les chantiers collectifs pour bien plus encore marquer son territoire, n'entend bien évidemment pas lâcher prise. Il dit préparer un "rassemblement estival et massif" les 9 et 10 juillet prochain. La balle est dans le camp du gouvernement.

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Commentaire 1
à écrit le 27/06/2016 à 18:01
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Que de temps perdu et donc d'argent gaspillé. L'indécision à la tête d'un Etat, d'une entreprise, d'une organisation est la pire des choses qui puisse arriver. Elle fait perdre la confiance des gens, gaspille les ressources et l'argent inutilement, e...

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