A en croire l'Arcep, le régulateur des télécoms, les réseaux de fibre optique de l'Essonne sont aujourd'hui les plus « accidentogènes » de France. Ces infrastructures, rachetées par l'opérateur Altitude à Covage en 2021, ont, selon plusieurs observateurs, été mal construites et déployées. Résultat, depuis des années, les habitants du département essuient de nombreuses pannes.
Pour améliorer la situation, tous les opérateurs télécoms ont décidé de se mobiliser. Ce mardi, Altitude, ainsi que les opérateurs commerciaux Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont annoncé, via un communiqué de la Fédération française des télécoms (FFT), qu'ils lançaient une « opération coup de poing ».
Des mesures inédites
Tous s'engagent à « mettre en place des mesures exceptionnelles » afin d'améliorer la qualité de service de plusieurs réseaux de fibre optique : Seine Essonne, Europ'Essone et Sequantic. Il s'agit, d'après le communiqué, « de mesures d'urgence ambitieuses et inédites pour réduire significativement le taux de pannes ».
D'après Romain Bonenfant, le directeur général de la FFT, les opérateurs vont chacun déployer des équipes et travailler conjointement sur le terrain pour effectuer « un diagnostic fin et complet des incidents », afin de « traiter les points chauds ». « L'objectif est de diviser par deux le taux de pannes, aujourd'hui très supérieur à ce qu'on voit dans le reste du pays », poursuit le dirigeant. Dans l'Essonne, celui-ci est, à ce jour, évalué entre 2% et 3,5%, selon les réseaux, par l'Arcep.
Une « opération hors norme »
Cette opération ne résoudra pas tout. Il faudra, en réalité, attendre les remises en état des réseaux par Altitude pour que la situation s'améliore vraiment. En novembre 2022, l'opérateur s'est engagé auprès de l'Arcep à remettre en état ces infrastructures. Mais aux dires de la FFT, ces travaux sont longs, difficiles, et mettront du temps à porter leurs fruits. D'où l'idée de cette « opération hors norme ».
Aux yeux de la FFT, il était important de faire quelque chose sans traîner. « Il faut comprendre que ces problèmes nuisent à l'image de la filière, et entachent la réussite du chantier de déploiement de la fibre », insiste Romain Bonenfant. Dans le département, les pannes provoquent en particulier la colère des élus et des collectivités, qui n'en peuvent plus d'être le réceptacle du mécontentement des abonnés.
La grogne de Paris-Saclay
Il y a près d'un an, l'agglomération de Paris-Saclay n'a pas hésité à poursuivre l'Arcep devant le Conseil d'Etat « pour mettre fin au calvaire de ses habitants » ! « Armoires dégradées, raccordements aléatoires, débranchements sauvages, service après-vente inexistant ou inefficace... Ça suffit », a-t-elle notamment écrit, dans un communiqué au vitriol.
Le cas de l'Essonne est devenu, dans les télécoms, un peu le symbole des problèmes de qualité des réseaux de fibre, qui empoisonnent le secteur depuis des années. Les opérateurs ont multiplié les plans visant à en finir avec les malfaçons. Mais leur impact apparaît, pour le moment, limité.
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