"Value investing" (2/16) : le dividende n'est pas tout

[ Série d'été ] Tout au long de cet été, les experts de l'Investisseur Français proposent une série en plusieurs volets pour comprendre ce qu'est l'"investing value". Aujourd'hui, les différences de "l'investissement dans la valeur" avec les autres approches d'investissement.

Nous le disions dans notre précédent article, le value investing - l'investissement dans la valeur en français - consiste à acheter un actif mobilier (par exemple une action) ou immobilier (par exemple un appartement) à une fraction de sa valeur intrinsèque.

En somme, à investir comme (idéalement) on aimerait faire son shopping : durant les soldes.

Une telle stratégie de gestion commande d'exiger une importante et confortable marge de sécurité entre le prix de l'actif (ce qu'on paie pour l'acquérir) et sa valeur intrinsèque (qu'on ne pourra jamais définir au centime près, mais dont il est parfois possible d'esquisser une estimation fiable).

Mon intelligence est limitée

Mon intelligence est limitée et l'avenir hélas imprévisible, mais si je paie cinquante pour un actif productif qui en vaut raisonnablement le double (par exemple en profitant d'une mauvaise nouvelle, ou d'un marché globalement déprimé), quelque chose de bien pourrait m'arriver.

En plus de m'offrir une intéressante optionalité sur l'avenir, je préviens le risque de perte irréversible du capital : si tout tourne mal et que la valeur de mon actif diminue de moitié (un scénario apocalyptique), elle ne fera après tout que rejoindre mon prix d'acquisition.

Bref, l'objectif est d'obtenir à l'achat un prix si attractif que même une vente médiocre saurait me satisfaire.

Généreux dividendes

Il existe bien sûr quantité d'autres approches de l'investissement en Bourse. Celle qu'adoptent naturellement la majorité des particuliers consiste à privilégier ces actions qui paient les plus généreux dividendes.

Le rendement est faible, mais la méthode rassurante et la gratification (en apparence) immédiate : on perçoit une rente payée à échéance plus ou moins fixe et  susceptible de croître dans le temps - à condition évidemment que l'entreprise augmente ses profits cash (parfois très différents des profits comptables) redistribuables aux actionnaires.

Gardons cependant à l'esprit qu'un dividende n'est jamais qu'un retour de capital à l'actionnaire - on lui retourne ce qui lui appartient déjà. Autrement dit, c'est un choix (ou une concession) du management de ne pas employer les ressources tenues à sa disposition, pour plutôt les rendre à leurs légitimes propriétaires (les actionnaires), soit une opération à rendement nul pour l'entreprise voire, dans certains cas, une amputation potentiellement pénalisante de ses capitaux propres.

Le cas Google

Par exemple, Google ne serait jamais devenu Google si tous les profits avaient été distribués plutôt que réinvestis dans le développement du business...

Au lieu de financer des projets de croissance, on soumet également le capital distribué à une double peine fiscale : taxé une première fois dans l'entreprise, il l'est une seconde fois passé dans la poche de l'actionnaire.

Le jeu en vaut-il bien la chandelle ? C'est (comme d'habitude) au cas par cas : les deux principales variables sont la maturité du business et la compétence du management. Une entreprise qui a épuisé son potentiel de croissance a tout intérêt à retourner un maximum de capital aux actionnaires, plutôt que de le réinvestir pour un rendement anémique ou, pire encore, de bêtement le dilapider dans un projet défaillant.

Les obligations, un instrument de choix

Si vraiment on souhaite investir dans des entreprises pour un rendement fixe et sécurisé, les obligations sont un instrument de choix par rapport aux actions, car prioritaires et (parfois) protégées par un collatéral.

A condition là aussi (car rien n'est jamais gratuit) de soigneusement les sélectionner, c'est-à-dire de choisir parmi les titres décotés sur le pair (la valeur faciale de l'obligation), et les tranches de dettes suffisamment bien couvertes par des actifs de préférence liquides, dont les intérêts sont amplement couverts par les cash-flows de l'entreprise.

Exercice délicat

A long-terme, un portefeuille diversifié d'actions de sociétés en croissance, bien gérées et habituées à payer de généreux dividendes peut produire une performance tout à fait satisfaisante pour son gestionnaire. Mais l'exercice est plus délicat qu'il n'y paraît, et ce dernier ne pourra pas se dispenser d'un réel effort d'analyse.

Plus d'argent a été perdu à la recherche d'un rendement qu'au bout portant d'une arme à feu. En réalité, sélectionner un bon payeur de dividendes revient à sélectionner un bon investissement qui présente (tout simplement) le mérite de payer un dividende.

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Commentaire 1
à écrit le 24/07/2016 à 21:37
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