Sous la crise, le boom des ruptures conventionnelles

320.000 ruptures conventionnelles du contrat de travail ont été signées en 2012. Une étude du ministère du Travail explique les raisons de cet engouement : rapidité de la procédure, possibilité de percevoir des allocations chômage, etc. Et peut-être aussi une façon pour les entreprises de déguiser leurs réductions d'effectifs...
Jean-Christophe Chanut
29% des salariés disent avoir été "contraints" de signuer une rupture conventionnelle

Les ruptures conventionnelles du contrat du contrat de travail ont le vent en poupe. Cette méthode rapide de séparation "à l'amiable" entre un employeur et un salarié est manifestement très appréciée des employeurs... et de certains salariés désireux d'en finir vite. Les données communiquées par la Dares (service statistiques du ministère du Travail) sont éloquentes. En 2012, les ruptures conventionnelles ont représenté 16% des fins de contrats à durée indéterminée (CDI) dans le secteur concurrentiel. Hors salariés protégés, le nombre de ruptures conventionnelles s'est élevé à 320.000 en 2012, en hausse de 11% par rapport à 2011. Et, entre janvier et mai 2013, 130.000 ruptures de ce type ont déjà été enregistrées.

Le succès de cette formule de séparation, née d'un accord national interprofessionnel de janvier 2008 et repris par une loi de juin de la même année, ne se dément donc pas. Il faut dire que ce mode de séparation express - tout peut être réglé en à peine plus d'un mois - permet à l'ex salarié de partir avec une indemnité et de percevoir une allocation chômage. Quant à l'employeur, il évite ainsi (en principe) un possible recours devant le conseil de prud'hommes. La Dares a cherché à mieux comprendre les motifs qui poussent les salariés à signer de telles conventions. Le service du ministère du Travail a donc réalisé au printemps 2012 une enquête auprès de 4.500 salariés ayant réalisé une rupture conventionnelle.

Une stratégie pour éviter un plan social ?

Sans surprise, il en ressort que les cadres et professions intermédiaires représentent 35% de ces cas de rupture. En outre, élément intéressant, 62% ayant signé une convention se trouvaient dans un établissement dont le niveau d'activité se maintenait. Certes, mais la Dares constate cependant qu'une rupture conventionnelle est rarement isolée. Selon les salariés interrogés, une ou plusieurs démissions seraient intervenues dans les deux mois ayant précédé ou suivi la rupture conventionnelle, dans 44% des cas et une ou plusieurs autres ruptures conventionnelles dans 39% des cas. Cela signifie t-il que ce type de convention est utilisé pour échapper à une obligation de plan social en cas de départs collectifs ?

29% des salariés disent avoir été "contraints"

Dans 48% des cas, les salariés déclarent que le choix de rompre le contrat provient d'un accord commun entre le salarié et son employeur, dans 38% des cas, plutôt de leur initiative et dans 14% des cas plutôt celle de l'employeur. Malgré cela, lorsqu'on demande aux salariés si "en définitive, ils diraient qu'ils ont été contraints par leur employeur à quitter l'établissement", seuls 29% répondent par l'affirmative. Reste à savoir ce que l'on entend par "contraint ". Certaines "contraintes" étant assez subtiles.

D'ailleurs, l'enquête proposait aux salariés une liste de circonstances pouvant expliquer la rupture du contrat. La très grande majorité d'entre eux (huit sur dix) ont cité plusieurs motifs. Ainsi, une mésentente avec la hiérarchie explique la rupture dans 46% des cas ; des insatisfactions liées aux caractéristiques de l'emploi (65%) ; l'existence d'un projet personnel ou professionnel (37%) ; un changement de méthode de management (31%).

En tout état de cause, bénéficier des allocations chômage (69%) et éviter un conflit (58%) sont les raisons les plus fréquemment citées qui amènent les salariés à privilégier la rupture conventionnelle plutôt qu'un autre mode de rupture. La facilité de la démarche et le fait d'éviter les contentieux sont aussi des paramètres souvent mis en avant dans le choix du mode de rupture par l'employeur.

Seuls 24% des salariés ont perçu une indemnité supérieure au minimum légal

S'agissant du montant de l'indemnité perçue (celle-ci doit légalement être au moins égale à l'indemnité conventionnelle touchée en cas de licenciement), quelques résultats surprennent. Ainsi, 10% des salariés déclarent n'avoir perçu aucune indemnité de rupture conventionnelle. Ce qui est illégal, parait étrange, voire s'avère contradictoire avec la signature de ce type de convention de départ. Ils sont aussi 3% à déclarer avoir reçu une indemnité inférieure au montant minimum légal. En revanche, 24% auraient touché une indemnité supérieure au montant légal et 50% une indemnité égale à ce minimum. Le fait que seulement un petit quart des salariés aient perçu une indemnité supérieure au minimum légal montre que c'est la rapidité et l'aspect simple de la procédure qui l'emporte sur le montant du gain escompté.

Reste l'après. Immédiatement après la rupture, 25% des salariés ont retrouvé un emploi et 60% étaient en recherche d'emploi.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 29
à écrit le 04/10/2013 à 13:50
Signaler
Et les seniors ? En 2012, les ruptures conventionnelles représentent 16 % des fins de CDI pour licenciement, rupture conventionnelle ou démission dans les secteurs concurrentiels. Cette part dépasse 25 % pour les salariés âgés de 58 à 60 ans. Toutef...

le 04/10/2013 à 14:49
Signaler
Le problème c'est que les jeunes ne respectent plus les vieux, comme dans les citées les jeunes détroussent les vieux ... il faudrait simplement que les vieux se remettent à utiliser les boites à gifles et les rafales de coups de pieds aux culs des j...

à écrit le 04/10/2013 à 8:52
Signaler
Serait-il possible d'avoir pour les chiffres 2012, juste les chiffres de Janvier à Mai et les chiffres de Juin à Décembre? Juste histoire de démontrer, encore une fois, combien un gouvernement socialiste détruit d'emplois par sa simple élection!

le 04/10/2013 à 10:52
Signaler
Petite info entre 1995 et 2005 période pendant laquelle la droite et la gauche se sont partagées le pouvoir le secteur privé a perdu 9% d'emplois !!! c'est à dire que les créations d'emplois ont été inférieures aux suppressions .

le 04/10/2013 à 12:13
Signaler
MERCI à "pol" de rappeler que la gauche et la droite ont pactisé ensemble et séparément contre les intérêts de la France depuis 1995 sans discontinuer et ça continue allègrement ...

à écrit le 04/10/2013 à 8:19
Signaler
le licenciement conventionnel est surtout une chasse aux subventions ;rien a voir avec le chomage ,ils ne devraient avoir aucun droit ,

le 04/10/2013 à 10:54
Signaler
Pour qui les subventions ?

le 04/10/2013 à 11:51
Signaler
subventions pour reprise ou création d'entreprises auquels ont droit les chomeurs voir de stages tout ce qui devrait aller aux vrais chomeurs

à écrit le 04/10/2013 à 7:08
Signaler
Il convient de supprimer les ruptures conventionnelles du contrat de travail. En effet, ce dispositif a été créé dans un but purement idéologique au détriment des salariés sous la la pression d'une droite ultra-libérale. Gageons que le gouvernement ...

le 04/10/2013 à 9:35
Signaler
Pas si sûr...voir la réponse de Lyon69 ci-dessous...à mon avis il y a des profiteurs des 2 côtés : un bon employé restera chez un bon employeur et vice versa. Il faut quand même avoir une drôle de mentalité pour agir ainsi ...

le 04/10/2013 à 9:50
Signaler
Tu préfères un salarié qui se suicide ou un chômeur qui retrouve gout à la vie ? Sauf cas particulier, il est presque impossible de lutter contre le système. La solution est de plier ou de fuir. Et je préfère fuir avec une rupture conventionnelle que...

à écrit le 03/10/2013 à 21:15
Signaler
C'est l'envers du decors. On est loin des grands principes ou des debats ideologiques. Cela permet de se souvenir pourquoi le droit social meme si le droit a des limites et qu'il sert a rien de les nier.

à écrit le 03/10/2013 à 21:12
Signaler
Expérience perso : des salariés qui veulent partir n'ont AUCUN intérêt à démissionner : dans ce dernier cas, ils ne recevront ni indemnités ni droit chômage indemnisé !S'ils partent en conventionnel, ils touchent les 2 !! UN salarié qui démissionne e...

le 04/10/2013 à 1:15
Signaler
J'ai eu plusieurs fois la même expérience en tant que patron. Les salariés jeunes demandent systématiquement le licenciement au bout d'un an? Menaces, etc. Je dois en retrouver, les former, etc. et là, encore, le salarié veut une rupture conventionne...

le 04/10/2013 à 3:15
Signaler
Et vous feriez quoi à leur place ? Quelle hypocrisie...

le 04/10/2013 à 6:52
Signaler
Posez-vous des questions : mes salariés restent et j'en suis bien content car j'ai besoin d'eux ...

le 04/10/2013 à 9:43
Signaler
Me poser des questions, je ne fais que ça. Comme beaucoup de patrons, mes nuits sont blanches. On a un travail exigeant et ça ne plaît pas à tout le monde. Mais les jeunes ne souhaitent pas démissionner. La dernière, enceinte, en grossesse pathologiq...

le 04/10/2013 à 9:46
Signaler
J'ajoute surtout que le fond de mon post est de souligner que les ruptures conventionnelles exigées par les salariés sont une réalité importante, quasiment occultée par les media. Les petits patrons des PME y sont confrontés en permanence. Demandez à...

le 04/10/2013 à 10:52
Signaler
Exemple d'un cas où selon je devrais me poser des questions : le mari d'une de mes salariés est muté à Dubaï: pour le suivre, elle demande une rupture conventionnelle...et menace en cas de refus !!?? Où sont mes tords éventuels ? Comme elle me l'A di...

le 04/10/2013 à 12:04
Signaler
Tu préfères garder un salarié qui te plombe ton entreprise, ou verser une indemnité symbolique pour qu'il te foute la paix ? Le salarié n'a que très peut de moyens de pression face au pouvoir suprême de l'employeur : c'est à cause de l'indigence des ...

le 04/10/2013 à 13:46
Signaler
Les patrons se plaignent que les salariés gagnent trop d'argent au chômage, mais oublis de dire qu'ils touchent plus de 60 milliards d'euros par an en subventions, payées avec nos impôts. Cela dépasse largement le montant total des allocations versée...

le 04/10/2013 à 14:59
Signaler
Sauf que comme vous le dites tous le contrat de tavail est une conventions entre l employeur et son salarie, contrairement au idee recu par exemple en Suisse ou aux USA, avec des droits plus simples et souples que le droit Francais, les salaries et l...

le 04/10/2013 à 16:21
Signaler
"...en gros c est encadre mais negocie a chaque contrat..... Ne serait ce pas mieux?" Non car le préjudice subit par le salarié, ou l'employeur, ne peut être déterminé à l'avance. Il ne faut pas croire qu'un salarié accepte un travail dans la perspec...

à écrit le 03/10/2013 à 20:48
Signaler
Sous la crise, il y a aussi le boom des faux contrats vicieux foireux et des fausses ruptures de périodes d'essai ... c'est ainsi dans le monde des patrons opportunistes et voyous ... margoulins de tous poils...

le 04/10/2013 à 10:57
Signaler
Fausses ruptures de périodes d'essai ??? Une période d'essai est déterminée dans le contrat, et à une durée réglementée...je ne vois pas comment elle pourrait être "fausse" ! Vous êtes dans la période d'essai ou non, et effectivement, si la rupture e...

le 04/10/2013 à 12:18
Signaler
Eh oui les margoulins abusent des périodes d'essai pour dissimuler de faux CDD ... pour capter des éléments propriétés intellectuelles et industrielles ... le temps de récupérer des fichiers en exerçant des pressions ...pendant les périodes d'essais ...

à écrit le 03/10/2013 à 19:54
Signaler
« boum ». Merci.

à écrit le 03/10/2013 à 18:45
Signaler
Coquilles : "tout peut être réglée en à peine plus d'un mois"réglé (sujet 'tout') "Cela signifie t-il que ce type de convention est utilisée pour échapper" utilisé (sujet 'type')

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.