Medvedev admet des dissensions avec Poutine

Le président russe continue de dissimuler ses intentions pour la présidentielle de 2012 et maintient son cap vers la modernisation du pays.
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Dmitri Medvedev a choisi mercredi la future technopole moscovite Skolkovo pour donner la plus longue conférence de presse de son mandat. Devant un parterre de 800 journalistes russes et étrangers, il a répondu pendant 2 heures 20 à des questions dont bon nombre cherchaient à percer ses intentions au sujet des présidentielles de 2012 et la nature de ses relations avec son influent Premier ministre, Vladimir Poutine.

Le président a choisit de conserver le suspense quant à sa candidature, mais a promit de se décider dans "un futur proche", répétant que la décision serait prise de concert avec Vladimir Poutine. Faisant allusion à une possible rivalité des deux hommes au futur scrutin, Dmitri Medvedev a estimé qu'il existait "une concurrence qui aide, mais aussi une concurrence qui mène à l'impasse". Dmitri Medvedev a admis "n'être pas d'accord sur tout" avec son Premier ministre, mais a précisé : "si nous n'étions pas d'accord sur l'essentiel, c'est-à-dire la stratégie, notre partenariat politique se serait rompu et le paysage politique serait aujourd'hui tout autres.

Le politologue Igor Bounine dit avoir "senti" chez Medvedev au cours de la conférence de presse "le désir de rester président, mais en même temps, je ne vois pas de volonté forte d'aller au combat". Selon Konstantin Simonov, également politologue, "l'intrigue se meurt peu à peu, mais je pense depuis le début que Vladimir Poutine va revenir au Kremlin. L'idée principale idée qu'on peut retenir d'aujourd'hui, c'est que Medvedev n'est de toute évidence pas favorable à un conflit avec son Premier ministre".

Dmitri Medvedev est apparu à son aise dans un exercice auquel il n'est pas habitué mais qui est pratiqué chaque année depuis 2000 par son mentor Vladimir Poutine. La conférence de presse était retransmise en direct sur les télévisions et radios d'Etat. Le président n'a certes pas l'aisance de son prédécesseur, et fait preuve de davantage de retenue quand Vladimir Poutine utilise l'occasion pour lâcher des phrases acerbes ou même employer les expressions grossières qui ont fait son style.

Sur le volet des relations internationales, le président est resté très prudent, invitant l'OTAN à davantage de concertation à propos du bouclier antimissile européen. Il s'est dit opposé à une résolution de l'ONU contre la Syrie et a assuré qu'il mènera leur terme les négociations pour un régime sans visa avec l'Europe. Interrogé sur la peine de prison de quatorze ans écopée par l'ancien oligarque Mikhaïl Khodorkovski, il s'est contenté de répondre que la libération de ce dernier "ne représentait aucun danger". Son prédécesseur et probable successeur Vladimir Poutine avait répondu de manière sensiblement différente à une question similaire : "la place d'un voleur est en prison".

Commentaires 2
à écrit le 19/05/2011 à 16:01
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Une relation (mariage ou partenairat commercial) ne dure que tant que les parties ont des intérêts communs. Si tous les 2 briguent le même poste, il y a forcément dissension. Le gros problème pour Medvedev, c'est qu'il n'a pas de parti politique à lu...

à écrit le 19/05/2011 à 15:57
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C'est vrai que la réponse de Poutine doit faire peur à tous nos politiques et que par conséquent, il vaut mieux essayer de le démoniser que de l'appuyer :-)

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