L'euro sous 1,35 dollar, la zone joue "sa survie", l'Irlande sous pression

La zone euro et l'Union européenne toute entière avec elle ne "survivront pas" si les problèmes budgétaires actuels de certains pays ne sont pas résolus, a mis en garde mardi le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy. L'euro replonge sous la barre de 1,35 dollar. Le débat est vif sur un plan d'aide à l'Irlande.
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Les ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe) se retrouvaient ce mardi à Bruxelles sur fond de crise irlandaise. Pour le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy l'heure est particulièrement grave. "Nous devons tous travailler de concert afin de permettre à la zone euro de survivre. Car si la zone euro ne survit pas, l'Union européenne ne survivra pas non plus", a-t-il déclaré mardi devant le European Policy Center, un think tank belge.

La zone euro traverse une grave crise de turbulence. L'Irlande, mais aussi le Portugal, la Grèce ou l'Espagne inquiètent à nouveau les marchés fiannciers. Le sujet sera évidemment au c?ur des discussions des ministres des Finances des seize pays de l'Union monétaire qui se retrouvent ce mardi après-midi à Bruxelles.

L'activation du fonds de sauvetage européen pour l'Irlande est à l'ordre du jour. Mais le gouvernement irlandais s'y refuse toujours. Bank of Tokyo Mitsubishi estime qu'un échec des ministres des finances de la zone euro à mettre en place un plan de sauvetage pour l'Irlande provoquerait de nouvelles turbulences sur les marchés financiers, notamment une nouvelle baisse de la devise européenne.

"La stabilité de l'euro reflète l'optimisme grandissant que la réunion s'achèvera sur l'annonce d'un plan de sauvetage pour l'Irlande", estime toutefois la banque japonaise.

Des discussions sont en cours sur la situation de l'Irlande entre la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) en vue de "résoudre les graves problèmes" des banques irlandaises, a indiqué mardi le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, en tablant sur un soutien des gouvernements de la zone euro.

Dublin se refuse à demander l'appui du fonds de soutien européen alors que le Wall Street Journal évoque un plan d'aide de 80 à 100 milliards d'euros à la demande des pays européens. Le Premier Ministre irlandais, Brian Cowen, s'est adressé mardi soir à son parlement, une annonce sur un sauvetage européen des comptes publics irlandais étant attendu. Cette annonce d'une intervention avait fait plonger les marchés financiers mardi après-midi, le CAC reculant d'environ 2,5 %.

L'ancien "Tigre celtique" est sous forte pression de ses partenaires européens pour accepter d'être aidé financièrement, comme la Grèce au printemps dernier, afin de venir à bout de son déficit budgétaire abyssal qui devrait atteindre 32 % de son produit intérieur brut (PIB) cette année, alors que les règles de la zone euro prévoit 3 % de déficit au maximum.

Au même moment se réunissent mardi soir à Bruxelles les ministres des Finances de la zone euro au sein de l'Eurogroupe et justement au sujet du cas irlandais.

A Dublin, Brian Cowen a continué cependant à jouer sur le fil. Malgré la très forte pression de l'Union Européenne, il refusait ce mardi de faire appel au fonds de secours pour calmer les marchés obligataires. Après une journée de spéculation, Brian Cowen, le premier ministre irlandais, a fait une déclaration au parlement, toute en ambiguïté.

« L'Irlande n'a pas demandé d'aide extérieure », avant d'ajouter : « c'est dans notre intérêt à tous de trouver une solution crédible, efficace et réalisable, qui rassurera les marchés et restaurera la confiance et la stabilité. »


Brian Cowen ajoute légèrement à l'ouverture envers l'Europe avec cette phrase : « en travaillant avec nos partenaires de façon calme et rationnelle, nous pouvons résoudre le problème. », rappellant que Brian Lenihan, son ministre des Finances, est à Bruxelles pour la réunion de l'Eurogroupe de mardi soir et de l'Ecofin de ce mercredi.
Pour expliquer ne pas avoir demandé d'aide jusqu'à présent, le leader irlandais a rappellé une nouvelle fois que le pays n'a pas besoin urgemment de liquidités.

Le gouvernement a suffisamment dans ses caisses pour faire face aux dépenses jusqu'en juin.
Brian Cowen parie sur sa capacité à convaincre les marchés. La semaine prochaine, sans doute mardi, il va présenter un plan budgétaire pour les quatre prochaines années, pour économiser 15 milliards d'euros.


Le problème est que sa déclaration n'apporte rien de nouveau. Or, Brian Cowen semble avoir perdu la confiance des marchés. Cela vient d'abord du fait que Dublin a déjà présenté trois plans d'austérité en deux ans, économisant déjà 15 milliards d'euros. Mais cela n'a pas stabilisé le déficit, le sauvetage des banques coûtant sans cesse plus cher.
Le deuxième problème est politique. Le gouvernement n'a plus qu'une majorité de trois voix et beaucoup estiment que le vote du budget va être très difficile. « On a l'impression que plus personne ne dirige le pays », lance Eamon Gilmore, le leader du parti travailliste (opposition). Avant d'ajouter : « soyez décent et quittez votre poste. »

En raison de cette situation tendue, l'euro est tombé ce mardi sous le seuil de 1,35 dollar pour la première fois depuis près de deux mois, plombé par les incertitudes persistantes sur la santé budgétaire de l'Irlande, qui pourrait être contrainte de demander une aide extérieure pour redresser ses finances.

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