Drôle de 11 novembre 2014. Pour le centenaire de la Grande Guerre, François Hollande a mis un bémol à sa frénésie commémoratrice. En pleine tourmente de l'affaire Fillon-Jouyet, le chef de l'Etat a dû affronter un nouvel affront public : un avion portant la banderole « www.Hollande-démission » a perturbé la cérémonie d'inauguration du mémorial de Notre-Dame-de-Lorette consacré à la seconde guerre mondiale.
Le président de la République n'a pas prononcé un mot sur l'affaire qui fragilise son ami et secrétaire général de l'Elysée depuis les révélations du livre des deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme (Sarkozy s'est tuer »). Concentré sur les cérémonies du 11 Novembre, il a inauguré le site Internet du Grand mémorial permettant de consulter les registres et parcours des soldats de la première Guerre mondiale, reçu les lauréats du concours des « Petits artistes de la mémoire », assisté à la traditionnelle cérémonie militaire à l'Arc de Triomphe et s'est rendu à la nécropole de Notre-Dame de Lorette, dans le Nord-Pas-de-Calais.
Même volonté de réduire la pression de la part du Premier ministre. « Nous sommes dans un jour de commémoration et donc de respect. Il faut s'abstenir de tout commentaire et de toute polémique (...) Aujourd'hui, c'est le rassemblement qui doit s'imposer », a insisté Manuel Valls sur France 2, fustigeant « les débats qui abaissent le niveau politique » et « n'intéressent pas nos compatriotes ». Alors que la séance des questions au gouvernement promet un rude combat mercredi après-midi, le locataire de Matignon a appelé « au respect de la justice, des hommes et des Français ».
Alors qu'à droite, les appels se sont multipliés pour exiger la démission de Jean-Pierre Jouyet, que même le modéré François Bayrou juge « inéluctable », à l'Elysée, on écarte fermement l'éventualité d'un départ du secrétaire général, qui "n'a commis aucune faute". Ami proche de François Hollande depuis l'Ena et le service militaire, Jean-Pierre Jouyet, connu pour ses nombreuses gaffes de communication (il avait annoncé avant Hollande la nomination de Jean-Marc Ayrault en 2012...) s'est mis dans de beaux draps en laissant enregistrer les propos tenus devant les deux journalistes du Monde. Des propos qui raconteraient par le menu le déjeuner qu'il a eu le 24 juin avec François Fillon et un de ses anciens collaborateurs, Antoine Gosset-Grainville. devenu avocat. L'ex Premier ministre aurait selon Jouyet demandé à l'Elysée de « taper vite » et d'accélérer les procédures judiciaires visant Nicolas Sarkozy pour éviter son retour, a raconté Jean-Pierre Jouyet.
Problème, le secrétaire général a d'abord imprudemment démenti ses propos, publiés en préface du livre de Davet et de Lhomme, avant de les confirmer, bien forcé vu l'enregistrement, déclenchant une tempête politique. François Fillon qui envisage de porter plainte pour diffamation contre les deux journalistes du Monde, a accusé Jean-Pierre Jouyet de « mensonge ». Mais, au-delà du cas Jouyet, c'est bien l'avenir politique de François Fillon qui s'est brutalement assombri, devant cette accusation de trahison de son propre camp.
Lors d'un meeting à Caen dans le cadre de sa campagne pour la présidence de l'UMP, Nicolas Sarkozy, se posant en victime, a accusé le pouvoir de "mensonge" et "de donner le sentiment de vouloir instrumentaliser en permanence la justice". "Je ne polémiquerai avec aucun membre de ma famille politique (...) Je ne céderai à aucune provocation (...) J'ai choisi d'ignorer cette marée de boue", a déclaré l'ex-président, qui sort plutôt renforcé de cette séquence, même s'il a encore à affronter une dizaine de procédures judiciaires en cours...